Language

         

 Publicité par Adpathway

Monteverdi, des péchés à l’extase

3 day_ago 22

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

Leonardo García Alarcón et sa Cappella Mediterranea donnaient mardi à l’Église de Saint-Jacques leur second concert dans le cadre du Festival de Lanaudière 2025. L’ensorcelant programme « Monteverdi et les sept péchés capitaux » découlait très directement du CD éponyme sacré « disque de l’année 2016 » par Le Devoir et offrait un écho très direct à la représentation, dimanche, du Couronnement de Poppée.

En commentant la présentation en concert de l’opéra de Monteverdi, Le couronnement de Poppée, nous écrivions du livret de Giovanni Francesco Busenello qu’il était une « leçon de vie sur la nature humaine », et cela même si la moralité de l’histoire est très à l’inverse de ce qu’on est en droit de s’attendre d’un opéra de l’époque (tuez, écrasez, méprisez et volez ; vous connaîtrez la rédemption par l’amour).

Révolutionnaire

Dans un entretien avec Leonardo García Alarcón, « La révolution Monteverdi », en 2023, le chef avait expliqué aux lecteurs du Devoir comment Monteverdi a changé le cours de l’Histoire de la musique. « Monteverdi invente la dissonance attaquée sans préparation. À cette grande invention, il ajoute celle de l’accélération et de la décélération du tactus à l’intérieur des pièces. Dès l’arrivée du madrigal, ce tactus (pulsation) change en relation avec l’affect. C’est quelque chose de très nouveau. […] Monteverdi est le grand peintre de l’affect »

S’il y a affect, il y a émotion et l’on peut donc trouver, aisément, dans l’œuvre de Monteverdi illustration de l’espérance, de la lamentation, de l’arrogance ou de la colère. Tout cela est renforcé par les instruments. Ainsi à l’opéra Monteverdi met au rencard la viole de gambe au profit du violon, plus théâtral. Cette importance des timbres en regard des situations dramatiques ou comiques était manifeste dimanche. Au-delà de l’affect primaire, ce sont des traits de caractère, et donc des péchés, qui peuvent être illustrés : avarice, luxure, paresse, envie, orgueil, gourmandise, colère.

On l’a dit, airs et scènes du Couronnement de Poppée offrent un substrat particulièrement riche pour illustrer des facettes de la nature humaine. Les madrigaux, notamment, proposent un éclairage supplémentaire pour un programme de concert dans lequel le chef introduit les éléments (feu, terre, eau). Et comme bréviaire de vertu, le recueil de la Selva morale propose le complément.

Comme le chef le dit si bien dans le préambule de son CD, la conceptualisation des théories monteverdiennes formulées dans le préambule du 8e Livre de Madrigaux obéit à ses deux visées en tant que compositeur : rationaliser les émotions par la musique et réfléchir sur la vanité humaine.

Médiation insuffisante

Il était évidemment intéressant, mardi, de mettre une loupe sur certains extraits de l’œuvre entendue dimanche, sous un prisme aussi directif. Le concert a été lumineux, musicalement fascinant et subjuguant. Mais il manquait tout de même une facilitation didactique. Voir des artistes chanter avec tout leur cœur en italien au fil d’un programme que l’on présuppose savant dont les étapes ont des titres en italien est intéressant mais demande un effort de médiation. Bon, la speranza, on comprend que c’est l’espérance mais l’accida, il faut de l’imagination pour deviner que c’est la paresse, la gola la gourmandise et la castita la chasteté.

Bref, il est évident que, tout comme pour Los Elementos de Literes au Festival Montréal Baroque, sans forcément mettre toutes les paroles, il convenait de fournir au moins une feuille grand format recto verso avec les « chapitres musicaux » en français, le titre de l’air ou du madrigal qui l’illustrait et le résumé de ce que celui-ci racontait ou sa contextualisation. Suivre la logique des choses est devenu encore plus complexe en seconde partie, puisque le chef s’est mis à chambouler l’ordre des airs, la tempérance s’intervertissant avec la colère, la gourmandise et l’air d’Orfeo étant aussi reculés dans le programme.

Ce qui aurait pu et dû être mieux expliqué a été suivi par le public, avec fascination, « à l’instinct ». Les auditeurs se sont laissés happer par ces univers expressifs si habilement entrelacés. Car Leonardo García Alarcón connaît son Monteverdi et ses effets dans tous les recoins. Ainsi la fin de la 1re partie du concert restera gravée dans la mémoire de tous.

Expériences

Sous l’égide de l’orgueil (« La Superbia ») nous entendons la scène, génialement contemporaine, où Neron dit à Sénèque qu’il veut agir à sa guise (« La raison est une mesure rigoureuse pour ceux qui obéissent, pas pour ceux qui commandent »). Plus tard Néron ordonnera à Sénèque de mourir. De cette mort de Sénèque le programme annonce le « Non morir, Seneca », mais le chef n’en garde que l’incroyable introduction orchestrale (les tensions harmoniques !), pour déboucher sur le duo Néron-Lucain. Et là, coup de génie : enchaînement harmonique absolument tétanisant entre la fin de cette scène et le Lamento de la Ninfa, chanté en transe par Mariana Flores. La chanteuse rééditera cette prouesse dans « S’apre la tomba » à la fin de la seconde partie.

Sur le plan musical, le concert de mardi nous apportait quelques intéressantes expériences, puisque, dans les extraits précités, Christopher Lowrey, qui chantait Othon lors de la représentation de dimanche, incarnait Néron, un Empereur plus insidieux, moins tranchant, alors que le duo Néron-Lucain, chanté par les deux ténors Samuel Bode et Valerio Contaldo, était bien moins ambigu que dimanche.

Le splendide Si dolce e l’tormento de Juliette Mey (la prodigalité) a servi de rappel en fin de concert. Comme très souvent, Leonardo García Alarcón a utilisé l’espace de la magnifique église de Saint-Jacques pour jouer avec l’acoustique, notamment dans les réponses en écho du Lamento della Ninfa et dans le Madrigal à deux sopranos illustrant la chasteté, les deux sopranos se répondant en hauteur de part et d’autre de la nef. Nous avons, contrairement à dimanche, profité des « vraies voix » qui n’étaient pas amplifiées. La basse Edward Grint était toujours aussi impressionnante, mais ne se fondait pas très bien dans les madrigaux à 5 voix.

Ce retour de Leonardo García Alarcón et de la Capella Mediterranea et ce retour du Festival à Saint-Jacques, dans cette fastueuse église à la merveilleuse acoustique, resteront dans les mémoires, assurément. Concernant Leonardo García Alarcón, il manque désormais un opéra à la trilogie : Le retour d’Ulysse.

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway