La 5^e Conférence des ministres de la Culture de la Francophonie se déroule à Québec du 22 au 24 mai. Sous l’égide de l’Organisation internationale de la Francophonie, cette conférence donne suite au XIX^e Sommet de la Francophonie, au cours duquel les États et les gouvernements ont reconnu « l’urgence d’agir dans l’environnement numérique » et appelé « à mettre en œuvre des solutions, en faveur de l’accessibilité, de la diversité linguistique et de la découvrabilité des contenus culturels ».

Nous saluons ce nécessaire effort de concertation des ministres de la Culture et souhaitons y offrir ces quelques perspectives à titre citoyen.

Qu’entend-on par découvrabilité numérique ? La découvrabilité d’une information ou d’un contenu dans l’environnement numérique fait référence à sa capacité d’être repéré parmi une foule d’autres informations et contenus, notamment par une personne qui n’en faisait pas précisément la recherche. Imaginez, par exemple, la dernière fois où vous avez utilisé une plateforme de contenu musical ou audiovisuel : le contenu francophone vous a-t-il été recommandé d’emblée, avez-vous dû le rechercher ou a-t-il été complètement occulté par l’offre foisonnante de contenus en anglais ?

Le niveau de découvrabilité numérique d’un contenu dépend d’un grand nombre de facteurs. Il dépend d’abord de la disponibilité d’informations identifiant et décrivant ce contenu, de sorte que la machine — algorithme de recommandation ou agent conversationnel — qui indexe et analyse les contenus soit elle-même en mesure de repérer ce contenu et de le caractériser. Quel est le titre de ce contenu ? Son sujet ? La ou les langues dans lesquelles il est disponible ? Quelles personnes l’ont créé ?

Chaque information répondant à l’une de ces questions constitue une « métadonnée descriptive ». Les métadonnées descriptives vont de pair avec les identifiants pérennes : ISBN, ISNI, identifiant Wikidata et autres identifiants navigables dans la Toile des données. Ensemble, les identifiants pérennes et les métadonnées descriptives permettent aux machines de reconnaître sans ambiguïté une œuvre originale et les personnes qui l’ont créée, puis d’accéder aux autres œuvres auxquelles ces personnes ont contribué.

Étant donné le caractère fondamental des identifiants pérennes et des métadonnées descriptives dans la découvrabilité numérique des contenus culturels, nous exhortons les ministres de la Culture de la Francophonie à mettre en œuvre des politiques culturelles qui, plus qu’encourager, exigent des intervenants du secteur culturel qu’ils rendent accessibles sous licence ouverte les métadonnées descriptives dont ils disposent.

À l’heure où la consommation culturelle est de plus en plus interfacée par l’intelligence artificielle (IA), et quand on sait que la performance de l’IA dépend de la disponibilité de grandes quantités de données, il faut cesser de cloisonner les métadonnées descriptives dans des plateformes fermées. Ainsi isolées, ces données ne peuvent circuler dans l’écosystème numérique, ce qui prive le Québec de la capacité de constituer une présence significative et repérable de son offre culturelle et de ses artistes dans un environnement régi par les logiques algorithmiques. Il ne s’agit pas ici d’ouvrir l’accès aux contenus eux-mêmes, mais bien de mutualiser l’actif informationnel qui les identifie, les décrit, et les rend ainsi « découvrables ».

Nous formulons donc le souhait que les énoncés, stratégies et politiques qui résulteront de la Conférence des ministres mettent l’accent sur l’ouverture des données et, plus largement, sur les principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable), afin que les métadonnées décrivant les contenus culturels soient, justement, faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables.

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