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Pour les experts allemands et américains, l’effet consécutif à l’opération Toile d’araignée est davantage psychologique qu’opérationnel

Le week-end dernier, une attaque de drones audacieuse orchestrée par les services de renseignement ukrainiens (SBU) aurait infligé des dégâts significatifs à l’aviation stratégique russe. Les Ukrainiens ont évalué à « plus de 41 » le nombre de bombardiers russes touchés. Un chiffre démenti par les Russes pour lesquels 12 avions ont, en tout, été touchés, dont 4 détruits.

« En ce qui concerne la flotte des bombardiers à long rayon d’action, nous estimons que 10 % d’entre eux ont été touchés », estime Christian Freuding, coordinateur de l’aide militaire allemande à l’Ukraine. Malgré ces pertes, le responsable allemand n’observe aucune diminution de l’intensité des frappes russes sur l’Ukraine. Moscou conserve encore 90 % de sa capacité stratégique. Il évoque toutefois des conséquences à plus long terme : « Il y a bien sûr un impact indirect : les avions restants devront multiplier les sorties, ce qui accélérera leur usure. Mais surtout, l’effet psychologique est immense. »

« Selon notre évaluation, plus d’une douzaine d’appareils ont été endommagés, parmi lesquels des bombardiers stratégiques TU-95 et TU-22, ainsi que des avions de surveillance A-50 », rapporte Christian Freuding. Ce qui corrobore grosso modo les chiffres donnés par Moscou, très loin des annonces de Kiev.

Le 4 juin, les États-Unis ont confirmé que cette opération, bien que « très significative », aurait touché un nombre d’appareils inférieur aux attentes initiales : jusqu’à 20 avions de guerre auraient été atteints, dont une dizaine détruits, rapporte Reuters. Une perte néanmoins lourde, Washington estimant qu’il faudra des années à Moscou pour reconstituer sa flotte. Aucun des 17 Tu-160 en service, le bombardier stratégique russe le plus sophistiqué de l’armée de l’air russe, n’a en revanche été touché.

Quoi qu’il en soit, la perte de bombardiers stratégiques ne compromet en aucune façon la force de frappe russe, laquelle est dorénavant portée par les missiles de type Orechnik, Zircon ou Sarmat, tirés depuis les bases terrestres et les sous-marins nucléaires.

Le traité START (Strategic Arms Reduction Treaty) est un accord entre les États-Unis et la Russie visant à réduire et limiter les armes stratégiques offensives. Les dispositions du traité incluent des mesures de vérification pour assurer la transparence et la conformité des deux parties.

L’une des mesures de vérification inclut l’utilisation de satellites pour surveiller les installations militaires et les équipements stratégiques, y compris les bombardiers stratégiques. Les bombardiers stratégiques sont souvent stationnés dans des bases aériennes spécifiques et peuvent être observés par des satellites de surveillance. Cela permet de vérifier que les parties respectent les limites convenues en matière de déploiement et de nombre d’armes stratégiques.

Il est évident que les Américains ont transmis aux Ukrainiens les informations dont ils disposaient par observations satellitaires prévus par le START sur la localisation des bombardiers stratégiques de l’ennemi. Une leçon pour le Kremlin : ne jamais faire confiance aux Occidentaux en général, aux Américains en particulier…

Henri Dubost