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Ils s’appellent Rosa, Maryam, Midj ou Merhan. Tous sont Iraniens et sont venus se réfugier en France il y a déjà de ça plusieurs années. Depuis quelques jours, ils assistent, impuissants, à la fuite de leurs proches des villes iraniennes bombardées par Israël. Si maintenir le lien avec leurs familles relève par moments du parcours du combattant, tous savent que cette guerre revêt un enjeu plus grand encore : la chute du régime des mollahs. « Marianne » est allée à leur rencontre.
Plus de réseaux sociaux, un accès à Internet plus que fluctuant et une télévision nationale bombardée… ces derniers jours, recevoir des nouvelles de sa famille relève du miracle pour les Iraniens résidant en France. Quand la connexion offre quelques minutes de répit pour échanger au-delà de l’état de santé de chacun, certains tentent une énième fois de convaincre leurs proches de fuir définitivement l’Iran.
Mais quand bien même certains le souhaiteraient, l’état des infrastructures ne le permet pas. « Presque 800 km de routes sont fermées. Il n’y a plus d’essence, et les routes sont bouchées par les embouteillages », explique Maryam, 54 ans, arrivée en France il y a 13 ans. Son futur mari, censé la rejoindre, est bloqué là-bas faute d’avoir reçu son passeport à temps.
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Les familles ont délaissé leur maison, leur travail. Comme le père de Merhan – le prénom a été modifié –, salariée d'une librairie persane à Paris. Si la majorité de ses amis ont choisi de quitter leur ville de résidence, la jeune femme de 36 ans n’arrive toujours pas à convaincre son père, habitant de Karaj, de partir et venir s’installer en France, comme elle il y a quatre ans. Car sa belle-mère, infirmière à l'hôpital, ne peut pas quitter son travail, mais aussi parce qu'il est presque impossible pour son père de retirer de l'argent à la banque. « Beaucoup de personnes des anciennes générations ne veulent pas quitter leur ville. C'est difficile de les convaincre », abonde-t-elle. Et sa précédente carrière de journaliste continue de l'empêcher de retourner en Iran.
« J'ai peur que ça devienne un deuxième Afghanistan »
Une persona non grata parmi tant d'autres, comme Arian. Sur la terrasse éphémère du « Restaurant Téhéran », l'informaticien de 56 ans déjeune avec le prêtre de la paroisse Saint-Nicolas-de-Chardonnet, située dans le 5e arrondissement de Paris. « Tout le monde a tout laissé, tout est paralysé », nous confie celui qui a rejoint ses frères en France il y a 22 ans à cause des difficultés économiques de son pays. Mais l'un d'eux vit encore à Ispahan, une ville située à quelque 340 km au sud de Téhéran, avec d'autres membres de sa famille.
Mais son inquiétude ne concerne pas tant leur sécurité – leur aisance économique leur a permis de se réfugier dans l’une de leur résidence du nord de l’Iran – que l'avenir de son pays. « Ma seule inquiétude, c’est de savoir comment les Mollahs vont partir : est-ce qu’ils vont raser le pays ? J’ai peur que ça devienne un deuxième Afghanistan », se désole-t-il. Tant qu’ils seront au pouvoir, retourner au pays continuera d'être interdit pour Arian, converti au catholicisme il y a quelques années. Cela fait bientôt six ans qu’il n’a pas foulé le sol iranien.
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À quelques centaines de mètres, le service du déjeuner s'achève tranquillement pour Zara et Rosa. Carrelage noir, néons bleus derrière le bar et desserts exposés dans un mini-frigo transparent, le restaurant iranien dans lequel elles travaillent est une institution dans le quartier. Iraniennes, elles sont arrivées en France il y a quelques années. Rosa, 64 ans a quand même réussi à avoir des nouvelles de son fils, qui s'est réfugié avec sa femme et sa fille dans le nord de l’Iran – réputé plus calme – dès les premiers bombardements, explique Zara, sa collègue ne parlant pas français. À terme, il projette de partir définitivement du pays.
