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Majed al Ansari : “L’aide humanitaire ne devrait pas être un levier de négociation”

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Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, le Qatar est au centre des efforts diplomatiques qui visent à y mettre un terme. Pour Majed al Ansari, le conseiller du Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani qui mène l'équipe de négociateurs qataris, Doha tablait sur "l'élan" créé par la libération d'Edan Alexander, l'otage israélo-américain relâché par le Hamas le 12 mai, pour parvenir a minima à un nouvel accord de cessez-le-feu, le troisième en près de vingt mois… Il n'en est toujours rien, Israël préférant poursuivre ses bombardements, qui tuent chaque jour des dizaines d'habitants. Là où M. al Ansari distingue, en revanche, un nouvel espoir, c'est dans l'indignation de plus en plus répandue dans la communauté internationale face à l'utilisation par Israël de l'aide humanitaire comme arme de guerre et comme levier de négociation.

"Nous applaudissons l'Union européenne d'avoir commencé à discuter de sanctions, comme la révision de l'accord d'association avec Israël. Nous applaudissons les Britanniques pour avoir reconsidéré leurs ventes d'armes à Israël et l'accord de libre-échange. C'est ce type de pressions qui montrerait au gouvernement israélien que l'impunité ne peut être illimitée", estime Majed al Anasari, qui est aussi le porte-parole des Affaires étrangères, que chapeaute le Premier ministre. Nous l'avons rencontré lors de sa visite à Bruxelles, en provenance de Téhéran.

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Lors de la visite de Donald Trump dans le Golfe mi-mai, le Qatar a-t-il conditionné les accords commerciaux et financiers conclus à une mise sous pression accrue d'Israël par les États-Unis ?

Non. Nous avons toujours séparé nos relations économiques, commerciales, de nos relations politiques. Lors de la rupture dans le Golfe (le blocus du Qatar par l'Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis durant près de quatre ans, NdlR), nous avons continué à fournir du gaz naturel aux Émirats arabes unis durant toute cette période. Notre relation avec les États-Unis est à multiples facettes. Nous avons une relation économique très forte, avec des investissements des deux côtés, dans l'énergie. Nous avons des liens sécuritaires solides avec la base d'Al Oudeid, et nous travaillons en étroite collaboration sur beaucoup de questions régionales, dont (le dossier nucléaire de) l'Iran, la guerre Russie-Ukraine, la question palestinienne. Si nous utilisions notre pouvoir économique pour obtenir des résultats, nous serions accusés de détournement de fonds, et si nous ne le faisons pas, nous sommes accusés d'être trop faibles et de ne pas faire ce que nous devrions.

Notre principal intérêt dans le Golfe est de préserver l'intégrité de nos économies et d'assurer la prospérité des futures générations. Nous ne voulons pas que nos économies – je suis désolé, je sais qu'en Europe cela arrive parfois – soient subordonnées à nos politiques étrangères. Les générations à venir ne nous demanderont pas pourquoi nous n'avons pas utilisé notre argent pour mettre fin au conflit entre l'Iran et les États-Unis. Elles vont demander où est notre argent. C'est ce que nous voulons garantir. Et cela tient à notre réputation et nos marchés énergétiques.

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La prospérité du Golfe est donc plus importante qu'un État palestinien et une paix régionale qui, elle aussi, est un facteur de prospérité ?

Lorsque nous envisagions l'utilité de ce dossier pour notre réputation, son Altesse (l'émir) a dit dès le début à l'équipe concernée que si une vie peut être sauvée par les efforts qatariens, il ne lui permettrait pas de s'éloigner de ces efforts. Et c'est pourquoi la personne qui conduit les négociations au quotidien est le Premier ministre. Je me demande chez nos homologues européens si un Premier ministre est chef négociateur dans une quelconque facilitation de paix. Nous sommes sérieux quant à notre rôle de facilitateur. Nous sommes sérieux au sujet de la paix. Nous mettons nos propres ressources en jeu pour cela. Nous ne déléguons pas ou ne reléguons pas la responsabilité à quelqu'un d'autre. Et quand nous parvenons à des accords, nous n'y dérogeons pas.

Majed al Ansari, counselor of the Prime minister of Qatar and spokesperson of the Ministry of Foreign Affairs

©MFA OF QATAR
guillement

Une démocratie ne tire pas sur des civils simplement parce qu'elle le peut. Une démocratie n'assiège pas 2,3 millions de personnes et ne laisse pas mourir de faim ces gens sans répondre de ses actes."

Quand nous avons conclu l'accord entre Israël et le Hamas en 2014, 2021 et 2022, notre comité de reconstruction à Gaza a pris la responsabilité de reconstruire cet endroit. En Syrie, aujourd'hui, nous sommes l'un des plus importants appuis financiers dans la communauté internationale. Mais il est différent d'utiliser notre pouvoir économique de manière coercitive et de contraindre les parties à faire ce que nous souhaitons.

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M. Netanyahou a dit rouvrir les portes de la bande de Gaza à l'aide humanitaire pour des raisons "diplomatiques", répondant à la pression de ses alliés, dont il a besoin…

En effet. Je suis offusqué de cette reprise de l'aide à Gaza qui, avec neuf camions le premier jour, était essentiellement symbolique. Même avec une centaine de camions en deux jours, cela signifie que vous ne prenez pas au sérieux les questions posées par la communauté internationale. Il y a des mois, nous parlions de 500 à 700 camions par jour minimum pour subvenir aux besoins de base, alors que la situation était bien meilleure. L'aide humanitaire ne devrait pas être un levier de négociation. Cela ne ramènera pas les otages. Le manque de nourriture et de médicaments affecte les otages de la même manière qu'ils affectent les habitants de Gaza. Vous ne pouvez pas continuer de dire que c'est une pression qui fera céder le Hamas.

