Les aspirants à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ) ont ciblé jeudi le favori dans la course, l’ex-ministre fédéral Pablo Rodriguez, en le montrant du doigt pour l’approche dépensière et l’empiètement d’Ottawa dans les champs de compétence du Québec.

« Pablo, tu n’as pas beaucoup de crédibilité sur la gestion des fonds publics », a notamment lancé le candidat Karl Blackburn, ex-dirigeant du Conseil du patronat, lors du quatrième débat de la course, organisé à l’Université Laval.

« C’est quoi le rôle du fédéral en santé et en éducation ? », lui a aussi demandé Charles Milliard, auparavant président de Fédération des chambres de commerce du Québec. « La réponse, c’est : rien », a-t-il répondu en coupant la réponse de son adversaire.

Karl Blackburn en a ensuite remis. « Tu as défendu plus souvent les politiques d’Ottawa à Québec que les politiques du Québec à Ottawa. Et la santé, c’est de juridiction québécoise », a-t-il rappelé. M. Rodriguez a paré les attaques en disant s’être « toujours tenu debout pour le Québec ». « Je n’ai pas de leçons à recevoir », a-t-il lancé.

Je n’ai pas de leçons à recevoir

— Pablo Rodriguez

En mêlée de presse, il a refusé de dire si Ottawa devrait augmenter sa part du financement en santé. « On en veut toujours plus, ça c’est clair », a-t-il affirmé, en plaidant l’importance pour le Québec d’aller « chercher la part qui lui revient », c’est-à-dire « le plus qu’on peut aller chercher ». Aller en chercher plus, « c’est ce que je vais faire comme job », a ajouté M. Rodriguez, en disant avoir les contacts et les connaissances nécessaires pour y arriver.

Les attaques à son endroit ont permis d’animer les discussions, jusque-là soporifiques de l’avis du candidat Marc Bélanger, un avocat fiscaliste. « Ça a pris plusieurs débats pour qu’on commence à dégeler », a-t-il observé.

Moins de fonctionnaires, plus de médecins

Le débat de jeudi soir portait sur l’état des services publics. Dans un échange sur la santé, Karl Blackburn et le candidat Bélanger ont dit juger que le Québec ne comptait pas suffisamment de médecins.

« Moi, je ne comprends pas : il y a des étudiants qui se cognent le nez aux facultés de médecins, qui ont 95 % de moyenne et qui se font dire non. Et on embauche des fonctionnaires », a observé M. Bélanger. Tous les candidats, à l’exception de M. Milliard, ont dit souhaiter diminuer le nombre de fonctionnaires au Québec.

Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne De gauche à droite, les candidats à la direction du Parti libéral du Québec Pablo Rodriguez, Karl Blackburn, Marc Bélanger, Charles Milliard et Mario Roy participent à un débat à Québec le 22 mai 2025.

« Ce ne sont pas plus de fonctionnaires qui vont changer les choses, c’est le fait de mieux travailler », a dit M. Rodriguez. Il a proposé d’accroître le rôle des Centres locaux de services communautaires (CLSC) et d’investir davantage en prévention. M. Milliard a appuyé cette dernière suggestion.

« La CAQ a choisi d’être un gouvernement de structures », a-t-il dit en faisant notamment référence à la création de Santé Québec. « Je ne veux pas être un premier ministre de structures : je veux être un premier ministre de soins », a dit le candidat, qui est pharmacien. Il a dit ne pas vouloir être « dogmatique » au sujet des fonctionnaires, et vouloir en embaucher au gré des besoins.

Un seau d’eau comme une infrastructure

M. Milliard appuie par ailleurs le projet de Faculté de médecine promu par l’Université du Québec. Pablo Rodriguez, lui, s’est engagé à « revaloriser le système public ». « Ça veut dire quoi, ça ? », lui a demandé Charles Milliard. Son adversaire a notamment fait état de l’importance d’investir dans les infrastructures. « Quand la CAQ met un seau d’eau, pour eux, c’est investir en infrastructures », a ironisé M. Rodriguez, en faisant référence à l’état de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

De tous les candidats, l’agriculteur Mario Roy est celui qui s’est distingué par des prises de position différentes de ces adversaires. Il suggère ainsi de nationaliser toutes les résidences pour les personnes âgées et de mettre fin à la Bourse du carbone.

Les candidats ont par ailleurs rappelé qu’ils sont en faveur du troisième lien dans sa version autoroutière. Seul M. Rodriguez propose une version dédiée au transport en commun, à l’instar de celle recommandée par la Caisse de dépôt et placement du Québec. « Il n’y a aucune étude qui dit que c’est une bonne idée de faire ce troisième lien-là autoroutier », a-t-il rappelé.