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Le document dévoilé mercredi soir par le premier ministre du Canada, Mark Carney, n’est pas une vraie « lettre de mandat » et s’apparente davantage à un résumé superficiel de la plateforme libérale, estiment des politologues consultés par Le Devoir.
Lorsque le professeur de sciences politiques Emmett Macfarlane a pris connaissance de l’unique lettre signée par le premier ministre libéral et envoyée à l’identique à tous ses ministres, il a décidé de prendre le clavier. « Ce n’est pas une lettre de mandat. Ce n’est qu’une déclaration », a-t-il publié sur le réseau social Bluesky.
« Cette déclaration est très vague, et est très loin de comporter le niveau de détails auquel on peut s’attendre d’une lettre de mandat », explique dans un appel au Devoir celui qui enseigne à l’Université de Waterloo, en Ontario.
En arrivant au pouvoir, en 2015, l’ex-premier ministre Justin Trudeau avait décidé de rendre publics les documents individuels qui précisaient ses attentes envers chaque ministre. Intitulés « lettres de mandat », ces documents personnalisés permettent normalement de comprendre la tâche exacte de tout le monde au cabinet.
Élu il y a un peu plus de trois semaines, Mark Carney a plutôt décidé mercredi de publier un document d’un peu moins de 1000 mots centré sur une courte liste de sept priorités valables pour toute l’équipe du Conseil des ministres. En tête de liste se trouve « établir de nouveaux rapports avec les États-Unis dans les domaines de l’économie et de la sécurité », par exemple.
M. Carney a aussi pour priorités d’abattre les obstacles au commerce interprovincial, de réduire le coût de la vie, de rendre les logements abordables, d’augmenter les dépenses militaires, d’abaisser les niveaux d’immigration et de rationaliser les dépenses gouvernementales. « Voilà comment nous allons construire [ce pays] encore mieux. Il est temps de construire, de construire en grand, de construire audacieusement, de construire maintenant », a-t-il déclaré mercredi devant les journalistes lors d’un point de presse en début de soirée.
Encore plus vague
« Pour moi, ce n’est pas une lettre de mandat. Et on n’en saura pas plus sur la tâche des ministres », prédit elle aussi Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
Elle attire l’attention sur un passage de la lettre qui demande aux ministres de faire preuve de leadership et de prendre des actions décisives. « Vous devez déterminer comment vous pouvez contribuer précisément à ces missions », leur commande directement Mark Carney. « Pour moi, c’est “arrangez-vous et donnez-nous des résultats” », commente Mme Tellier, qui voit par ailleurs d’un bon œil l’effort de « décentraliser, mais en responsabilisant », les responsables gouvernementaux.
Selon son collègue Emmett Macfarlane, toutefois, l’exercice ne passe pas le test de la transparence. « Cette déclaration de politique est encore plus vague que la plateforme libérale de la campagne ! Je vois ça comme un grand pas en arrière pour la transparence », dénonce-t-il.
De nouveaux portfolios entiers ont pourtant été ajoutés à la formation du cabinet Carney le 13 mai. Par exemple, parmi les 28 ministres et 10 secrétaires d’État se trouvent pour la première fois un ministre de l’Intelligence artificielle (IA) et de l’Innovation numérique. Le tout nouveau poste est occupé par le nouveau député de Toronto-Centre, l’ex-journaliste Evan Solomon. Comme tous les autres ministres, il n’a pas été placé devant les journalistes après son serment, contrairement à la tradition.
Quel sera son travail ? La « lettre de mandat » unique envoyée mercredi à tout le cabinet précise que les Canadiens devront être formés sur cette technologie et que le gouvernement devra déployer l’IA à grande échelle, mais que le gouvernement entend utiliser « les rares deniers publics pour favoriser la multiplicité des investissements privés ». Il n’est pas précisé si toutes ces missions incombent au ministre ou si elles seront partagées entre plusieurs. Il n’y a rien non plus sur la façon d’y parvenir.
Les experts consultés croient possible que les ministres reçoivent un autre document, possiblement une vraie lettre de mandat personnalisée gardée secrète, ou que leur tâche spécifique leur soit communiquée lors de réunions à huis clos. D’autres gouvernements, comme celui de François Legault au Québec ou celui de Doug Ford en Ontario, gardent secrètes les lettres de mandat destinées aux ministres.