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Les îles de la Madeleine n’attirent pas que des touristes. L’archipel sert aussi de lieu de tournage pour des films et des séries.
Le studio américain Disney va y réaliser des scènes cet été et la maison québécoise Zone3 va y tourner des émissions du concours d’aventure Épique (Télé-Québec). À la fin du mois, une nouvelle saison de Temps de chien (Radio-Canada) y prendra vie. En ce moment même, les équipes s’activent pour une deuxième saison de la série policière Détective Surprenant.
Cette région du Québec n’aurait-elle donc pas de quoi se plaindre concernant son attractivité audiovisuelle ? Oui et non.
Oui, bien sûr, avec ces quatre très beaux exemples, les îles de l’estuaire tirent bien mieux leur épingle du jeu des productions pour les écrans que bien d’autres coins du Québec.
Une association représentant le milieu du cinéma professionnel hors Montréal demande d’ailleurs au ministère de la Culture et des Communications de mieux équilibrer la répartition géographique du financement cinématographique et télévisuel au Québec. La requête est formulée dans une lettre au ministre Mathieu Lacombe reproduite dans Le Devoir.
Les données citées par la Table de concertation interrégionale en cinéma (TaCIC) établissent que les « régions » représentent 95 % du territoire, concentrent plus de la moitié de la population, tout en ne recevant bon an mal an que de 10 % à 20 % du financement des films et des émissions de télé.
La part du lion revient à la grande région de Montréal. Cette disparité reproduit celle observée dans tout le financement de la culture.
En même temps, tout ne va pas pour le mieux non plus dans l’audiovisuel madelinot. Un exemple : seules les scènes extérieures de la nouvelle saison de Détective Surprenant seront réalisées sur place ce mois-ci.
« Le compromis, ça a été de tourner là-bas tout ce qui représente les Îles et, pour le reste, de réaliser les intérieurs à Montréal », explique Caroline Gaudette, présidente et productrice de Version 10, qui pilote sa première production en région avec cette série.
Kloé Jiangzhu Arseneau, facilitatrice de tournage dans l’archipel avec sa compagnie KJ Productions, ajoute recevoir « plein d’appels » de producteurs qui veulent tourner dans les Îles, mais qui ne peuvent plus le faire quand ils doivent réduire leurs budgets. « On a l’air chanceux d’avoir ces productions, mais on pourrait en faire beaucoup plus, dit-elle. On fait des merveilles avec peu d’argent. Alors, imaginez ce qu’on pourrait faire si on avait les budgets dont on a besoin. »
Le choix régional a un coût. Il faut déplacer les équipes, payer leur logement, payer des per diem, composer avec une météo capricieuse. « Mais je trouve que ça rajoute beaucoup d’avoir des séries produites en région, dit Mme Gaudette. Dans notre cas, ça sert beaucoup l’histoire d’avoir des insulaires isolés géographiquement, ça nourrit la narration. »
Montréalocentrisme
Le montréalocentrisme des médias et des créations culturelles n’est plus à prouver. De Faits divers (série policière loufoque campée dans les Laurentides) à Temps de chien, les rares productions régionales montrent tout l’intérêt qu’il y a à sortir du même horizon urbain bouché.
« La SODEC est sensible aux demandes des entrepreneurs culturels établis en région à l’égard de l’accès à ses programmes de soutien », écrit au Devoir Johanne Morissette, directrice des communications de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), qui soutient l’audiovisuel au Québec. Elle cite les programmes et les initiatives encourageant les projets régionaux, comme Paralœil, qui organise à Rimouski du mentorat pour les jeunes documentaristes.
« La SODEC maintient un dialogue constant avec les entrepreneurs culturels des régions afin de mieux faire connaître ses interventions et de les adapter, au besoin. Nous avons eu plusieurs bons échanges avec des membres de la TaCIC dans les dernières semaines. »
Nicolas Paquet, directeur général de la Table, rejoint à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, ne veut pas parler d’injustice. « Mais on voit bien que, bon an mal an, le financement du cinéma est concentré dans la région de Montréal », dit-il tout de même. Documentariste, il a notamment signé La règle d’or (2011), sur la transformation de la ville de Malartic par un projet minier.
« Il y a des histoires à raconter partout sur le territoire. Il y a des gens qui veulent voir leur réalité à l’écran. Il y a des jeunes qui ont besoin de modèles pour se dire que c’est possible de créer du cinéma en dehors de la métropole. »
La TaCIC existe depuis sept ans pour rapprocher les créateurs éparpillés sur le territoire. Elle compte une centaine de membres, scénaristes, réalisateurs, producteurs, tous installés à plus de 80 km de Montréal.
« La réalité, c’est que c’est difficile partout en ce moment, dit Mme Gaudette, productrice montréalaise. Les gens des régions ont probablement l’impression qu’il n’y a pas suffisamment de financement pour tourner chez eux. Je pense qu’en fait, le problème du financement est généralisé dans notre industrie. »
Le Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel au Québec doit terminer ses travaux fin juin. Le rapport attendu doit recommander au gouvernement québécois des solutions et un plan d’action pour adapter la production et la diffusion de films et d’émissions de télévision dans le contexte de la révolution numérique, de la défection du public et de la crise du financement.
Des chiffres
La SODEC a compté 5 projets régionaux (6 %) parmi les 88 propositions de longs métrages reçues en 2024-2025. Aucun ne figure parmi les 18 retenus. Par contre, en 2025-2026, la Société a reçu 2 projets régionaux sur 84 dossiers et a retenu la paire. Pour les courts métrages, il y a eu 12 propositions sur 111 analysées (12 %) en 2024-2025 et 3 projets dits régionaux figurent parmi les 15 retenus (20 %). Du côté des documentaires, il y avait 13 projets régionaux soumis sur un total de 63 (21 %) et 5 productions régionales comptent parmi les 19 projets soutenus (26 %).
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