Language

         

 Publicité par Adpathway

Nos solitudes en parallèle

1 month_ago 1

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

J’aimerais dire qu’elle m’a assez fait souffrir, mais ce serait injuste, car elle me répare aussi. J’aimerais l’envoyer paître parfois, mais je sais qu’elle est ma plus sûre alliée. On pourrait songer à une relation toxique si le mot « misanthrope » n’existait pas. À trop la fréquenter, je pourrais me perdre. J’en ai besoin quotidiennement et je me porte volontaire pour être ministre (bénévole) de la Soledad.

On la trompe, on la meuble ou on la travestit. Moi, je la préfère toute nue, cul sec. Tu me diras : Joblo, c’est pas sérieux de parler de solitude en mai, les tulipes tulipent enfin, et la « journée mondiale de », c’était le 23 janvier. Et bien si ! Pour la même raison que les jeunes de 18 à 24 ans (62 % en France, 49 % ici) se sentent parfois ou souvent plus seuls que le reste de la population, parce que c’est l’âge où tu es censé te la péter alors que tu es en mou derrière ton écran à gamer ou à regarder un tutoriel de eyeliner passé minuit. Le reste de l’univers semble s’éclater sans toi. Du moins, si on en croit les réseaux sociaux. Pas facile d’être jeune dans un monde de surreprésentation de l’épanouissement personnel sur fond de déconfiture mondiale.

Et la solitude, ce n’est surtout pas un truc de célibataires paumés avec leur chat. Faut pas croire, mon J.D. ! C’est parfois pire à deux. Mais ça, tu le réalises après, en diagonale dans ton lit queen. La solitude en binôme est un pis-aller que bien des gens préfèrent au célibat choisi.

J’observe nos solitudes depuis si longtemps. Hier, celle de ce vieux monsieur voûté au point d’être déjà prêt à ramasser les crottes de son petit chien qu’il promenait. Celle de cette femme en situation d’itinérance devant chez moi, qui se brosse les dents sur le palier d’une maison aussi abandonnée qu’elle. Elle y a élu domicile pour l’été. Celle de ce jeune couple que je croise, muet, le cœur lourd, ensemble mais seuls. Celle de cette vieille dame qui me fait des « hola, hola, como estas ? », comme si elle me connaissait. Celle de l’immigrante qui débarque en ville et suit le mouvement sans connaître personne. Nos solitudes en parallèle, ça fait des lignes droites qui ne se touchent jamais. Et si on se frôle par inadvertance, on s’en excuse d’avance.

Solitude et isolement

La solitude, c’est le lot de tous, de la naissance à la mort. Elle te suit partout, une ombre tenace où tu peux te réfugier au besoin, mais qui pèse parfois au point où tu n’en peux plus de cette compagnie trop envahissante.

Je la devine parfois à travers les lignes des lecteurs qui m’écrivent. Je l’entends dans cette phrase glissée entre deux pièces musicales, debout au milieu de la foule du MTelus en me dandinant devant Angine de poitrine (juré !) : « J’ai téléphoné à un centre d’écoute il y a deux jours. »

J’entends tout cela. Il y a une honte à se sentir seul, peu importe l’âge. Comme si c’était votre faute, alors que toute une structure sociale vous y pousse. Et pour les célébrités, la notoriété a une façon bien particulière de les isoler. Elles ne peuvent soutenir leur personnage aux yeux des autres. Elles ne veulent pas décevoir non plus. Elles ferment les volets.

La solitude ? « Ma meilleure ennemie. Une sympathique qui pourrait tuer », comme la décrit une amie écrivaine.

C’est qu’il faut distinguer la solitude recherchée qui permet de se recharger, nécessaire à beaucoup d’artistes en création, de l’isolement (loneliness), qui est une expérience de détresse perçue ou subie. Et on peut vivre les deux dans une même journée, j’en atteste.

« Dans la solitude, je suis “parmi moi-même”, en compagnie de moi-même, et donc deux-en-un, tandis que dans la désolation, je suis en vérité un seul, abandonné de tous les autres », écrivait la philosophe Hannah Arendt.

Dans son rapport intitulé Our Epidemic of Loneliness and Isolation, l’ex-médecin en chef des États-Unis définit plusieurs pistes, dont la négativité sociale. Le climat actuel entourant l’élection de Trump et ses retombées sur l’incertitude mondiale ne font qu’accentuer notre besoin de repli, comme des animaux traqués qui cherchent leur terrier.

L’isolement se crée à force de perte de confiance, de méfiance, de désolidarisation, d’écrans refuges, de manque d’appartenance à une communauté ou à une « famille » choisie. La COVID nous a fait perdre plusieurs aptitudes sociales et comme beaucoup de gens, j’ai l’impression de ne jamais les avoir totalement retrouvées.