Même décision pour la famille de Zara, qui a fui la ville de Chiraz, au sud de l'Iran, pour partir au nord. Pour la jeune femme de 36 ans, arrivée en France il y a cinq ans pour y suivre des études de commerce international, l’inquiétude est maximale. « Ils n’ont aucun espoir pour après, ils sont très inquiets », explique-t-elle, la voix couverte par un clip du DJ iranien Mamsi projetée sur un écran plat. Les mines défaites traduisent une certaine résignation face à une situation qui n'a pas attendu les bombardements de jeudi dernier pour devenir cauchemardesque. Plusieurs fois, lors de ses voyages annuels en Iran, Zara a dû remplir des formulaires de renseignement à destination des services de sécurité iraniens. De toute évidence, rien ne garantit que la jeune femme pourra s'y rendre cette année.
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« C'est au peuple d'Iran d'en finir avec ce régime »
De l'autre côté du trottoir, les clients se disputent l'espace étroit d'une épicerie fine iranienne. Un couple accompagné d'un enfant hésite entre pépites jabani, pistaches grillées et koofteh tabrizi – des boulettes de bœuf, une spécialité du nord-ouest de l'Iran. En guise de musique de fond, les informations en continu de la chaîne Iran International sur l'ordinateur du patron, qu'il scrute attentivement.
La femme du couple vit à Paris depuis 12 ans, 15 pour son mari. « Cela fait trois jours que je n’ai pas de nouvelles de ma famille. Je suis inquiète mais qu’est-ce que je peux faire ? », se désole la quadragénaire. Son frère, sa sœur et ses parents vivent à Téhéran. Les appels au téléphone sont furtifs. Il faut aller vite, s’échanger un maximum de nouvelles avant que la ligne soit coupée. L’essentiel est de savoir leur état de santé. Mais l'inquiétude pour leur famille traduit une préoccupation encore plus grande encore sur le sort de l'Iran. « Je n’aime pas imaginer mon pays détruit mais on n'aime pas le gouvernement. Maintenant qu’ils [Israël] ont attaqué, je voudrais qu’ils finissent par dégager les mollahs. Mon pays était déjà en guerre avant ». Son mari acquiesce timidement, l’Université parisienne dans laquelle il enseigne l'ayant obligé à garder le silence sur le sujet.
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D'autres refusent de considérer les bombardements israéliens comme un prétexte à la libération de l'Iran du régime répressif des mollahs. « Certes, l’État théocratique des mollahs a réprimé les Iraniens depuis 46 ans et la plupart des gens sont contre ce régime. Mais l'Iran ne doit pas être libéré par un criminel de guerre. C'est le rôle du peuple iranien d'en finir avec ce régime », explique Irène, 64 ans, militante féministe et politique franco-iranienne et membre de la Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie. « Le régime fasciste de Netanyahou a sa part de responsabilité parce qu'il ne veut pas de la paix dans la région. Mais ça va faire du régime des mollahs une victime et de l'Iran une ruine. Cette guerre contre l'Iran, c'est néfaste pour le peuple israélien et le peuple iranien », s'énerve la militante, réfugiée en France depuis 37 ans, et qui plaide aujourd'hui pour un cessez-le-feu assorti d'une négociation diplomatique sur la question nucléaire.
Alors que les caméras du monde entier sont tournées vers la Perse depuis une semaine, Merhan regrette que les précédents mouvements de protestation – à l'instar du mouvement féministe « Femme, Vie, Liberté » – n'aient pas bénéficié de la même couverture médiatique. « C'était notre rêve d'être à la télévision pour parler de la situation en Iran. C'est paradoxal, on est à la fois contents et tristes. J'espère qu'ils vont tuer notre principal assassin, Khamenei, mais aussi que les bombardements vont cesser. Maintenant, on a deux ennemis : le régime des mollahs et Israël », conclut-elle calmement.