L’un est en prison, les deux autres en cavale mais qu’importe, le business doit tourner. Via la messagerie chiffrée Signal, ils parlent «logistique» pour faire vivre leurs trafics de drogue entre Saint-Nazaire, Lille et Le Havre. Ce 8 novembre 2024, le trio envisage de récupérer une cargaison en provenance des Pays-Bas. L’un d’entre eux distille les ordres : «Le bateau part et faudra rentrer dans le port (...) Je sui entrain de voir pour gérer un mec qui taf (travaille, NDLR) dans le bateau (...) Quand ils sont là, vien en moto, tu rentre direct sur le port, donne le sac et fin (sic).» Ce système criminel qui prospère sous la bannière de la «Black Manjak Family» (BMF) a été mis au jour par l’Office central de lutte contre le crime organisé lors de la traque de l’ennemi public N°1, Mohamed Amra, extrait d’un fourgon pénitentiaire dans un assaut sanglant ayant coûté la vie à deux agents.

À l’automne dernier, le narcotrafiquant surnommé «La Mouche» est recherché depuis six mois quand les limiers de l’OCLCO interceptent une conversation sur le téléphone de Jean-Charles P., un proche d’Amra suspecté d’avoir participé depuis sa cellule à son évasion. Utilisant tantôt le pseudo «Nintch», tantôt «Dallas», il a été ajouté à un groupe de discussion créé par Fernando D., un membre présumé du commando alors en fuite dans le sud de l’Espagne. Ils entrent ainsi en communication avec divers alias - «Joe», «One» ou encore «Cardio» - derrière lesquels se cache une seule et même personne : Mohamed Amra. Pour la première fois depuis son évasion, les enquêteurs obtiennent un signe de vie formel du fugitif. C’est en commettant l’erreur de vouloir poursuivre ses affaires, même au plus de fort de sa cavale, qu’Amra est repéré par les policiers qui…