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Malgré toutes les précautions prises, chers lecteurs, pour ne pas vous braquer, mon édito de la semaine dernière, « Aux anciens : prenez votre part ! », vous a fait réagir. Cela tombe bien, c'était le but : ouvrir le débat sur ce sujet passionnel afin de ne pas laisser s'installer les malentendus, et se creuser in fine une fracture entre les générations. Comme je m'y étais engagée, je vous ouvre donc les colonnes de Marianne. Et en profite pour vous remercier pour vos courriers, toujours cordiaux et argumentés.
Faut-il mettre à contribution les retraités pour sauver notre modèle social, fragilisé par le vieillissement de la population ? C’est la question taboue à laquelle votre journal a tenté de répondre la semaine dernière dans un grand dossier pour ouvrir le débat et proposer des pistes de réflexion. Comme elle s'y était engagée dans son éditorial « Aux anciens : prenez votre part ! », la directrice de la rédaction de Marianne Ève Szeftel vous donne la parole cette semaine. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce sujet passionnel vous a fait réagir. Nous publions quelques-uns de vos courriers, toujours cordiaux et argumentés.
Et les cadeaux aux riches ?
Par André Thibaut
« L’édito de la directrice de la rédaction de Marianne, couplé à l’article louangeur sur le jeune économiste Antoine Foucher, encensé par médias et politiques, a trouvé la recette miracle : les vieux, retraités privilégiés gagnant autant sinon plus qu’un actif sans travailler. Plus qu’un chômeur, pas difficile. À eux donc de combler les déficits créés par les cadeaux aux riches. Il faudrait au moins un journal complet pour dénoncer les erreurs (?), les oublis (involontaires ?), l’absence (par manque d’idée ou délibérée ?) de recherche d’autres sources de financement de ces économistes garantis orthodoxes dans la ligne libérale macroniste. »
3 200 € pas volés
Par Alexandrine Gandois
« Je suis une ancienne de 76 ans, veuve, ma pension et la réversion de la complémentaire de mon défunt mari m’offrent 3 200 € nets par mois. Cette somme me permet juste de payer mon loyer, de manger, d’avoir une voiture, de payer des impôts, de rendre service à mes enfants en gardant mes petits-enfants et en améliorant leurs fins de mois par des courses régulières, de faire du bénévolat (poste qui pourrait être assuré par du salariat !), de me soigner (coût de la mutuelle et des dépassements d'honoraires de plus en plus fréquents quand je trouve le médecin adéquat), peu de sorties et cinéma. J’ai travaillé dans le tertiaire avec des responsabilités, du stress, beaucoup de déplacements tout en élevant trois enfants en rémunérant des nounous déclarées et l’aide de mon mari. »
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Et le prix des Ehpad ?
Par André Touja
« J’ai lu avec un intérêt tout particulier le “point de vue de Marianne”, sous la plume d’Ève Szeftel, concernant le problème du financement des caisses de retraite. Une constante s’en dégage : les retraités se gobergent quand les actifs triment et savourent amèrement la part qui leur est réservée. C’est oublier un peu vite qu’un retraité a su “sédimenter”, toute une vie professionnelle durant, des économies et adopter un principe de précaution, voire avaricieux. Il n’est nullement question d’opposer retraités et actifs, anciens et jeunes, mais tout de même cette jeunesse doit aussi s’efforcer d’adopter un mode de vie pour gagner une place dans la société avec les efforts que requiert sa situation sociale. On ne peut avoir la prétention de jouir amplement des plaisirs de la vie quand on se situe dans la strate basse ou très moyenne de la société. Vouloir aujourd’hui taxer les retraités parce qu’ils perçoivent une pension de 2 500 € bruts par mois paraît injuste et cruellement inacceptable au motif qu’une telle valeur de référence les classe à un niveau dit de « richesse ». Il y a sûrement d’autres gisements d’économies à faire et de recettes à trouver dans bien d’autres domaines, en reprenant notamment la kyrielle des avantages dont bénéficient injustement certaines professions et possédants. Et que dire du prix moyen de pension dans un Ehpad, évalué à 2 310 € par mois ? »
Grand âge, grandes dépenses
Par Michel Bouchaud
« Quand nous avons pris notre retraite, en 2001, nous faisions partie de ces retraités heureux. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Mon épouse est entrée en Ehpad il y a deux ans pour un coût mensuel de 2 200 €, et sans aide. Une fois payée la maison de retraite, il reste 700 €. Alors la question est simple : peut-on vivre correctement avec 700 € ? Heureusement, j’ai un peu d’économies, sinon j’aurais dû vendre notre maison. Pour ces anciens retraités (anciens d’Algérie) dont je suis, c’est une question très importante, nous sommes des milliers dans ce cas. »
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Ces choix politiques à remettre en question
