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REPORTAGE - Le maire de Lyon a lancé fin mai des «rencontres de fin de mandat» pour échanger avec ses administrés sur les actions menées par sa majorité depuis 2020.
Trois rangés de part et d’autre d’un couloir central façon Grand débat d’Emmanuel Macron. Malgré les polémiques sur son coût (228.000 euros selon la mairie, trois fois plus d’après l’opposition), Grégory Doucet a lancé le 26 mai dernier son cycle de rencontres avec les lyonnais «Lyon 2020-2025, Le chemin parcouru». Il était lundi soir dans le 2e arrondissement, arrondissement tenu par le maire d’opposition LR Pierre Oliver, pour aller au contact de ses administrés. «À portée de baffes», selon l’expression consacrée.
Des baffes, il n’y en eut pas vraiment mais plutôt un chapelet de mécontentements. Sécurité, logement, transports, enfants à la rue, une dizaine d’habitants ont fait part de leur désarroi auprès de l’élu écologiste, venu accompagné d’une bonne partie de ses adjoints et de quelques maires d’autres arrondissements. «Entre ce qui a été fait et ce qui a été perçu il peut y avoir des écarts, c’est de ça que nous allons parler ce soir», a promis Grégory Doucet en préambule.
«Ce n’est pas un sentiment d’insécurité, c’est la réalité»
Chaque réunion reprend la même forme, un propos liminaire court du maire, suivi d’une vidéo de promotion des actions municipales et d’un retour sur le questionnaire en ligne auquel quelque 1900 Lyonnais ont répondu. Après une petite demi-heure sans intervention du public, Sophia Popoff, adjointe au logement, choisie dans la foule qui prend la parole en respectant la parité homme-femme.
Une première femme cheveux noués et haut violet raconte avoir été mise en joue avec «une arme semi-automatique» par un homme le visage en sang près de la brasserie Georges. «En tant que badaud, on voit des zones de deal, des gens agressifs, une situation qui se dégrade. Comment les élus ne le voient-ils pas ? Certains parlent de sentiment d’insécurité. Mais ce n’est pas un sentiment, c’est la réalité !», s’échauffe-t-elle.
Puis trois femmes originaires des pays de l’est, accompagnées d’une militante pour les droits de l’hébergement, ont interpellé le maire sur l’augmentation du nombre d’enfants à la rue sous sa mandature. «J’ai voté pour vous et votre programme parce qu’il était le seul à correspondre à mes valeurs et mes attentes sur le zéro enfant à la rue. Mais leur nombre s’accroît», a déploré la militante. Jérôme, lui, s’inquiète de la situation économique des commerçants du centre-ville impactés par la future zone à trafic limitée (ZTL) et les travaux qui l’accompagnent. «Ici, on a l’impression que les politiques mises en place sont seulement faites pour contraindre».
Grégory Doucet répond après une volée de cinq ou six questions. Met en avant son bilan : «Nous avons multiplié par 67 le budget de la ville pour l’hébergement d’urgence alors que ce n’est pas la compétence de la ville mais de l’État», sans pour autant entrer dans les détails, préférant renvoyer les habitants vers les adjoints compétents sur leurs problématiques. D’autres participants sont plus positifs, comme cette ancienne lyonnaise habitant désormais à Oullins qui dit «regretter sa vie à Lyon» ou cette habitante de Confluence qui se réjouit de la piétonnisation du Cours Charlemagne et de la baisse de circulation qu’elle a engendrée.
«Je vais quitter la ville»
Après une quinzaine de minutes d’échanges, un nouveau tour de paroles d’élus sous forme d’autosatisfecit a lieu avant que les habitants puissent reposer leurs questions. Certains opposants bien connus, à l’image de Christophe Cédat, patron du café 203 et membre du collectif les Défenseurs de Lyon, n’auront jamais le micro. Il en fut de même lors d’une précédente réunion.
Pour autant, il serait faux de dire que les intervenants sont triés pour ne pas trop égratigner le maire. À l’image de cette Lyonnaise à la retraite, «amoureuse de sa ville et de la place Bellecour» qui en veut à Grégory Doucet après avoir vu son rêve «d’investir dans sa ville devenir un cauchemar depuis la fermeture du centre-ville». «Mon locataire a perdu 40% de son chiffre d’affaires, combien allez-vous compter de pancartes “bail à céder”», a-t-elle lancé. Ou de cet étudiant, «déçu par Lyon, une ville où on ne peut plus venir étudier à cause du prix des loyers». Et de cette Lyonnaise, «née à la Guillotière», qui a vécu toute sa vie à Lyon qui va «quitter la ville» à cause de la ZTL.
Là encore, Grégory Doucet essaie de calmer la morosité ambiante. Explique que le taux de vacance des commerces a augmenté de 50% mais reste «l’un des plus faibles de tous les centres-villes en France». Que «l’ennemi du commerce c’est l’e-commerce et pas la piétonnisation», ou que «la situation du logement n’est pas satisfaisante et qu’il ne faut pas que les gens renoncent aux études pour des questions de logement». «Moi aussi j’aime Lyon. Notamment pour son histoire, mais aussi pour ce qu’elle est aujourd’hui et pour ce qu’elle devient. Elle se transforme. Peut-être trop vite pour certains et pas assez pour d’autres. Mais il faut qu’elle se fasse pour toutes et tous. Que chacun y trouve sa place», a conclu l’élu écologiste.
Dialogue de sourds
À la sortie, certains, à l’image de Nathan, saluent cet exercice : «C’est agréable de pouvoir parler avec le maire de façon calme. C’est normal que des habitants soient en colère mais c’est son rôle d’être apaisant». D’autres, comme cet élu d’opposition, ironisent sur un «événement finement orchestré». Et de cingler : «Dommage que cela soit fait avec de l’argent public».
L’exercice laisse en effet un goût d’inachevé. Si Grégory Doucet a le crédit de descendre dans l’arène, l’organisation des échanges est restée trop contrôlée, les habitants ne pouvant pas répondre directement au maire après leur question. Certaines interventions d’adjoints avaient également des allures de monologue et grappillaient du temps sur les véritables échanges avec les Lyonnais. Reste au final une sensation de dialogue de sourds où chacun joue son rôle, récite sa partition. Une conférence plus qu’une conversation.