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"Nous devons tenir les Frères musulmans à l’œil en Belgique, mais n'oublions pas des dangers bien plus importants"

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Islamologue, cadre du Conseil musulman de Belgique, Michaël Privot est passé par les Frères musulmans, avant de s'en distancier, comme il le confia dans un livre publié en 2017. Il revient pour La Libre sur le rapport que la gouvernement français a consacré au Frérisme.

En France, le ministère de l'Intérieur vient de publier un rapport sur les Frères musulmans, s'inquiétant de leur volonté d'islamiser les sociétés occidentales. Interrogé par ses rédacteurs, vous avez contribué à ce rapport en tant qu'expert. Quelles conclusions en tirez-vous ?

Ce rapport me semble réaliste, mais il est plus nuancé que la manière dont il fut résumé par le gouvernement français. Si on le lit convenablement, on constate que le frérisme est toujours actif, mais en perte d'influence. En fait, c'est il y a vingt ans que nous aurions dû bénéficier d'un tel rapport !

Qu'est-ce qui explique sa perte d'influence ?

Pour le dire rapidement, la confrérie avait infiltré la Ligue islamique mondiale dans les années 1990 et bénéficiait de nombreux financements des pays du Golfe. Mais dès les années 2000, les Saoudiens ont poussé la confrérie vers la sortie pour privilégier leurs canaux salafistes et wahhabites. Les Frères musulmans ont par ailleurs beaucoup perdu dans d'autres pays, comme l'Égypte, où ils sont en grande difficulté sur le plan politique.

Le salafisme, ce courant ultraconservateur poussé par les Saoudiens, propose un autre discours que celui des Frères musulmans ?

Il y a beaucoup de points communs, mais les salafistes et les fréristes ne partagent pas la même méthodologie. Les premiers, dans un souci de "pureté", se placent à l'écart de la société, en opposition. Les Frères musulmans, au contraire, ont toujours eu la volonté de prendre part à la société pour y promouvoir les principes de l'islam qui leur tiennent à cœur. D'où leur investissement dans le monde associatif, culturel, sportif, politique…

C'est pour cela qu'ils se sont engagés en faveur du port du foulard ou de l'abattage rituel, par exemple… ?

Oui, les Frères musulmans ont vite compris que l'instauration d'un grand califat mondial était une utopie. Ils se sont donc focalisés sur la défense et la promotion de l'identité musulmane en Europe ; la possibilité d'y vivre sa foi de manière intégrale. D'où la défense du foulard ou la promotion de la nourriture halal, qui sont devenus des éléments structurants de l'identité musulmane, alors que cela n'était pas autant le cas jusqu'au début du XXIe siècle.

En Belgique, il y aurait 200 Frères musulmans actifs selon le rapport français, et une petite dizaine de mosquées seraient directement entre leurs mains. Leur influence porte sans doute au-delà de ce premier cercle, mais diriez-vous qu'elle est moins importante que celle des fédérations turques, par exemple, ou des discours salafistes prégnants sur les réseaux sociaux ?

Effectivement, mais par facilité sans doute, parce que la confrérie est plus identifiée, le monde politique se focalise sur les Frères musulmans. Nous devons évidemment les tenir à l'œil, mais nous ne devons pas surévaluer leur menace au point d'oublier des dangers bien plus importants, alors que nos moyens, en termes de sûreté, sont limités.

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Quels dangers ?

Les discours salafistes très présents, non pas dans les mosquées qui sont surveillées par l'État, mais dans des groupuscules parallèles ou sur les réseaux sociaux. Parce que nous avons battu militairement Daesh, on pense avoir gagné la partie. Mais Daech n'a pas perdu la partie : son idéologie est encore très vivante. Il suffit qu'un groupe la réactive pour que le feu reprenne. Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, la prolifération des vidéos salafistes encourage les jeunes musulmans à marquer leurs différences. Ces vidéos ne mènent pas directement au djihadisme, mais elles finissent par renforcer le séparatisme, la défiance entre communautés, et génèrent une atmosphère mentale qui peut être exploitée par la suite par un groupe djihadiste.

Dans ce cadre-là, ce qui se passe actuellement à Gaza vous inquiète ? Cela risque-t-il de radicaliser en retour de jeunes musulmans belges ?

Je ne voudrais pas avancer des conclusions trop rapides, mais il est certain que l'inaction européenne envers les Gazaouis suscite un sentiment d'injustice jusque chez nous. Cela sera-t-il récupéré par la propagande de groupes djihadistes ? Peut-être. Ce qui est certain, c'est que l'Europe leur donne des munitions. Ce qui m'inquiète particulièrement est la puissance des groupes djihadistes qui se déploient en Afrique subsaharienne. Pour le moment, ils ne s'en prennent pas à l'Occident sur son territoire, mais ils le pourraient en mobilisant certaines personnes de leurs diasporas, comme l'a fait Daech en son temps – et cela ne semble intéresser personne…

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Vous racontez dans votre ouvrage "Quand j'étais frère musulman", publié en 2017, que vous avez quitté la confrérie. Pourquoi ?

J'y étais entré par opportunisme. Leurs structures me permettaient de faire avancer l'égalité des femmes et des hommes et les droits humains au sein des communautés musulmanes. Je fus cependant vite confronté au fait que la confrérie ne prenait aucune distance par rapport au Hamas, à certains penseurs qui prônaient le djihadisme, qui tenaient des discours homophobes… Cela ne me convenait plus.

À force de s'enfermer dans une conception rigoriste de la foi, "l'islam a perdu le chemin vers Dieu", confiez-vous à "La Libre" en 2017. Est-ce toujours le cas ?

Ces dernières années, j'ai rencontré des personnes qui m'ont marqué par leur souhait de partager les belles valeurs de l'islam. L'inspiration et la demande sont là. Désormais, il faut des structures et des outils qui permettent enfin de faire rayonner leur spiritualité – mais cela ne se trouvera pas dans l'islam institutionnel.

Retrouvez la première partie de l'interview ici.

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