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«Point»: Stéphane Archambault, entre point final et point de départ

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Mesure du temps qui passe. Point fort et ligne claire. En chemin vers l’ordi qui relie Lacolle et Gatineau pour l’entrevue, un dessin accroche l’œil. Impossible de ne pas se revoir, journaliste caricaturé de côté, en train de converser avec Stéphane Archambault et le groupe Mes Aïeux, tous croqués de côté. À l’égyptienne, presque. « Ah oui, je me rappelle très bien le magnifique dessin de Michel ! » s’exclame l’Archambault en question, à la mention spontanée de cette illustration à largeur de page que le bédéiste Michel Rabagliati avait signée en exclusivité pour Le Devoir. C’était en 2008, au moment de La ligne orange, quatrième album de Mes Aïeux : Rabagliati avait tout fait, la pochette, le livret, les affiches. « Quel maître, Michel Rabagliati ! C’était pas rien de se faire bonhommiser par lui, quelle chance d’avoir encore l’original… »

Légère pointe de mélancolie dans le ton. Le dessin de 2008 et l’image en direct de mai 2025 se sont télescopés. Ça fait drôle pour se parler de Point, premier disque de Stéphane Archambault à sa propre enseigne, qui paraît vendredi. Ça ponctue doublement, comme des punaises aux extrémités d’une carte géographique. Le fait est que tout cet album trace par étapes le chemin parcouru depuis la fin de Mes Aïeux et jusqu’à cette suite en solo. Dans Complainte entre deux âges, la chanson qui lance l’album, a cappella telle une toune trad, Archambault s’adresse à son passé, sa jeunesse perdue, d’un ton qui tangue entre colère et tristesse : « Je l’ai bien vu dans le miroir / ce bonhomme pris entre deux âges / Mais j’ai toujours grand peine à croire / Qu’il puisse s’agir de mon image ». On ne peut pas toute sa vie être un personnage de Rabagliati.

Chapitres d’autobiographie en chansons

Ce que l’album nous dit, presque à la manière d’une autobiographie mise en chansons comme s’il s’agissait d’autant de chapitres, c’est qu’on ne peut pas non plus être en représentation tout le temps. La vie a lieu. Archambault est à Gatineau parce qu’en tournée dans sa vie de comédien, parce qu’il joue dans le spectacle théâtral La shop, excroissance des monologues d’Yvon Deschamps. « J’ai l’avantage d’avoir plusieurs chapeaux. On n’est pas tout le temps en train de me demander quand je vais revenir avec Mes Aïeux. » Du temps s’est écoulé, mais pas vide. Bon point. « Ça m’a donné le luxe de ne pas être attendu. Comment ça allait être reçu, ce disque où je me révèle beaucoup ? La question ne s’est pas posée. Je l’ai fait parce que c’était… » Points de suspension dûment pointillés, il cherche le bon mot. Et le voilà, ce qualificatif qui surgit comme un point sur un i. « Nécessaire ! J’ai d’abord pensé ne pas le faire, garder tout ça pour moi, mais il fallait que ça me sorte du corps. Que ce soit dit. »

« Pour faire un pied de nez à la mort », chante-t-il à la toute fin de Complainte entre deux âges, pour annoncer la couleur, signifier que tout cet album durant, il va faire le point. « Il y a un exercice d’impudeur là-dedans. Avec Mes Aïeux, je n’ai pas parlé beaucoup de moi. Je faisais partie du monde dont il était question, mais l’objet observé était rarement moi. » La chanson Banlieue dit pourquoi, « dans le fouillis du garage », il ne trouve point ce qu’il cherche : sa vérité. « J’habite en banlieue de moi », chante-t-il en fin de refrain.

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir Stéphane Archambault

« Points tournants »

Quelques chansons plus tard, dont Le pays, qui pourrait être une suite à Dégénérations, il arrive à lui-même. Aux « points tournants » de sa vie, comme le dit nommément la pièce centrale intitulée… Point tournant. Dans Quinze novembre, la chanson d’avant, sa mère « passe sous le bistouri / pour extraire un cancer / qui en veut à sa vie ». Dans Point tournant, il déclare, chantant d’une voix forte : « Je quitte le nid je casse maison ». Rupture de couple. Fin du groupe. Il faut trois chapitres à l’histoire pour y arriver vraiment, jusqu’à une chanson sans autre titre que des points de suspension, qui semblent tapés en temps réel sur le clavier de l’ordi, à la suite d’un texto en valse-hésitation, finalement envoyé et « lu », avec réponse fatidique en points de suspension qui « disparaissent pour de bon ».

Et ça ne sonne plus du tout comme Mes Aïeux. La manière parlée-chantée du chanteur folk-trad se rapproche d’une narration purement chantée, comme du Michel Rivard. Et dans la première chanson de l’après-rupture, la fort belle Solo soleil, Stéphane Archambault sert la mélodie comme jamais auparavant, comme si, dans la chambre de sa situation « solo / Je suis so lonely », les chants d’oiseaux et les rayons de soleil ont pénétré par des interstices. Littéralement. « C’est arrivé comme ça. C’est toujours très noir, dans ma chambre, c’est une habitude qui vient des tournées, pour pouvoir dormir le matin. Mais là, chez moi, ce n’était pas étanche. Dans les deux sens. La lumière passait, les pépiements passaient. Et ma voix s’est libérée. »

Les alliés du renouveau

La nouvelle chambre d’écho était installée, il faut le dire. Joe Grass, guitariste inventif, a arrangé les chansons comme on ouvre des fenêtres panoramiques. Et le fabuleux batteur-percussionniste Robbie Kuster a joué comme on joue dehors. Notamment, c’est précisé parmi les instruments de la chanson Nous, il est à la batterie et « aux feuilles mortes ». Deux génies de la géniale équipe de Patrick Watson, avec d’autres collaborateurs et choristes. « Il y a de plus en plus d’instruments à mesure qu’on avance dans le disque. Une fois libre, tout devient possible. Avec un trésor national comme Joe Grass, le champ des possibles était encore plus vaste que je l’imaginais. »

La dernière chanson, finale bien nommée de l’album, revient au chant a cappella du commencement. Mais pas trad. On est en pleine chanson moderne, avec instrumentation fantôme. Beau symbole. « C’est de l’a cappella rempli de ce qui a précédé. » Le point de départ du Stéphane Archambault de la suite du monde. Pas encore dessiné. À peine esquissé.

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