Sainte-Anne-du-Bocage à Caraquet, dans la Péninsule acadienne, un lieu prisé notamment pour sa tranquillité, mais il se retrouve au cœur d’un différend avec le diocèse de Bathurst. Aujourd’hui, le site patrimonial est même menacé de fermeture, ce qui a incité une ancienne bénévole à lancer un cri du cœur à la communauté pour sauver le sanctuaire.

Jeudi matin. Le soleil brille de tous ses feux. Les marcheurs sont nombreux au sanctuaire. Les enfants tiennent des arachides pour nourrir les écureuils et les tamias friands de gourmandises.

La chapelle du sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage à Caraquet.

Photo : Radio-Canada / Réal Fradette

C’est tranquille, la tranquillité puis le bois. J’ai toujours aimé ça, la Sainte-Anne. La paix… la musique, déclare Bella Casey, de Caraquet, venue prendre sa marche quotidienne.

Julie Robert pousse la poussette avec son bébé de huit mois pendant qu’elle tient son petit chien dans ses bras.

J’aime ça parce que tu peux venir nourrir les oiseaux et les écureuils. C’est une belle place pour se détendre aussi. Marcher avec les bébés… c’est relax, enchaîne-t-elle.

Un lieu patrimonial

Sainte-Anne-du-Bocage, c’est l’église, les lampions, le monument, ses sentiers, sa chute d’eau, son cimetière des fondateurs de Caraquet et des milliers de pèlerins à la neuvaine, en juillet.

L’endroit est apprécié des citoyens qui viennent s’y promener afin de profiter d’un moment de quiétude. C’est un lieu patrimonial qui fait partie de la culture et de l’histoire acadienne.

Le monument du sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage est fermé au public.

Photo : Radio-Canada / Réal Fradette

Mais il y a de moins en moins de bénévoles pour s’en occuper, en raison d’un différend avec le diocèse de Bathurst, qui cherche à faire du sanctuaire un lieu essentiellement religieux.

L’endroit est même menacé de fermeture faute d’argent, si l’on se fie aux propos de l’évêque du diocèse de Bathurst, Monseigneur Michel Proulx, prononcés lors de la neuvaine de 2024.

La chute d'eau du sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage à Caraquet.

Photo : Radio-Canada / Réal Fradette

Rita Labrie a longtemps été bénévole dans le comité local qui veillait sur le sanctuaire. Elle a quitté en 2017 par manque d’écoute du diocèse, dit-elle.

De tout cœur, je souhaite que quelqu’un va se lever et reprenne le flambeau, espère-t-elle.

Aujourd’hui, elle se désole de voir ce qu’il advient du site, qui manque d’amour.

Ce printemps, la chapelle a été longtemps fermée au public, tout comme l’escalier menant à la chute. Le monument en pierres est toujours inaccessible, car il a besoin de réparations urgentes et coûteuses.

Une vache à lait pour le diocèse de Bathurst

Parmi les activités de financement au sanctuaire, il y a l’achat des lampions et la tenue de la neuvaine en juillet.

Rita Labrie a été longtemps bénévole au sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage.

Photo : Radio-Canada

C’était une vache à lait pour le diocèse, ce petit sanctuaire-là. Ça rapportait quand même beaucoup, affirme Rita Labrie.

Elle espère que la communauté reprenne en main le sanctuaire.

C’est un lieu historique qu’il faut préserver. Et j’ai espoir dans les Acadiens qui croient encore qu’on doit préserver ce site-là. Je crois encore qu’il y en a beaucoup qui peuvent se lever, souhaite-t-elle.

Un malaise avec le diocèse de Bathurst

Le maire de Caraquet, Bernard Thériault, admet qu’il existe un malaise avec le diocèse de Bathurst.

Il affirme que le sanctuaire est un bien patrimonial qui appartient à la communauté de Caraquet.

Et que d’en faire un site exclusivement religieux au service du diocèse est une erreur que les gens de Caraquet n’acceptent pas, fulmine-t-il.

Radio-Canada a tenté de parler avec des bénévoles qui viennent tout juste de quitter, mais ils ont eu la consigne du diocèse de ne pas s’adresser aux médias.

L’évêque du diocèse de Bathurst, Monseigneur Michel Proulx, n’était pas disponible pour nous accorder une entrevue.

L’avocat du diocèse, Me Alexandre Vienneau, n’a pas voulu commenter.