Laissez-moi vous parler d’une cité de corsaires et d’aventuriers, de l’estuaire convoité du Bouregreg qui sépare Rabat de sa sœur jumelle Salé. D’une république pirate, née au cœur d’un royaume millénaire. Écoutez la légende d’al-Mansour qui vainquit l’armée la plus puissante d’Europe. Imaginez des jardins, des cigognes et le plus vaste théâtre d’Afrique. À celui qui ne connaît pas Rabat, je dirais : prends la mer et écoute le vent. Rabat est un poème océan, et chacune de ses vagues raconte l’histoire de son pays. « Salé la blanche et Rabat la rouge s’épient sévèrement de chaque côté de la barre écumeuse de Bou-Regreg, chacune entourée de remparts, surmontée de toits en terrasse et de minarets. » En 1917, la romancière Edith Wharton découvre le Maroc pour la première fois. Elle est invitée par Lyautey, résident général de la République française. Rabat n’est capitale que depuis 1912. D’un côté la ville européenne, prospère et ensommeillée, de l’autre la trépidante médina, dont…