Publié le 30 mai 2025 à 20:28. / Modifié le 30 mai 2025 à 20:30. 4 min. de lecture

Il n’y a pas de nuage dans le ciel du Lötschental ce vendredi. Ou alors juste un: une fumée grisâtre s’échappe de l’immense balafre dans la montagne, là où les roches du Petit Nesthorn ont pulvérisé le glacier du Birch. Quarante-huit heures après l’éboulement qui a submergé le village de Blatten, les pierres continuent de s’effondrer, à plus de 3000 mètres d’altitude. Là où l’éboulement barre la vallée, les eaux du lac formé par la rivière Lonza cherchent doucement une issue dans le labyrinthe de gravats. La probabilité d’une nouvelle catastrophe semble s’éloigner en même temps que les heures s’égrainent. La vallée ose enfin respirer un peu. Même si l’un des siens reste introuvable. Même si elle sait que rien n’est encore certain.

«On se sent déjà mieux aujourd’hui». Sur l’alpage perché au-dessus de Wiler, Beat observe la montagne avec ses jumelles. Le Zurichois est assis devant son mayen rustique au bois brûlé par le soleil et l’histoire. Il passe de beaux jours ici depuis quarante ans. Il y était aussi mercredi, quand tout s’est écroulé. Il répète plusieurs fois que l’évènement a été très impressionnant: «Tout va très vite dans ces moments-là». Ce vendredi, d’humeur optimiste après avoir pris connaissance des dernières nouvelles, il pense déjà à l’après, à ce moment où le Lötschental aura retrouvé son calme. A ce moment-là, un travail colossal commencera. «Ça nous rappelle à quel point la nature est grande et l’homme…» Il écrase son pouce contre son index et lance un «pcht», qui image la fragilité de la condition humaine.