Le septuagénaire était accusé d'avoir commis des viols et agressions sexuelles sur 299 personnes, dont une large majorité de patients mineurs au moment des faits, de 1989 à 2014. Il ne fera pas appel.

La rédaction avec AFP - Aujourd'hui à 14:40 | mis à jour aujourd'hui à 16:07 - Temps de lecture :

Le jour de l'ouverture du procès en février. Dessin Sipa/AP/Valentin Pasquier

Le jour de l'ouverture du procès en février. Dessin Sipa/AP/Valentin Pasquier

Après trois mois d'audience, l'heure du verdict. L'ex-chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, qui encourait la peine maximale de 20 ans de prison pour viols et agressions sexuelles, a été condamné ce mercredi à 20 ans de réclusion, dont deux tiers de peine de sûreté. Il a annoncé qu'il ne fera pas appel.

Cet homme aujourd'hui âgé de 74 ans, qualifié de « diable » par l'avocat général, était accusé d'avoir commis des viols et agressions sexuelles sur 299 personnes, dont une large majorité de patients mineurs au moment des faits, de 1989 à 2014. « Il a été tenu compte que les faits commis sont d'une particulière gravité en raison à la fois du nombre de victimes, de leur jeune âge et du caractère compulsif » des actes de l'ancien chirurgien, a indiqué la cour criminelle du Morbihan dans son délibéré.

Pas de rétention de sureté

Joël Le Scouarnec échappe à la rétention de sûreté, mesure qui permet de placer dans un centre un criminel présentant un risque élevé de récidive après la fin de sa peine, compte tenu notamment de sa « volonté de réparer » et de son âge. L'avocat général Stéphane Kellenberger avait requis contre lui la peine maximale de 20 ans de réclusion assortie de cette rétention de sûreté, une mesure rare. Pour Manon Lemoine, que Joël Le Scouarnec a reconnu avoir violée à l'âge de 11 ans, l'adoption de cette mesure par la cour était « le véritable enjeu » du verdict. « Si [elle] n'est pas prononcée, c'est une honte », a-t-elle déclaré avant le verdict.

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Durant le procès, l'accusé avait reconnu l'ensemble des faits, endossant également la responsabilité pour la mort de deux victimes, l'une par overdose et l'autre par suicide. « À la cour, je ne sollicite aucune mansuétude. Accordez-moi simplement le droit de devenir meilleur et de reconquérir cette part d'humanité qui m'a tellement fait défaut », a demandé l'accusé, invité lundi une dernière fois à prendre la parole au terme de ce procès débuté le 24 février.

 « Vous êtes le pire pédophile de masse qui ait jamais existé »

« Archi-coupable », il « ne demande pas à échapper à la peine requise par l'avocat général », avait affirmé l'un des avocats de la défense, Me Maxime Tessier, estimant que son client est allé « le plus loin dans ce qu’on peut attendre d'un accusé devant la cour criminelle ». Il a « le droit à la repentance », avait-il rappelé.

Tout au long du procès, Joël Le Scouarnec a voulu « avancer et réparer », une « démarche volontaire », a plaidé lundi Me Thibaut Kurzawa, l'un de ses conseils. Certains avocats des parties civiles y ont vu eux un simple tour de passe-passe : « reconnaître tout, c'est ne rien reconnaître », a ainsi remarqué Me Giovanni Bertho-Briand. « Vous êtes le pire pédophile de masse qui ait jamais existé [...] la bombe atomique de la pédophilie », a lancé Me Thomas Delaby. « Il nous a été martelé votre grande repentance, la grande sérénade de "j'ai changé", s'est agacé Me Delphine Caro. Mais à qui ferez-vous croire que vous avez changé ? »

Ce procès ne sera vraisemblablement pas le dernier de l'ex-chirurgien pédocriminel : « il y aura probablement une autre procédure », notamment sur les victimes encore non identifiées, a lancé l'avocat général lors de ses réquisitions.

Photo Sipa/AP/Matthieu Pattier

Les victimes se mobilisent

Un collectif de victimes a manifesté devant le tribunal judiciaire en début d'après-midi. Une rencontre aura lieu le 11 juin avec le ministre de la Santé Yannick Neuder, a annoncé Manon Lemoine, membre de ce collectif qui dénonce le « silence politique » entourant le procès.