Face à des agressions verbales persistantes à l'encontre des arbitres dans le sport amateur, une jeune pousse albertaine développe une solution à la fois technologique et préventive.

Brassards colorés, messages affichés dans les gradins, caméras corporelles, plusieurs initiatives ont vu le jour, sans toutefois réussir à endiguer le phénomène.

La nouvelle approche de Mic’d Up consiste à équiper les arbitres de micros dissimulés dans les brassards,tandis que des panneaux visibles informent que les échanges peuvent être enregistrés.

Les enregistrements sont, par la suite, traités et analysés à l’aide d’un modèle d’apprentissage automatique, conçu pour détecter certains types de propos-menaces, injures ou remarques potentiellement déplacées. Les segments identifiés sont regroupés dans un rapport transmis aux associations sportives, afin de documenter les incidents et d'appuyer les décisions disciplinaires.

 L’un des grands défis pour les associations, c’est qu’elles ont du mal à faire appliquer leurs propres règlements comme elles l’avaient prévu, parce qu’elles ne disposent pas de preuves concrètes, [...] Bien que souvent, tout se résume à des versions contradictoires. Nous leur apportons une preuve fiable 

Des outils concrets pour mieux encadrer

L'usage de l’intelligence artificielle permet de traiter plusieurs heures d’audio de façon automatisée, une tâche auparavant longue et coûteuse. Mark Lootens précise qu’un tel produit n’aurait pas été envisageable il y a encore trois ans, en raison des limites technologiques et budgétaires.

Pour le PDG et sa cofondatrice, Tamara Jarrett, tous deux anciens arbitres, cette initiative a aussi une dimension humaine. Le climat, parfois tendu sur les terrains, freine de nombreux jeunes arbitres qui abandonnent après quelques expériences.

À 13 ou 14 ans, on peut bien gagner sa vie en arbitrant, témoigne Tamara Jarrett. Mais beaucoup de jeunes choisissent d’arrêter très tôt. Ce n’est pas une question d’argent . ils ne restent tout simplement pas

Mark Lootens ajoute que la majorité des incidents ne sont jamais signalés, car le processus de déclaration manuelle reste contraignant.

Un nouveau système de signalement

Mic’d Up ne vise pas à surveiller systématiquement, précisent les fondateurs, mais à fournir un cadre clair et documenté pour réagir aux situations spécifiques et à fournir un appui aux structures sportives. La simple présence d’un système d’enregistrement peut aussi inciter à plus de retenue.

Soutenue par Platform Calgary, un organisme local qui accompagne les entreprises technologiques émergentes, Elements Athletics travaille déjà avec plusieurs ligues locales. Selon son PDG, le potentiel de cette technologie dépasse largement les frontières provinciales :

Ce genre d’incident ne survient pas qu’en Alberta, affirme-t-il c’est un phénomène mondial auquel beaucoup sont confrontés.

Le système est actuellement utilisé par des associations sportives locales. L’entreprise prévoit d’étendre son offre à d’autres régions à moyen terme.

Avec les informations de Robson Fletcher