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On dirait que c’est dans l’indifférence générale, ou alors dans la résignation totale, que nous avons appris — et accepté ? — que le Canada allait consacrer 5 % de son PIB aux dépenses militaires d’ici 2035. Il s’agit d’une hausse de 100 milliards de dollars, que nous allons puiser bon an mal an dans les poches des contribuables canadiens pour financer l’industrie de la guerre — une industrie très américaine soit dit en passant. Tout ça parce que, nous dit-on, nous vivons dans un monde de plus en plus dangereux.
Avec nos alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), nous devons donc fournir des efforts pour contrer des ennemis de plus en plus puissants, autoritaires et belliqueux. Ignorons candidement un instant le fait que les États-Unis pourraient se prévaloir de ces atours peu enviables. Ce serait plutôt de la Russie et de la Chine qu’il faudrait se méfier — tellement s’en méfier qu’il devient impératif de nous armer jusqu’aux dents. Une décision prise sans discussion et dans l’urgence pour contrer des menaces imminentes. Vraiment ?
D’abord la Russie, où la confusion règne sur le statut véritable à accorder à cet État, alors que Trump ne cache pas ses sympathies et son admiration envers Poutine. Il est pourtant vrai que la Russie est un pays voyou et dangereux, mais aussi, à l’économie moribonde. Avons-nous réellement besoin de faire exploser nos dépenses militaires pour contenir ce géant aux pieds d’argile ? Apporter et accroître notre soutien à l’Ukraine, assurément. Mais l’éléphant dans la pièce n’est pas notre faiblesse militaire. C’est plutôt de la proximité sur le plan idéologique entre les deux hommes forts de Moscou et Washington qu’il faut se méfier et qui permet à la Russie de faire durer son macabre numéro.
D’autant plus que l’autre protagoniste dans ce triste cirque, c’est la Chine. C’est surtout d’elle qu’il faudrait apparemment se méfier. La Chine, civilisation millénaire que nos ancêtres occidentaux ont pillée sans vergogne pendant plus d’un siècle. Cette Chine qui aujourd’hui se relève et défie désormais la suprématie occidentale — lire américaine.
Et c’est là le vrai problème. Le seul, soyons francs. Nous lui reprochons ses pratiques commerciales déloyales, ses entorses aux droits de l’homme et sa répression des Ouïghours, ainsi que ses visées territoriales expansionnistes. Certes, ces enjeux sont réels et problématiques. En particulier, le sort réservé aux minorités a de quoi profondément déranger. Mais une course à l’armement est-elle réellement la seule avenue à envisager pour aborder ces enjeux ?
En fait, soyons lucides, c’est la montée de la Chine, principal contestataire de l’hégémonie américaine, qui dérange — un point c’est tout. En vérité, cette ascension chinoise comporte ses défis pour nos sociétés démocratiques, mais si la paix et la prospérité sont nos véritables objectifs, c’est la voie du dialogue et de l’ouverture — sur le long terme — qu’il faut avant tout préconiser.
Une clarification s’impose. Le Canada doit être en mesure de protéger efficacement ses frontières, d’assurer la sécurité de la population canadienne et de participer au maintien d’un ordre mondial multilatéral (ce qu’il en reste). Financer adéquatement la défense nationale pour nous permettre de prendre nos responsabilités, à hauteur de 2 % du PIB, semble raisonnable. Toutefois, avant de consacrer des sommes beaucoup plus colossales à l’industrie de la guerre, il faut aussi, collectivement, se détacher de l’arbre et oser regarder la forêt — avant qu’elle ne brûle. Car en vérité, nous sommes notre pire ennemi, à coups répétés de déni et de procrastination climatique.
La science nous indique, sans ambiguïté aucune, que tous les voyants du tableau de bord climatique virent au rouge foncé. Et plutôt que d’affronter ensemble cette véritable menace aux répercussions qui seront catastrophiques pour nous (pas seulement pour les autres, pour nous et nos enfants aussi !), nos dirigeants s’emploient à nous désigner de nouveaux ennemis, bien visibles, que nous pouvons montrer du doigt pour mieux diviser et cultiver la méfiance envers les autres. Et surtout, est-ce un hasard si cette nouvelle politique permet de pousser un agenda pétro-militaro-industriel, avec de beaux grands projets d’intérêts nationaux, extractifs comme nous savons si bien les faire, en invoquant une urgence chimérique pour les réaliser, tout en abaissant nos standards environnementaux et sociaux ?
Maintenant, imaginez un instant si le Canada décidait de consacrer 100 milliards de dollars annuellement pour s’attaquer à la crise climatique ? Ce serait l’équivalent approximatif d’un nouveau TGV Québec-Toronto année après année… Autant de projets qui pourraient accélérer partout au pays une transition énergétique nécessaire, porteuse de nouvelles occasions pour nos entreprises, créatrice de bons emplois et de nouvelles technologies que nous pourrions exporter partout, pas seulement aux États-Unis.
Je ne vis pas dans un monde de licornes. Au contraire, notre gouvernement vient de nous démontrer qu’il est disposé à chambouler nos finances publiques pour mettre en œuvre un gigantesque chantier militaire pour répondre à une « urgence ».
Oui, il y a péril en la demeure, il est climatique. Le moment pour bien répondre à la crise climatique, c’était hier. Aujourd’hui, il nous faut redoubler d’efforts pour éviter l’embrasement du climat. En laissant passer cette fenêtre, les Cassandre de ce monde finiront par avoir raison de nous faire dépenser sans compter en armement. En l’absence de dialogue et d’actions climatiques concrètes et soutenues, les conflits vont se multiplier dans un monde où le chacun pour soi et le « au plus fort la poche » pourraient devenir les seuls leitmotivs à se faire entendre du grand concert des nations (ou du moins, ce qu’il en restera).
Exigeons de notre premier ministre, Mark Carney, de surcroît ancien émissaire spécial du secrétaire général des Nations unies pour le financement de l’action climatique, qu’il soit à la hauteur du moment ; aidons-le en en faisant un enjeu électoral ! Il y va de notre avenir commun et osons le croire, de ses perspectives de réélection.
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