Par Christian Delcroix
« Retraité avec des revenus considérés comme la moyenne nationale (2 500 € mensuels), je suis prêt à participer aux efforts nécessaires pour redresser les comptes de notre pays, mais votre manque d’objectivité me choque : comparaison n’étant pas raison. Si le retraité a un meilleur niveau de vie à revenu égal, c’est par la possession d’un bien immobilier le libérant de charges locatives, bien constitué par vingt années et plus de remboursements d’un crédit et d’investissements financiers et personnels dans l’entretien et l’adaptation de ce bien. Si le ratio actif/retraité met en péril les comptes sociaux, ne peut-on pas chercher la cause dans les choix politiques sur lesquels nous pourrions revenir ? Trente-cinq heures, destruction des activités industrielles, abandon de la formation, déliquescence de l’Éducation nationale, qui contribuent à créer un chômage incompressible, une importation massive de produits à bas prix pour satisfaire des besoins primaires, un coût du travail plombé par les charges. "Il n’y a pas trop de retraités, il n’y a pas assez d’activités. »
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Le rôle social des anciens
Par Roland Pastor
« Vous avez sans doute raison sur le plan comptable de vouloir ponctionner les anciens : ils ont souvent été économes et sont assis sur une manne intéressante, dont acte. Toutefois, vous oubliez l’essentiel : les anciens tiennent à bout de bras cette société en pleine dérive. Ils aident les jeunes (financièrement mais aussi psychologiquement), transmettent le plus souvent leurs passions, structurent le monde associatif et, socialement, font tenir tant de mouvements… Ne les réduisez pas à vos 2 500 € bruts comme une simple comptable d’entreprise. La facilité de votre raisonnement de transférer les « charges » en évoquant la solidarité me déconcerte. Et puis vous oubliez la mise en œuvre : celle-ci sera confiée comme toujours à des fonctionnaires du Trésor qui chercheront la simplicité de la formule, bien loin de la justice… Comment trouver les « plus aisés » ? Ceux qui ont une ou plusieurs maisons, donc sans loyer, ou ceux qui ont des revenus de portefeuilles d’actions exonérés ? Comme souvent, on fixera un montant (en l’occurrence 2 500 € bruts) et hop ! Nous sommes un certain nombre à avoir servi avec zèle et fi délité et à mériter un peu d’égards. »
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Faire payer les gros retraités
Par Alain
« J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre éditorial. Vous avez été courageuse d’aborder cette question face à vos lecteurs, majoritairement retraités. Par contre, je réfute l’argument consistant à dire que les retraités ont du “patrimoine” qui leur rapporte un revenu complémentaire. Mon épouse et moi, après une vie de labeur, possédons une maison de style HLM d’une valeur de 200 000 € et quelques hectares de terre en Picardie provenant de l’héritage de nos parents. L’acquisition de notre maison, en 1975, a constitué pour notre couple un effort très important. Mon épouse a commencé à travailler à l’âge de 17 ans. Elle perçoit 368,37 € de la Carsat, auxquels s’ajoutent 131,27 € de l’Arrco et 778,72 € nets de l’Éducation nationale, ce qui fait une retraite de 1 267 € pour… quarante-trois ans de travail ! Après trente-huit ans dans l’Éducation nationale comme instituteur, ma retraite est de 3 371 € et, après toutes les retenues, de 2 643 € nets. Mon épouse et moi menons une vie simple qui nous permet de faire face à nos échéances (impôts, diverses assurances, etc.). Nos possibilités de voyages et d’épargne sont très limitées. Aussi, il me semble que fixer le seuil à 2 500 bruts est trop bas. Je vous rejoins quand vous proposez de désindexer de l’inflation les pensions des plus gros retraités. Cela me paraîtrait très juste car, généralement, ce sont les plus gros retraités qui ont occupé les postes les plus gratifiants et surtout les moins exposés. Ce sont toujours les “gens de terrain”, qui ont occupé les postes les plus durs, qui ont les retraites les plus modestes ».
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Bien commun
Par Anne-Marie Nicolas
« J’ai une trop haute idée de mon hebdomadaire de référence et de ses lecteurs pour penser que chacun ne raisonne que selon ses intérêts propres et immédiats. Retraitée de l’Éducation nationale, je gagne un peu plus de 2 500 € bruts par mois… et envisage très sereinement que cette retraite soit gelée, voire rabotée, afi n de mieux rémunérer le travail des générations qui nous entretiennent. Comment ne pas s’indigner de voir nos enfants supporter le poids de trois générations (parents, grands-parents et enfants) tout en travaillant et en gagnant à peine de quoi vivre ? Éduqués à l’époque de la morale républicaine à l’école, du catéchisme et des colos communistes, la plupart d’entre nous sommes capables de penser au bien commun avant le nôtre, et c’est pour cela que nous lisons Marianne ! »