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Vice-président de la commission des lois à l’Assemblée, Philippe Gosselin est l’invité de l’Atelier Politique. Le député Les Républicains de la Manche appelle à restaurer l’autorité sans céder à la tentation de la surenchère. Il plaide pour une droite républicaine de conviction, « violemment modérée ». Il répond aux questions de Frédéric Rivière.
« Je récuse ce terme de lavage de cerveau. » Philippe Gosselin ne partage pas les mots employés quelques jours plus tôt par le président de la République, qui dénonçait le « brainwashing » provoqué, selon lui, par la répétition des faits divers dans le débat public. Le député LR évoque « une accumulation de faits » et une émotion collective légitime, à la suite du meurtre d’une surveillante de collège dans la Marne.
Il met cependant en garde contre les réflexes d’instrumentalisation. « En disant ça, on va me dire que je cherche à relativiser. Non, non, non. C’est dramatique, ce qui se passe, et c’est très important. » Mais il insiste : « Ces questions de sécurité, d’autorité, sont des questions essentielles, mais ça ne résume pas toute la vie de la Nation. »
Des réponses, mais pas dans l’émotion
Interrogé sur l’idée, défendue par Emmanuel Macron, selon laquelle la France serait prise dans « la tyrannie du fait divers », Philippe Gosselin répond : « Le recul serait nécessaire. Mais quand vous avez des familles qui sont touchées, quand vous avez des morts, des blessés, quand la presse quotidienne régionale s’en fait l’écho, quand l’info en continu s’en fait forcément l’écho, quand les réseaux s’en emparent, on a un recul qui devient très délicat à gérer. » Il plaide pour un équilibre entre la nécessité d’agir et la capacité à penser plus large : « La réponse peut être législative, pénale, mais elle est aussi sociétale. Bien des parents sont démunis, bien des jeunes sont livrés à eux-mêmes. »
Face à cette pression, il plaide pour un rôle modérateur de la parole politique. « C’est à nous aussi, responsables politiques, d’essayer de tempérer un peu. » Et il le répète : « La réponse peut être législative, c’est vrai, pénale, c’est vrai, mais elle est aussi dans une forme d’approche de la société. »
Restaurer l’autorité sans illusion législative
Interrogé sur l’efficacité des mesures envisagées par le gouvernement — portiques à l’entrée des établissements scolaires, interdiction d’achat de couteaux pour les moins de quinze ans —, Gosselin ne cache pas son scepticisme. La loi, selon lui, a ses limites. « Elle est là pour fixer un cadre, pour obliger ou parfois contraindre, pour autoriser aussi dans un certain nombre de cas. Mais la loi ne peut tout faire. » Il invoque une responsabilité collective plus large : « Il y a une révolution des esprits à faire. […] Ça passe aussi par le respect de l’autorité. » Philippe Gosselin déplore les discours politiques qui affaiblissent cette autorité : « Quand vous avez certains partis politiques qui dénigrent à longueur de journée les forces de l’ordre, […] ça ne facilite pas la bonne conduite d’une société. »
Une société de la norme fragmentée
Vice-président de la commission des lois, Philippe Gosselin considère que « le droit est de moins en moins facilement accepté comme la norme qui s’impose. » Il critique le réflexe « légicentré » hérité de la Révolution française : « Dès qu’il y a un problème, on a beau critiquer la loi, on veut une loi. » Résultat : « On fait beaucoup de petits bouts de lois un peu mono-sujet. […] Ce ne sont pas de grands éléments qui confortent les réformes du pays. »
Selon lui, cette crise de la norme alimente une forme de désordre démocratique. « Chacun s’estime un petit peu détenteur de sa part de vérité. Et la norme collective, la norme générale impersonnelle, est contestée. » Il y voit un terrain propice à l’essor des régimes « dits illibéraux », perçus comme « tellement forts aux yeux de certains qu’ils sont peut-être en dérive ».
Une laïcité sans crispation
Le député de la Manche refuse les lectures radicales de la laïcité. « On aurait tort d’effacer le religieux de l’espace public. » Selon lui, la religion n’est pas une menace en soi : « Il y a une tentation de radicalité pour se protéger de l’islamisme et de ce qui en découle, le terrorisme islamique. »
À propos du port du voile dans le sport, il se veut nuancé. « Il y a un moment où la façon de s’habiller relève aussi d’un choix privé et d’un droit privé. […] En revanche, dans un établissement public ou avec des règles sportives, il faut éviter de tomber dans l’ostentatoire. »
Il rejette les excès d’un « intégrisme laïque » : « On peut bouffer du curé si on veut en France, et c’est très bien. Mais on a parfois des recours de certaines associations, complètement hors propos. » Exemple récurrent : « Les crèches de Noël. Aujourd’hui, soyons clairs, c’est un élément culturel plus qu’un élément cultuel. »
Fin de vie : « plein de doutes et d’interrogations »
Opposé à l’aide active à mourir, Philippe Gosselin invoque une réflexion profonde. « Il y a forcément, consciemment ou pas, les deux : le spirituel et le politique. » Mais il précise : « Je suis catholique, je ne m’en suis jamais caché, mais je ne défends pas la position de l’Église. Je suis le fruit d’une géographie, d’une famille, de mes amis, de mes expériences. »
Sur ces sujets, il dit ressentir une grande complexité. « On a une part de doute, et j’ai, même en ayant voté contre, plein de doutes et d’interrogations. » Il salue « un débat assez serein, assez apaisé », révélateur d’une maturité collective. Et conclut : « La vie est quelque chose de singulier. »
Une droite modérée, pas molle
Philippe Gosselin exprime son soutien à Bruno Retailleau : « Il a des convictions, il exprime aussi de l’autorité, il a une vision de la France. […] Je crois qu’il est capable d’être un vrai chef. » Il met en garde contre le piège d’un duel entre extrêmes : « Je ne veux absolument pas que l’on se retrouve avec un choix entre l’extrême gauche et l’extrême droite. »
S’il fallait définir son identité politique, il cite Tocqueville, « enterré dans la Manche », et reprend une formule chère à ce dernier : « Les Manchois sont des gens violemment modérés. Je me retrouve un petit peu dans ce violemment modéré. »