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« Je ne suis pas content de ce que j’ai vu ces derniers jours. »
Ces mots, prononcés par le chef de l’État, tombent comme un jouet cassé sur le carrelage de la République. Non pas le grondement souverain d’un monarque éclairé, mais plutôt le soupir d’un enfant qui, rentrant du jardin, découvre que ses petits soldats n’obéissent plus. Un « je ne suis pas content » de cour de récré.  Caprice de Jupiter ou bouderie de Louis XV à la cantine ?

Monsieur le Président, puisque nous en sommes à partager nos humeurs, laissez-nous vous répondre, calmement et avec tout le respect dû à l’hôte élyséen du moment  : nous non plus, nous ne sommes pas contents. Et cela ne date pas « de ces derniers jours ».

Nous ne sommes pas contents, Monsieur le Président,

… de vos Zones à faibles émissions qui chassent de la ville les modestes, les vieux, les travailleurs. À croire qu’on veut faire de nos cités des réserves de trottinettes, des enclos pour cadres à vélos électriques, pendant que la France des artisans, des aides-soignantes, des livreurs et des ouvriers reste à la porte, moteur coupé, poings serrés.

Nous ne sommes pas contents, Monsieur le Président,

… de MaPrimeRénov’, ce piège administratif sournois, cette usine à gaz pour bobos en attente de déduction fiscale. Ah ! cette idée géniale de vouloir « rénovation énergétique pour tous »… sauf que personne n’y comprend rien, les devis explosent, les délais s’allongent, et les arnaques fleurissent plus vite que les glycines sur les maisons mal isolées.

Nous ne sommes pas contents, Monsieur le Président,

… de cette gouvernance par décret, de cette verticalité robotique où tout semble décidé depuis un logiciel logé dans votre cerveau, alimenté à la start-up nation et au taux d’acceptabilité sociale. Vous gouvernez comme un trader pilote un algorithme : sans le regard, sans l’odeur du peuple.

Nous ne sommes pas contents,

… de la France que vous dessinez, technocratique, hors-sol, connectée au cloud mais déconnectée du réel. Une France d’alertes numériques, de QR codes citoyens, de normes climatiques si pures qu’elles en deviennent inhumaines.

Nous ne sommes pas contents,

… de votre art consommé d’appauvrir les esprits en croyant les éduquer à coups de comités, de slogans et de « résilience ». Il y a, dans votre façon de parler au pays, l’air condescendant du jeune professeur de finance qui croit rééduquer une classe d’illettrés.

Nous ne sommes pas contents,

… de votre laxisme migratoire qui chaque jour un peu plus oublie nos principes civilisationnels au profit d’un remplacement de population dont plus personne ne nie la réalité.

Nous ne sommes pas contents,

…de l’état de délabrement des comptes publics qui obère l’avenir immédiat et plus lointain celui de nos enfants et qui menace de voir la France sous tutelle par le seul effet de votre « quoi qu’il en coûte ».

Monsieur le Président,

Si vous n’êtes pas content, alors permettez que nous le soyons encore moins. Parce que vous, vous vous plaignez depuis un bureau doré. Nous, nous râlons depuis la pompe à essence, la file de l’hôpital, la maison mal chauffée quand, de surcroît, nous risquons à tout moment d’être agressés par les petits anges venus d’ailleurs et dont vous prônez la chance infinie qu’ils seraient pour la France.

Nous, nous n’avons pas l’ultime, exorbitant et singulier privilège d’être Jupiter.
Nous sommes seulement français.

Mais tenez-vous bien : cela devrait suffire.

Jean-Jacques Fifre