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Peu après la sortie de son dernier film L'art d'être heureux, une comédie avec Benoît Poelvoorde et Camille Cottin, Stefan Liberski, revient au roman avec Néron rouge, une farce ironique, et en réalité tragique, sur notre époque.
L'auteur d'Une grande actrice (publié aussi chez Onlit Éditions en 2021) annonce d'emblée la couleur avec en couverture une main rouge au petit doigt dressé comme on le faisait jadis dans les milieux huppés, en prenant le thé. Mais dans le roman de Liberski, c'est le geste que son antihéros, Néron Favola, fait pour prévenir que ce qu'il dit est de l'humour, à prendre au deuxième voire au dixième degré.
Nous voilà prévenus, Néron est excessif, pitoyable, un "con", mais c'est pour mieux exprimer toutes les contradictions de notre époque et les états d'âme d'une masculinité blanche d'aujourd'hui qui ne sait plus à quelle ligne se raccrocher. Un équivalent en roman d'une caricature de Daumier. Et dans ce genre, Liberski navigue avec aisance pour nous faire sourire, en moraliste des travers de notre époque.
Le grand Schtroumpf est un dictateur au pouvoir absolu.
Néron Favola a hérité d'un petit patrimoine qui lui permet de ne pas devoir travailler. Mais il rêve de "réussir sa vie", de devenir célèbre, d'être "un homme bien". Mais pour cela il doit convaincre ses contemporains, et qu'est-ce que c'est d'être "un homme bien" ? Il hésite, il hume tous les vents pour savoir ce qu'il faut penser, il argumente tour à tour en faveur de thèses opposées croyant être alors dans le bon sens de l'Histoire.
Pathétique
Il veut écrire un roman, intitulé un jour, Les requins, et une autre fois, La vie côté bon, mais il n'arrive jamais au-delà de la page 80. Il rêve de réaliser un film mais échoue toujours. Il lui reste son journal qu'on lit, ce sont ses mémoires au jour le jour, dans lequel on le voit sans cesse hésiter sur un mot, "est-il bien correct ?", "N'est-il pas offensant ?"
Son désir de reconnaissance arrive à l'inverse. "Tous les mots sont devenus suspects", écrit Liberski dans la bouche de Néron. Celui-ci aimerait tant "devenir une figure du pouvoir et de la subversion à la fois", "être reconnu et bousculer les tabous."
Néron s'écrie : "Créer ! Ah, créer ! Quelle joie mais aussi quelle souffrance". Il ne parvient déjà pas à garder l'estime de sa femme qui travaille pour le cinéma dans une firme malicieusement nommée Maffia films et qui prépare un film intitulé Viol et réchauffement climatique. On reste bien dans la farce.
Stefan Liberski raconte l'histoire drôle et cruelle d'une mère devenue un monstre d'égoïsme.Il a peur de se confronter à ce qui serait la "bonne pensée" mais qu'il ne voit pas clairement.
Liberski n'hésite pas à reprendre dans la bouche de Néron les arguments éculés de ceux qui se disent antiwokistes. Son héros dresse un inventaire des phobies possibles comme "l'enbyphobie" ou "la phobie des vieillards blancs non-binaires".
Néron veut tant plaire qu'il croit devoir affirmer "J'ai mal à la France, mal à la Belgique, à l'Europe, à l'Occident, j'ai carrément mal à l'homme blanc." Il voudrait tant montrer qu'il n'est ni raciste, ni homophobe, … ni rien finalement.
⇒ Néron rouge | Roman | Stefan Liberski | Onlit Éditions, 250 pp., 22 €
EXTRAIT
"Non, je ne veux pas que tu m'applaudisses, Julie. Mais j'aimerais que tu reconnaisses au moins que je suis une personne qui accepte d'être dévalorisée en tant que mâle blanc. J'ose espérer que tu t'en es aperçue au cours de nos années de vie commune. Je soutiens, et tu le sais, que c'est au tour des femmes d'être valorisées. Des femmes, des Noirs, des transgenres, enfin de tous ceux que mes ancêtres ont opprimés."
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