Une bonne gifle, sur scène qui plus est. Le critique n’avait jamais eu droit à ce traitement. Mais au Théâtricul, dans le quartier de Chêne-Bourg à Genève, il était entre de bonnes mains. A ses côtés, sous les projecteurs brûlants, un homme et une femme, spectateurs ébaudis, eux aussi choisis par… un roi de la cascade, un champion du combat théâtral, le Tchèque Pavel Jancik. Cet homme a l’air placide comme un curiste de thalasso dans ce Comme ci ou comme ça, conçu par lui et son camarade Philippe Macasdar. Mais il a initié à la castagne les plus grands, Daniel Craig au hasard, oui ce corps en lame qui incarne James Bond. Alors le chroniqueur du soir se devait d’être «bondien». Et il l’a été, parole de giflé. C’est Pavel qui le dit.

Mais de quoi parle-t-on? De Comme ci ou comme ça, dialogue malicieux, à l’affiche jusqu’à dimanche, entre un metteur en scène abandonné de ses comédiens et un maître d’armes en quête d’emploi. Directeur galvanique du Théâtre Saint-Gervais entre 1994 et 2018, Philippe Macasdar a conçu avec Pavel Jancic une pièce qui lui ressemble, érudite et joueuse, éruptive en bordure de mélancolie, aimante sur les rivages du deuil. Celui qui a été, dans les années 1980, le collaborateur du metteur en scène Benno Besson, alors directeur de la Comédie de Genève, raccommode nos légendes théâtrales. C’est son art, illustré en 2022 par BB 100. Tribute to Benno Besson, conférence-spectacle où il retraçait, avec l’acteur Carlo Brandt, l’itinéraire d’une figure majeure de la scène européenne.