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Moins égocentrique, plus sacrificiel, mais tout aussi incontrôlable : le mensonge prend une tournure inattendue dans Menteuse, nouveau chapitre issu de l’univers de Menteur, sorti en 2019, imaginé par le cinéaste Émile Gaudreault avec le concours d’Éric K. Boulianne et de Sébastien Ravary au scénario. Cette fois, ce n’est pas Simon (Louis-José Houde, dans le premier volet), mais sa belle-sœur Virginie Gauthier — incarnée par une Anne-Élisabeth Bossé au sommet —, qui se retrouve rattrapée par ses propres fabulations, celles-ci devenant, soudainement, réalité.
Virginie n’invente pas des histoires pour briller ou pour manipuler ses proches. Elle ment plutôt pour ne pas blesser, pour éviter le conflit, pour préserver l’illusion d’un monde paisible où son entourage s’aime et s’entend. Elle ment, en somme, par abnégation. Aussi inoffensive soit l’intention, les conséquences s’avèrent quant à elles, comme pour n’importe quel mensonge, vertigineuses : un à un, ses petits et grands mensonges blancs brouillent les repères et propulsent les personnages dans une série de réalités parallèles où les relations, les personnalités et les vocations basculent sans avertissement.
Photo: Immina Films
Le point de départ est absurde et c’est tant mieux. Car Menteuse choisit d’embrasser cette folie douce, en jonglant habilement entre comédie de mœurs et science-fiction ludique. L’humour s’y décline sous plusieurs formes : comique de répétition, satire bien sentie, dialogues ciselés et détournements d’attentes. La mise en scène reste claire, dynamique et efficace, même lorsque le récit se fragmente dans le multivers.
Le spectateur n’est jamais perdu et rit souvent. Menteuse s’impose ainsi comme une comédie québécoise maîtrisée et humaine destinée à celles et ceux qui cherchent à se changer les idées… et à réfléchir un peu.
Charge émotionnelle
Ce qui surprend, notamment, c’est la charge émotionnelle qui émerge progressivement. Le film aurait pu se contenter d’être un vaudeville 2.0, mais il choisit de creuser, avec tendresse, les insécurités et les contradictions de son héroïne. Virginie, en s’enfonçant dans ses histoires, finit par comprendre qu’elle s’est toujours menti à elle-même — en étouffant ses besoins, ses colères, ses désirs. La comédie devient touchante, parfois même émouvante.
Par ailleurs, jamais le long métrage ne cherche à faire l’apologie du mensonge. Au contraire, il en montre les ravages avec clarté, tout en faisant place à une forme de pardon et de réinvention.
Soulignons que le duo formé par Anne-Élisabeth Bossé et Antoine Bertrand, son compagnon à l’écran, porte le film avec aplomb. Elle, tout en finesse nerveuse, lui, en roc doux et déconcerté. Leurs jeux se complètent, s’enlacent, se répondent. Autour d’eux, une distribution de haut calibre — Rémy Girard, Catherine Chabot, Didier Lucien et les autres — multiplie les répliques savoureuses. On sent une belle cohésion, une volonté de jouer ensemble, même quand les univers éclatent.
Photo: Immina Films
Menteuse est enfin un film populaire, accessible et sincère qui ne tient pas son public pour acquis. Sous une légèreté apparente, on y parle tout de même d’un vrai mal contemporain : l’incapacité de dire ce qu’on pense, de peur de froisser les autres, surtout quand on est une femme.
S’il prolonge un monde mis en place dans Menteur, le film parvient à exister de façon autonome. En remplaçant le narcissisme par la conciliation, Menteuse modifie l’angle sans trahir l’idée originale. On comprend rapidement que le terrain narratif d’Émile Gaudreault s’avère fertile, et pourrait même susciter d’autres variations. Après tout, Virginie est loin d’être la seule à mentir…