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«Pour être efficace, la diplomatie ne devrait pas être une mise en scène permanente»

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FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que chez Emmanuel Macron et Donald Trump, la diplomatie est prétexte à de grands exercices médiatiques, Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, rappelle que les véritables accomplissements sur la scène internationale ont souvent eu lieu dans la discrétion.

Gaspard Gantzer a été conseiller en communication du président François Hollande. Il est président de Gantzer Agency.


La récente visite médiatisée d’Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz en Ukraine a été saluée comme un geste fort. Mais derrière la mise en scène, que reste-t-il de l’efficacité diplomatique ? Cette «diplomatie du happening», faite de poignées de main et de flashes crépitants, ne semble parfois qu’un théâtre d’ombres, où la communication prime sur la substance. La question se pose : la diplomatie starisée est-elle productive, ou au contraire contre-productive ? Ne faudrait-il pas, à l’ère de la transparence absolue, réhabiliter l’art du secret ?

Dans Le Prince, Machiavel soulignait l’importance selon lui de la dissimulation et de la stratégie dans les affaires d’État. «Celui qui veut tromper trouvera toujours quelqu’un qui se laissera tromper», écrivait-il, affirmant que la politique n’est pas l’art de la sincérité, mais celui de l’efficacité. Si cette conviction est à nuancer - la communication en politique, à l’ère des médias de masse et des réseaux sociaux, appelant à davantage d’authenticité et de transparence -, ses enseignements n’en demeurent pas moins à prendre en compte. Aujourd’hui, la diplomatie semble avoir troqué les coulisses du jeu mondial pour l’exposition médiatique. Pourtant, la surexposition témoigne souvent d’un manque d’impact sur le fond. Comme si, faute d’obtenir des résultats, il fallait au moins donner l’illusion d’agir.

Celui qui a pris Ricœur pour maître à penser connaît très bien les codes du discours, de la conviction, avance une vision claire et la porte dans un timing assurément maîtrisé. L’année du concours d’entrée de l’ENA d’Emmanuel Macron, le triptyque «pouvoir, secret, transparence» constituait le sujet d’une des épreuves. Mais la balance penche désormais du côté de la transparence, parfois jusqu’à l’excès. «Choose Europe for Science » le 5 mai 2025, au cœur de la prestigieuse Sorbonne, le déplacement en train avec Friedrich Merz et Keir Starmer «pour faire avancer la paix» - toujours plus crédible que les points presse improvisés dans l’avion de Donald Trump -, le grand raout international lors de la réouverture de Notre Dame : le président de la République saisit et provoque des occasions régulières de s’affirmer comme un leader de portée internationale. Pourtant, l’histoire nous apprend que l’orchestration publique d’une hyperdiplomatie n’atteint pas toujours ses objectifs.

La diplomatie du happening, celle des sommets surmédiatisés, produit souvent des effets d’annonce sans lendemain

L’exemple de la COP21 est éclairant. Après l’échec retentissant de Copenhague, Laurent Fabius et François Hollande ont choisi la discrétion : les chefs d’État sont venus le premier jour, ont prononcé leurs discours, puis ont laissé les diplomates travailler dans l’ombre. C’est ainsi, loin des caméras, que Laurence Tubiana et les autres diplomates présents ont pu tisser patiemment les compromis nécessaires à l’accord historique de Paris. Ici, le secret a été la clé du succès. À l’inverse, la diplomatie du happening, celle des sommets surmédiatisés, produit souvent des effets d’annonce sans lendemain. Si nous ne sommes pas encore au niveau du scénario de Wag the Dog (Des hommes d’influence, en français) où une opération diplomatique fictive est fomentée pour obérer un scandale présidentiel, la mise en scène prend le pas sur l’action. Mais la diplomatie n’est pas un spectacle : elle exige patience, discrétion, et parfois, l’art de se taire. Pour reprendre Nietzsche, «ce qui importe, ce n’est pas la vérité, mais la force de la vérité.» La force de la diplomatie réside peut-être dans sa capacité à agir loin des projecteurs.

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En définitive, il ne s’agit pas de prôner l’opacité contre la transparence, mais de rappeler que le secret, loin d’être un vestige du passé, demeure un outil essentiel de l’action diplomatique. À l’heure où la communication tend à se substituer à la négociation, il est urgent de réhabiliter l’art subtil du secret, sans lequel la diplomatie risque de se réduire à un simple exercice de prestidigitation.

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