Par contre, la pression de l'Union européenne, qui veut remettre en cause le partenariat avec Israël, est bienvenue. Cela met la pression sur Netanyahou, Smotrich et d'autres en les isolant. Cela leur montre qu'ils ne sont pas au-dessus du droit humanitaire international et qu'ils n'auront pas de traitement préférentiel juste parce qu'ils sont israéliens. L'idée qu'Israël est la seule démocratie dans la région ne peut fonctionner que si Israël se comporte en tant que telle. Une démocratie ne tire pas sur des civils simplement parce qu'elle le peut. Une démocratie n'assiège pas 2,3 millions de personnes et ne laisse pas mourir de faim ces gens sans répondre de ses actes.

Ressentez-vous une pression de votre opinion publique au Qatar ?

L'opinion publique a désormais fusionné. Ce qui affecte l'opinion publique en Belgique est la même chose qui affecte l'opinion publique au Qatar. Ils voient les mêmes vidéos, ils passent par les mêmes fils d'info sur les réseaux sociaux. Par conséquent, le problème est qu'il y a une radicalisation de toute une génération de jeunes qui voient l'échec de la communauté internationale à mettre fin à des conflits qui tuent des civils. Cette génération a développé de la colère, une colère justifiée et dirigée contre les politiciens du monde, y compris le gouvernement du Qatar, celui de la Belgique et tous les autres gouvernements. Ce qui s'est passé à Washington hier (le meurtre de deux diplomates israéliens, jeudi 22 mai) est un exemple clair de ce qui se produit quand l'échec de l'ordre international pousse des gens à prendre les choses en main. Nous condamnons le meurtre de tout civil où qu'il ait lieu. Nous avons sonné l'alarme très fort depuis le début de cette guerre. Si nous ne travaillons pas à y mettre fin très rapidement, il y aura bientôt toute une génération qui n'aura que la haine, la vengeance et la peur comme moteurs.

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Quel rôle le Qatar joue-t-il dans les négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran visant à élaborer un nouvel accord nucléaire ?

Nous travaillons en tandem avec les Omanais. Oman assure la direction des négociations mais notre Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères d'Oman ont rencontré leur homologue iranien à Téhéran pour livrer les nouvelles idées venant des États-Unis. Nous travaillons à développer davantage d'idées. Nous voyons une grande opportunité que cette administration soit axée sur les résultats, orientée vers les affaires quand il s'agit de négocier. Sa principale différence est qu'elle est prête à discuter de tout avec n'importe qui.

guillement

Les droits de l'homme doivent être universels. Cela signifie qu'il y a des principes sur lesquelles nous devons tous être d'accord et qu'il faut être dur avec quiconque les viole."

Vous pouvez critiquer l'Administration Trump de toutes les manières que vous voulez mais, pour nous, c'est un grand changement positif. Ce niveau d'engagement est ce qui est nécessaire maintenant dans la plupart des conflits. Et c'est exactement ce que nous voulons faire avec l'administration américaine, qui a été très ouverte à (la possibilité de) rencontrer les Russes, les Iraniens, rencontrer directement le Hamas et les talibans. Et nous capitalisons sur cela.

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En quoi l'actuelle approche diplomatique américaine convient-elle au Qatar ?

Ce que nous faisons très bien au Qatar, c'est conclure des accords. Même avant le pétrole et l'énergie, nous étions des marchands de tortues ou des marchands maritimes. Nous vendions, achetions, déplacions des marchandises. Mon grand-père possédait un bateau qui transportait des dattes du Koweït, puis se rendait en Inde pour acheter du bois et ramenait ce bois en Afrique, puis revenait avec de l'or sur nos côtes. Donc, nous savons comment conclure des accords et quels accords doivent être conclus. Cette mentalité de négociation traditionnelle fait que nous parlons à tout le monde, en tenant compte de la culture, des antécédents, des besoins, des profits que chacun peut tirer. C'est ainsi que vous résolvez les problèmes dans la communauté internationale, pas sur le champ de bataille. L'anéantissement n'est pas une option, en aucun cas. Les conflits militaires se terminent à la table des négociations et cela nécessite des négociateurs ouverts aux nouvelles idées et courageux. Ce sont les leaders courageux qui ont des discussions difficiles et qui prennent les décisions difficiles au moment où personne ne s'y attend.

Quelle est la place des droits de l'homme dans ces négociations ? En Europe, on accorde beaucoup d'importance aux droits de l'homme…

Oui, c'est pourquoi vous êtes un grand allié d'Israël, n'est-ce pas ? Donc, pour le moment, il semble qu'il n'y ait pas beaucoup de place pour les droits de l'homme. Mais ces droits ne fonctionnent en tant que concept que lorsqu'ils s'appliquent à tous les êtres humains, partout. Chaque fois que nous essayons de faire la différence entre les êtres humains qui nous ressemblent et ceux qui ne nous ressemblent pas, alors ce concept s'écroule. Si on considère que les droits de l'homme à Gaza sont complexes, au point de ne pas les envisager, alors ils sont complexes partout… Les droits de l'homme doivent être universels. Cela signifie qu'il y a des principes sur lesquelles nous devons tous être d'accord et qu'il faut être dur avec quiconque les viole. Personne ne peut dicter des droits de l'homme à son image ; les sociétés se développent de différentes manières… Nous ne croyons pas à un déterminisme libéral pour le reste du monde. C'est un concept très eurocentré. Par conséquent, nous devons nous asseoir tous ensemble et nous accorder sur ces droits, aux premiers rangs desquels se trouvent le droit de vivre, en sécurité et sans oppression, le droit à l'autodétermination. Et, ensuite, nous pouvons aussi avoir une discussion sociale et politique sur d'autres choses.

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