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J’entends, depuis ce matin, des éloges triomphants adressés au Paris-Saint-Germain. L’émotion est vive, les drapeaux sont de sortie, les journaux parlent de « victoire française », de « gloire nationale ». On brandit ce succès comme s’il s’agissait d’un exploit tricolore, un moment d’unité, un symbole de notre grandeur collective.

Et pourtant, il faut le dire clairement : non, le PSG n’est pas la France.

Ce club, aussi performant soit-il sur les pelouses européennes, ne peut en aucun cas incarner l’identité sportive nationale. Sa structure n’a plus rien de français, ni dans son financement, ni dans sa gouvernance, ni même dans sa culture. Le PSG, aujourd’hui, c’est avant tout un projet qatari. Un projet conçu, financé et dirigé depuis Doha, avec une logique d’influence, de vitrine, et de puissance douce (soft power comme ils disent !).

C’est aussi une équipe cosmopolite — ce qui n’est pas un mal en soi — mais, il faut le reconnaître, elle n’a rien d’un reflet fidèle de notre football national. On y trouve un gardien italien, un latéral marocain, un ailier géorgien, un milieu coréen, un défenseur brésilien, un jeune talent équatorien… Bien sûr, quelques joueurs portugais et espagnols pour équilibrer. Des Français ? Très peu. Des Parisiens ? Aucun. Une formation locale ? Marginale.

Alors pourquoi cet emballement ? Pourquoi cette illusion que cette victoire serait celle de la France ? Parce qu’on confond, à tort, un club domicilié à Paris avec un club « français » dans l’âme. Parce que le marketing est puissant, parce que les images font vibrer, parce que l’habillage tricolore des commentateurs est plus séduisant que la réalité économique et politique qui sous-tend ce club.

Et pour couronner cette imposture, voilà que des scènes de liesse dégénèrent en chaos. Les Champs-Élysées transformés en champ de bataille, les vitrines brisées, les voitures renversées, les forces de l’ordre caillassées. À chaque victoire de ce club, le même scénario : un triomphe sur le terrain suivi d’un naufrage dans la rue. Est-ce cela, la « fierté française » ? Est-ce ainsi que l’on célèbre une réussite sportive ? Dans le désordre, l’outrance, l’irrespect des lieux, des personnes, des symboles ? Ce n’est pas la France, non. Ce n’est pas notre héritage républicain, pas notre sens de la mesure, ni notre goût du respect et de la responsabilité.

Ce n’est pas faire preuve de mauvais esprit que de le dire. Ce n’est pas nier le talent des joueurs ou la qualité du jeu. Mais c’est refuser de se laisser emporter par une euphorie artificielle qui ne dit rien, en vérité, de l’état de notre football, ni de la vitalité de notre formation, ni du rayonnement réel de nos valeurs sportives.

Félicitons les joueurs, oui. Admirons le spectacle, pourquoi pas. Mais de grâce, n’en faisons pas une affaire d’honneur national. Car cette victoire n’est pas celle de la France. C’est celle d’un modèle globalisé, financiarisé, déterritorialisé. Le PSG ne dit rien de nous. Ou peut-être, justement, dit-il tout ce que nous préférons ne pas voir.

Jean-Jacques Fifre