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"Pris en tenaille entre la Chine et les États-Unis, son maître, le Japon joue sur la corde raide"

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Christian Kessler, historien et auteur de « Les kamikazés (1944-1945) » (Perrin, 2024), explique, dans une tribune, en quoi la position du Japon, coincé entre les États-Unis et la Chine, s'avère compliquée.

Le Japon se retrouve dans une équation difficile à résoudre. Pris en tenaille entre la Chine, son puissant voisin continental et les États-Unis, son maître, il joue sur la corde raide. Position peu confortable que celle de ne prendre parti pour une des deux puissances qu’en ne se départissant pas de bonnes relations avec l’autre.

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S’en remettre, si ce n’est lui, à la puissance dominante est son credo depuis toujours sauf que là il est écartelé entre les deux. Un grand écart qui lui est difficile de tenir comme il lui est quasi-impossible de choisir un côté contre l’autre.

Face aux États-Unis

Face aux États-Unis, le Japon se situe dans une relation amour-haine. En vérité, il doit tout à son mentor : la possibilité même d’exister d’abord, la démocratie – qu’il interprète certes à sa façon –, aux conservateurs d’avoir pu rester au pouvoir quasi sans discontinuer depuis la fin de la guerre, aux ouvriers d’avoir la possibilité de s’exprimer à travers des syndicats aussi conformistes soient-ils, aux agriculteurs d’avoir enfin leur terre à eux, à sa jeunesse d’avoir eu accès à une nouvelle culture permettant une forme d’émancipation. Et bien sûr, aujourd’hui, à se protéger sous son parapluie nucléaire car alors que la guerre faisait rage autour de lui sur le théâtre asiatique (Corée, Vietnam), il a pu se développer en paix. Mais évidemment, il n’oublie pas que par deux fois, c’est par la force (en 1853 et en 1945) que les États-Unis l’ont contraint à s’ouvrir, à changer complètement, l’ont ainsi aussi humilié, mis sous tutelle.

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Face à la Chine, c’est aussi un sentiment trouble fait d’admiration, de jalousie et de peur. Centre de l’univers dans lequel le Japon s’est peu à peu constitué en nation, en partie face à lui, l'Empire du Milieu lui a en quelque sorte permis de se sentir en sécurité dans un monde centré sur l’hégémon chinois. Il lui doit son écriture, ses traits de pensée confucianiste et bien d’autre chose. Si le Japon a rêvé de mettre sous tutelle l’Asie lors de la Seconde Guerre mondiale, infligeant à la Chine une guerre sans merci, il est obligé, là ou en vérité il a échoué, de reconnaître aujourd’hui la réussite de son puissant voisin qui, en devenant un géant économique, a également accédé au rang de grande puissance capable de tenir la dragée haute à l’Amérique par sa force militaire et son droit de véto aux Nations unies.

Fascination donc, mais aussi crainte que le géant asiatique cherche à se venger des vingt millions de morts que lui a infligées l’armée impériale et dont les comptes sont loin d’être soldés. Crainte d’être de plus en plus recalé dans la hiérarchie tellement fondamentale dans la pensée confucianiste dont il reste imprégné. Crainte aussi des frictions qu’impose la Chine à ses garde-côtes notamment autour des îles Senkaku et auxquels il ne sait en vérité comment répondre tant celles-ci se font au cas par cas sans qu’il lui soit possible de réagir avec un plan précis, avec toujours pour horizon un conflit plus direct. Relation on ne peut plus schizophrénique donc.

Influence de la Chine

C’est ainsi qu’il faut comprendre pourquoi il entend s'opposer à toute tentative américaine de l'intégrer à un bloc économique aligné contre la Chine. Comme de nombreux autres pays, le Japon tente d'obtenir un allègement permanent des droits de douane imposés par le président Donald Trump en répondant aux préoccupations des États-Unis dans les domaines du commerce bilatéral, notamment l'automobile dont les exportations sont absolument cruciales, mais aussi l'agriculture.

Mais par ailleurs, nombre de responsables ne souhaitent pas se laisser entraîner dans les efforts américains visant à maximiser la pression commerciale sur la Chine en limitant ses propres interactions économiques avec Pékin, principal partenaire commercial et source importante de biens et de matières premières. L'industrie manufacturière japonaise a été durement touchée lorsque la Chine a restreint les exportations de terres rares vers le Japon en 2010, dans un contexte de conflit politique. Par la suite, l'industrie et le gouvernement japonais ont déployé des efforts concertés pour diversifier leur approvisionnement, investissant en Australie et ailleurs afin de réduire leur dépendance à l'égard de la Chine.

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Le Japon se méfie de restrictions similaires après que Pékin a ajouté sept terres rares à sa liste de contrôle des exportations, plus tôt ce mois-ci, en réponse aux droits de douane punitifs imposés par Washington. Le Japon avait donc fait savoir à la Chine à plusieurs reprises qu'il n'était pas pleinement aligné sur les États-Unis concernant les exportations de puces électroniques et les restrictions sur les semi-conducteurs.

Alors que le Japon s'efforce de conclure un accord avec les États-Unis, le gouvernement du dirigeant chinois Xi Jinping a mis en garde les Etats contre la conclusion d'accords avec les États-Unis à son détriment. « Nous devons être très prudents concernant les questions de sécurité économique et la chaîne d'approvisionnement impliquant la Chine », a déclaré Taro Kono, député du Parti libéral-démocrate au pouvoir au Japon et ancien ministre des Affaires étrangères, lors d'une interview accordée à BloombergTV en avril 2025.

Plutôt que de ralentir les échanges commerciaux, Tokyo tente d'obtenir de la Chine qu'elle reprenne ses importations de fruits de mer et de bœuf en provenance du Japon. Cela s'est manifesté ces dernières semaines, avec la visite de plusieurs délégations japonaises en Chine pour gérer les relations de Tokyo avec Pékin.

Faire preuve de prudence

Le 23 avril dernier, Tetsuo Saito, chef du parti Komeito – partenaire minoritaire de la coalition au pouvoir – a remis une lettre du Premier ministre japonais Shigeru Ishiba destinée à Xi Jinping au numéro quatre chinois, Wang Huning, lors d'une visite. Par la suite, Tetsuo Saito a déclaré que les deux parties avaient convenu de soutenir le système commercial multilatéral et de pousser l'administration Trump à assouplir les droits de douane. Environ 20 % du commerce total du Japon se fait avec la Chine, soit plus que ses échanges avec les États-Unis. Cependant, les États-Unis ont dépassé la Chine comme destination d'exportation du Japon en 2023, accentuant leur avance l'année dernière.

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Le Japon doit donc faire preuve de la plus extrême prudence dans ses relations sino-américaines, étant entendu qu’il s'appuie fortement sur les États-Unis, son seul allié officiel en matière de sécurité mais qu’en même temps toute demande de Washington à Tokyo de dégrader ses relations économiques avec la Chine pourrait porter un coup majeur au Japon non seulement sur ce plan, mais aussi sur le plan sécuritaire. D’autant que la confiance en la protection américaine d’un Trump isolationniste s’effrite : 70 % de la population japonaise ne fait plus confiance à l’allié militaire américain. Marcher sur un fils donc, un numéro d’équilibriste dans ce ménage à trois particulièrement difficile à tenir.

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