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Nuits cubaines contre jours de censure au centre clark

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Nuit éternelle, désobéissance esthétique, rare exposition, pour ne pas dire la première, à maintenir le centre Clark ouvert pendant l’été, ne suscite pas l’intérêt que pour cette raison. Cette manifestation toute cubaine (commissaire et artistes) au contenu épineux (la dénonciation de la censure d’État), et impliquant de nombreux partenaires, du Conseil des arts de Montréal (CAM) aux musées prêteurs d’œuvres en passant par des mécènes privés, se déroule sur le ton de la dissidence.

Les nuits de La Havane, selon Amed Aroche, artiste et chercheur cubain exilé à Montréal, ne sont pas seulement un espace de fête, mais aussi de la liberté rêvée par la jeunesse. Et qui dit liberté à Cuba dit désobéissance. « Quand la nuit tombe, les jeunes testent la liberté, y goûtent. Dans ce mystère nocturne, l’espace est politique », résume le commissaire de l’exposition. Les sept artistes à l’honneur ont exprimé leur opposition au gouvernement et en ont payé le prix, soit par l’exil, soit par l’emprisonnement. C’est le cas de Luis Manuel Otero Alcantara, sous les verrous depuis 2021.

Le cofondateur du Museo de la Disidencia en Cuba, une plateforme en ligne non accessible au Canada, pratique l’art de l’immersion. Son œuvre à voir dans le Mile End est issue d’une performance réalisée peu avant qu’il soit arrêté. Il y dénonce la mort de trois filles survenue dans l’écroulement d’un édifice mal entretenu.

Photo: Paul Litherland «Quodlibet» (Exposicuba) (2025), d’Ernesto Oroza

L’homme, un artiste très médiatisé, ne court pas plus de risques, assure Amed Aroche. « Nous avons son consentement, dit-il. L’exposition le nomme pour mettre en lumière sa condition. Un prisonnier politique qui n’a pas droit à un avocat, il est important d’en parler. Il est privé de liberté injustement, à cause du décret 349, et il n’est pas le seul. »

Le Decreto 349, c’est cette mesure législative de 2018 qui a mis le feu aux poudres. Le texte dit notamment qu’il « est interdit de tenir des activités artistiques dans des lieux publics ou privés sans l’accord préalable du ministère de la Culture ». Le milieu artistique y a vu une censure déguisée. La mise au rancart d’Otero Alcantara, qui s’est fait connaître en 2016, au moment où apparaissaient des zones wifi dans l’île, attise les colères. « La censure est très dure, même dans les réseaux sociaux », note Amed Aroche.

Dans une longue tradition

Nuit éternelle… est la concrétisation d’une belle histoire, celle d’Amed Aroche. Arrivé ici en 2018, le diplômé en architecture a depuis fait une maîtrise en études urbaines à l’INRS. Son mémoire, où il explore les liens entre l’arrivée d’Internet à Cuba et la dissidence politique, découle d’entrevues menées auprès de la diaspora artistique.

Indirectement, le programme démART-Mtl du CAM aura permis que sa recherche ne reste pas « cloîtrée dans le milieu académique ». Destinés aux « personnes nouvellement arrivées à Montréal », les stages de démART-Mtl visent leur intégration au marché du travail. Depuis 14 ans, le CAM s’attaque ainsi à la sous-représentation dans les organisations artistiques des gens issus d’une immigration récente. En 2021, une étude a permis de constater que « seulement 15 % des 20 900 » personnes qui exercent une profession artistique à Montréal proviennent de groupes racisés, soit bien moins que lorsque sont pris en compte tous les métiers (37 %), selon ce que le CAM a justifié par courriel.

Photo: Paul Litherland L'exposition au Centre Clark

Amed Aroche s’est retrouvé au sein de l’équipe de Clark sans l’obligation de monter une exposition. Mais lorsqu’on lui a demandé s’il avait un projet en tête, il a déposé ses « 200 pages de recherche ». Cette expérience, il la voit dans la lignée des relations entre le Québec et l’île des Antilles, depuis Expo 67 jusqu’à ¡ Cuba ! Art et histoire de 1868 à nos jours (Musée des beaux-arts de Montréal, 2008). Deux projets de Nuit éternelle… font des clins d’œil à cette histoire, grâce à des prêts de collections montréalaises et à la reproduction de chaises du pavillon cubain de 1967.

Je définis la désobéissance esthétique comme la volonté de vivre et d’agir.

— Amed Aroche

« Je définis la désobéissance esthétique comme la volonté de vivre et d’agir », explique Amed Aroche, conscient qu’il pourrait désormais se retrouver dans la ligne de mire des dirigeants cubains — « ils » ou « eux » dans le langage subversif.

Secouer un pays

Emblématique de l’expo, et de la référence nocturne, la vidéo La fiesta vigilada (La fête surveillée), de Leandro Feal, documente dix ans de soirées (2015-2024) minutieusement photographiées — l’œuvre est construite selon la technique image par image. C’est un portrait d’une jeunesse privée de la liberté d’expression dans la Cuba de l’après-Castro.

Photo: Paul Litherland «Besos Robados» (1970) de René Azcuy et sa version revisitée, «Derechos Robados» (2021-2025) de Liliam Dooley

« Ce que fait Leandro est extrêmement puissant. Il montre la réalité, l’enregistre et l’archive d’une manière différente à celle d’eux », commente Amed Aroche.

« Mon travail, reprend l’artiste de passage à Montréal, consiste à documenter ma génération, à documenter les marges de sa contestation. » Exilé à Barcelone en 2008, Leandro Feal retourne avec régularité à La Havane afin de « secouer la República ». « Ils appellent “révolution” un système de gouvernement plus proche de la tyrannie. On ne peut pas être en révolution pendant 65 ans. C’est un euphémisme », clame-t-il.

Oiseau de nuit, l’artiste presque quarantenaire photographie en utilisant le flash d’une manière très lucide : il fait la lumière sur ce que le régime veut garder dans le noir. « Mon intention était claire : laisser des traces de notre histoire, racontée par nous-mêmes. Le régime tente de nous effacer et de livrer le récit qui lui convient. Nous avons notre propre voix », dit celui qui a trouvé dans Salut les Cubains, d’Agnès Varda, la forme d’exprimer sa dissidence.

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