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C’est une des façons les plus efficaces d’inciter les gens à produire moins de déchets : les faire payer en fonction de la quantité d’ordures qu’ils envoient au dépotoir. En pleine année électorale, les élus municipaux, notamment à Montréal, hésitent toutefois à imposer cette solution impopulaire, même si les sites d’enfouissement sont remplis au maximum.
Une poignée de villes québécoises, dont Beaconsfield, dans l’ouest de l’île de Montréal, ont instauré avec succès la tarification incitative des ordures, aussi appelée tarification à l’acte. Plus les résidents envoient de déchets à l’enfouissement, plus leur facture pour la collecte est élevée.
Après avoir étudié la question pendant cinq ans, l’administration de Valérie Plante exclut pour le moment de recourir à cette mesure d’écofiscalité à Montréal, a appris Le Devoir. Pour réduire la quantité de déchets envoyés au dépotoir, la Ville mise d’abord sur l’espacement de la collecte des ordures ménagères toutes les deux semaines et sur une hausse de la participation à la collecte des matières organiques, par le bac brun.
« Nous sommes dans les phases préliminaires d’exploration [en matière de tarification] », affirme Marie-Andrée Mauger, mairesse de l’arrondissement de Verdun et responsable de l’environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal.
« On y a porté une certaine attention [à la tarification], mais ce qu’on a vu, c’est qu’il est recommandé, dans une première étape, d’avoir d’abord mis en place l’espacement de la collecte aux deux semaines », précise-t-elle.
Il est vrai que le consensus scientifique, en matière de gestion des déchets, considère la tarification incitative comme la dernière étape en vue de réduire de façon importante la quantité d’ordures destinées à l’enfouissement. Avant de punir les délinquants qui refusent de recycler ou de composter, il faut leur offrir la collecte du bac bleu (ou vert), pour le recyclage, et du bac brun, pour le compostage des restes de table.
La Ville aura déployé la collecte du bac brun sur presque tout le territoire montréalais à la fin de l’année 2025, souligne Marie-Andrée Mauger. Le bac de recyclage est déjà présent partout. Quant à la collecte des ordures toutes les deux semaines, l’objectif reste de l’étendre à toute la ville d’ici 2029.
Résistance citoyenne
Le parti Ensemble Montréal, qui forme l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, est d’accord avec la décision de l’administration Plante de ne pas imposer la tarification en fonction du volume de déchets envoyés à l’enfouissement. « Il faut faire de l’éducation plutôt que de punir les citoyens », dit Stephanie Valenzuela, porte-parole de l’opposition en matière d’environnement.
La Ville a du pain sur la planche pour faire connaître sa vision d’enfouir « zéro déchet » d’ici 2030, rappelle l’élue municipale. À peine la moitié des Montréalais participent à la collecte des matières organiques par l’entremise du bac brun. Et la majorité (54 %) s’oppose à la collecte des ordures deux fois par mois plutôt que chaque semaine.
En cette année d’élections municipales, les Montréalais restent aussi opposés à la tarification incitative de la collecte des ordures, révèle un sondage commandé par la Ville, que Le Devoir a pu consulter. Près de la moitié (49 %) des répondants s’opposent à cette mesure, « qui consiste à faire payer les citoyens en fonction des quantités de déchets jetés à la poubelle, pour valoriser la réduction de la consommation, la réutilisation et le recyclage ».
On dirait La petite vie
Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), est convaincu que les municipalités — y compris Montréal — doivent redoubler d’efforts pour promouvoir les bonnes pratiques en matière de gestion des ordures. « Quand on touche aux vidanges, la réaction des gens devient épidermique. On se croirait vraiment dans un épisode de La petite vie », dit-il.
Cet observateur aguerri de la gestion des déchets estime qu’il est « trop facile de tout mettre à la poubelle » au Québec. Il estime que les municipalités doivent en faire plus pour inciter les gens à participer aux collectes du bac bleu et du bac brun. Et pour qu’ils arrêtent de mettre leurs déchets sur le trottoir n’importe quand, sans tenir compte de l’horaire de la collecte, ce qui rend les lieux insalubres et favorise la présence de rats.
La tarification incitative « fonctionne bien », assure Karel Ménard. Cette mesure est très rare au Québec, mais répandue ailleurs dans le monde, notamment en Europe et en Asie. La tarification en fonction du volume de déchets « ne vise pas à embêter les gens » — les propriétaires paient déjà une taxe pour la collecte des ordures —, mais protège l’environnement et fait économiser des fonds publics à cause de la réduction de la quantité de déchets à enfouir.
Les rares villes québécoises qui ont instauré ce mode de tarification de la collecte des déchets — notamment Gatineau, Lorraine et la MRC du Rocher-Percé — ont noté une baisse du volume d’ordures envoyées à l’enfouissement, confirme RECYC-QUÉBEC. Cette saine gestion des déchets peut même devenir une source de fierté pour les résidents, souligne l’organisme.