Seek you

Dans son magnifique roman graphique Seek you. Un voyage dans la solitude contemporaine, l’artiste américaine Kristen Radtke fait le tour de cette solitude dans laquelle nous cocoonons et qui ressemble à une épidémie. Dans ses recherches, elle nous montre que c’est une maladie de pays riches, que la honte est effectivement au rendez-vous (si je suis seul·e c’est que personne ne m’aime) et c’est aussi une prophétie autoréalisatrice, « je me sens seul·e » devient « tout le monde est contre moi ». « À l’écart entre les relations qu’on a et les relations qu’on désire. C’est dans cette brèche que la solitude s’insinue », écrit l’autrice-dessinatrice.

Mais ce qui m’a le plus étonnée dans son livre, c’est la contagion inhérente à la solitude, selon une étude menée par John T. Cacioppo, un expert en solitude. « La solitude survient en grappe, s’étendant jusqu’au troisième degré à partir d’un noyau solitaire. » Chaque personne qui en souffre la propagerait autour d’elle, comme la mauvaise humeur.

Pas étonnant qu’on parle d’épidémie d’ici 2030, car c’en est une. Et les écrans ne font que nous isoler davantage, une solution plus simple que de sortir de notre abri.

Dans son livre Cent ans d’amour, Janette Bertrand raconte que son père (marié) se plantait à l’arrêt d’autobus et faisait semblant d’attendre pour parler avec des gens après sa retraite du commerce. Aujourd’hui, il jouerait peut-être aux cartes en ligne.

Aller vers l’autre exige un effort constant, mais comme écrivait un « ami » Facebook qui cherchait à nouer des liens : « Je “connais” plein de gens et je ne suis proche de personne […] J’ai 36 ans, j’ai une situation matérielle quand même très enviable overall, et je ressens de la solitude. »

Une maladie de pays riches et une solution qui ne coûte rien…

[email protected]

Citations

Je l’ai trouvée devant ma porte

Un soir, que je rentrais chez moi

Partout, elle me fait escorte

Elle est revenue, elle est là

Barbara, La solitude

Par elle, j’ai autant appris

Que j’ai versé de larmes

Si parfois je la répudie

Jamais elle ne désarme

Georges Moustaki, Ma solitude

je t’informe, et tu le sais déjà

que je suis ironique depuis que je respire

et depuis que la bêtise mène le monde tout droit

à la violence conjuguée à tous les temps

à toutes les personnes et

à tout jamais

depuis que le monde n’est pas du monde

et que je n’y suis plus pour personne

Hélène Monette, Le monde n’est pas du monde

Aimé Grandir loin des écrans, de Laurence Morency-Guay, professeure de psychologie, « un guide pour transformer les habitudes familiales ». Nous sommes en 2025, après avoir testé les écrans sur des cohortes de cobayes durant 20 ans. Aujourd’hui, le gouvernement s’en mêle à l’école. Il reste qu’à la maison, il faut s’outiller aussi. Cette spécialiste fournit les données et les arguments, notamment face à l’ennui et aux écrans béquilles. Le tollé provoqué actuellement chez les jeunes par l’interdiction des cellulaires à l’école montre bien qu’en très peu de temps l’essentiel de leurs interactions a migré derrière un écran.

Par contre, l’écran cache aussi beaucoup de solitude.

Comme le rapportait Louise-Maude Rioux Soucy dans son éditorial « Beaucoup de seuls ensemble » : « en 20 ans, les jeunes de 15 à 24 ans ont enregistré une baisse de 70 % du temps passé avec des amis ».

Rigolé grâce à Éros Brousson, ce nouvel humoriste français qui parle des lois du dating et des femmes qui préfèrent leur « routine skin care en douze étapes » à un mec dans leur espace vital. « Certaines femmes sont seules depuis si longtemps qu’elles ne “datent” plus. Elles vous donnent accès à leur petit empire de paix comme une queen hésitante vous tend un badge de visiteur… » Ses conseils de dating en général sont hilarants et il cartonne aux États-Unis.

https://bit.ly/45dOl91 (en anglais, mais sous-titré… en anglais).

Trouvé un party de câlins, lundi soir 19 mai. Ce « cuddle » d’intensité douce et platonique permet de toucher d’autres humains (sans engagement de notre part). C’est visuel ou tactile. C’est 2025 ! Ouvert à toustes. https://bit.ly/3S4Ny2E

JOBLOG — Foreman. Devenir un homme

J’avais vu la pièce de théâtre Foreman durant la pandémie — que j’avais beaucoup aimée — et voici la version bédé en noir et blanc du texte de Charles Fournier, illustrée par Richard Vallerand.

Cinq jeunes hommes sur le bord d’un lac, le milieu de la construction, les codes de la masculinité imposés dans la compétition et l’humiliation, les muscles et les moteurs. « La masculinité toxique teinte tout », prévient l’auteur, qui s’excuse aussi des quelques propos homophobes contenus dans le texte.

Un livre à mettre dans les mains de tous les jeunes hommes qui se sentent seuls avec leurs sentiments et leur vulnérabilité.

Éditions La Bagnole

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway