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À l’occasion du Festival international de journalisme de Carleton-sur-Mer (FIJC), le week-end dernier, les invités du panel auquel j’ai participé devaient commenter la très inspirante phrase de René Lévesque « Être informé, c’est être libre ». Et pour susciter le débat, on ajoutait : « Est-ce toujours le cas ? »
En guise de réponse, je dis : ça dépend…
Posons d’abord une première question : que signifie être informé ?
Ainsi, les Allemands étaient-ils « informés » par les médias du régime nazi ?
Les Américains d’aujourd’hui sont-ils libres lorsqu’ils s’informent par le truchement des journaux ultrareligieux dans certains États de la Bible Belt des États-Unis ? Sont-ils informés par les faits « alternatifs » si chers à Donald Trump ? Le sont-ils par ces médias de l’ultradroite qu’a introduits le président américain dans le Bureau ovale ?
Et nous, sommes-nous plus libres depuis l’apparition surprenante de médias comme Rebel News, qui se sont imposés après le débat des chefs du 16 avril dernier à Radio-Canada ?
L’information est un bien public. Dans ce cas, posons d’autres questions : qui informe, qui sont les propriétaires de cette information ? Qui la diffuse, qui la publie ?
Par exemple, que s’est-il passé en Italie lorsque les médias de masse, propriété du milliardaire Silvio Berlusconi, ont pavé la voie à son arrivée au pouvoir ? Autre exemple : qu’advient-il si l’information est véhiculée par l’empire médiatique de Vincent Bolloré, en France, qui se sert de ses médias comme CNews pour soutenir l’extrême droite ?
Qu’en est-il du rôle de Fox News, qui a moussé la popularité de Donald Trump aux États-Unis ?
Être informé, c’est être libre, certes, mais le sommes-nous en cette ère où les algorithmes des réseaux sociaux ouvrent la porte à un discours qui favorise la polarisation des idées et des opinions ?
Or, qui sont les propriétaires multimilliardaires des réseaux sociaux ? Elon Musk, la personne la plus riche de la planète, avec X. Mark Zuckerberg, au troisième rang des personnes les plus riches de la planète, avec Meta. Un autre, neuvième personne la plus riche, Sergueï Brin, cofondateur de Google, aussi propriétaire de YouTube, où circule abondamment la désinformation. Rappelons-nous les photos de ces mêmes multimilliardaires américains, dont Jeff Bezos, qui assistaient en première ligne à l’investiture de Donald Trump, en janvier. Ce sont eux les nouveaux oligarques qui ont donné leur appui à ce président aux allures de monarque, Donald Trump.
Dans ce cas, être informé par les réseaux sociaux, est-ce être libre ? Même lorsque Mark Zuckerberg met fin à la modération sur Facebook, laissant le champ libre à l’ultradroite et à ses propos racistes, sexistes, misogynes, homophobes et transphobes ?
Qu’en est-il de la liberté d’expression telle que définie par Elon Musk sur son réseau X, qui justifie l’accueil d’influenceurs d’extrême droite comme Andrew Tate ? Ou sur Truth Social, le réseau personnel de Donald Trump ?
Dans un des panels du FIJC, on a aussi appris que plusieurs médias, après avoir été dépendants de Facebook et d’Instagram pour faire rayonner leurs contenus jusqu’au blocage de Zuckerberg, font maintenant migrer leurs contenus vers le réseau chinois TikTok. N’est-ce pas se jeter ainsi dans la gueule d’un autre loup ?
Face à cet univers numérique dont nous ne sommes pas les propriétaires, nos médias doivent exercer un contrepoids. La vérité contre le mensonge. L’information contre la désinformation. Heureusement, nous avons Radio-Canada et d’autres médias sérieux. Mais sommes-nous de taille ?
Voilà pourquoi, dans mon essai Tenir tête aux géants du Web, j’écris qu’il nous faut nous affranchir progressivement de notre dépendance des plateformes étrangères afin de récupérer notre souveraineté numérique. Aussi nos élus doivent-ils rapidement développer un plan stratégique à cet effet.
À la question « Être informé, c’est être libre, est-ce toujours le cas ? », ma perspective est donc simple : les médias ne sont malheureusement plus le véhicule principal pour faire circuler l’information. Sans compter que l’intelligence artificielle viendra ajouter une couche à ce combat extrême entre l’information et la désinformation.
Aujourd’hui, les médias ont perdu la course pour être les premiers à annoncer une nouvelle. Les réseaux sociaux les ont coiffés au « finish », diraient des journalistes en France. Être les premiers, c’était pourtant ce qui les motivait largement depuis toujours.
L’autre défi important des médias, c’est comment rapatrier les moins de 35 ans qui ne s’informent que par le truchement des plateformes étrangères. Pour ce faire, les journalistes et les médias doivent recentrer leur rôle dans l’espace démocratique et élargir leur présence de multiples façons pour atteindre tous les publics. Ce recentrage est heureusement bien amorcé. Leur mission essentielle est de contrer la désinformation afin de protéger notre démocratie, de plus en plus mise à mal en Occident.
Lors de sa venue à Montréal en avril 2024 dans un colloque à l’Université de Montréal, Edwy Plenel, de Médiapart, disait que « le droit le plus important, c’est le droit de savoir ». Il nous faut donc contribuer à ce droit de savoir, de connaître les faits, et ce, sur toutes les plateformes des médias traditionnels, dont leurs plateformes numériques. Il y a lieu de faire davantage la promotion de ces solutions de remplacement crédibles aux réseaux sociaux, particulièrement auprès des plus jeunes.
« L’heure des prédateurs » est venue, écrit l’auteur Giuliano da Empoli. Ces prédateurs sont ces multimilliardaires du numérique qui, par leur cupidité, propagent le chaos, ceux que, de mon côté, j’ai qualifiés de « barbares numériques » dans mon premier essai.
Si on veut être libres, parce que bien informés, il nous faut tenir tête aux géants du Web et viser à s’en affranchir progressivement pendant qu’il en est encore temps.
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