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Dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, des acériculteurs luttent contre l’infestation de la livrée des forêts. Afin de ne pas subir une défoliation majeure de leurs érablières, comme en 2024, ils ont opté pour l'épandage d'un pesticide biologique, le BTK.
Du BTK (Bacillus thuringiensis ssp. kustaki) a été pulvérisé sur une superficie de 240 hectares, partagée entre trois érablières, lundi matin.
C’est la première fois que le ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick permet à des acériculteurs de la province d’utiliser ce produit à grande échelle.
Les secteurs ciblés pour ce projet pilote sont ceux qui ont été défoliés de façon majeure dans le nord-ouest de la province en 2024. Les trois acériculteurs participants ont payé de leur poche la totalité des coûts, chiffrés à 36 000 $.
L’un d’eux, le propriétaire de l’érablière T.D.G. Somers, Glenn Somers, n’a pas hésité à sortir son portefeuille. L’an dernier, les chenilles ont défolié plus de la moitié des érables de cet acériculteur de Saint-Quentin. De 50 000 à 60 000 entailles ont été irrécupérables.
Elles ont toutes mangé les feuilles au complet, il ne restait plus une feuille dans les arbres, dit-il.

Glen Somers, propriétaire de l’érablière T.D.G. Somers.
Photo : Radio-Canada / Allyson Dubé
Glenn Somers en a subi les contrecoups ce printemps, au moment de récolter la sève qui doit servir aux produits de l’érable.
On a vu que les érables qui avaient été défoliés donnaient moins d’eau sur la fin de la saison, note-t-il. Sur les érables qui ont été attaqués, on aurait perdu entre 10 et 15 % de production […]. C’est pour ça que c’était une grosse urgence qu’on réussisse à obtenir les permissions pour arroser au Nouveau-Brunswick.
On ne peut pas se permettre de voir des défoliations majeures année après année dans les érablières. Ça va vouloir dire des centaines et même des millions en pertes de revenus pour le secteur acéricole, enchaîne le propriétaire de l’érablière Les Sirops d’Acadie, Frédérick Dion.

En 2024, les chenilles se sont attaquées à certaines érablières du nord-ouest de la province, diminuant considérablement la production de sève ce printemps.
Photo : Radio-Canada / Allyson Dubé
S’ils ont décidé d’investir leur argent pour contrer les pertes de rendement liées à la diminution de la quantité de sève, les trois acériculteurs l’ont aussi fait pour assurer la survie à long terme des érables.
En effet, si la défoliation se combine avec une canicule ou une période de sécheresse de deux ou trois semaines, un risque de mortalité des arbres est réellement envisageable.
Si nos arbres meurent, bien entendu, ça va être l’abattage et c’est la fin de l’érablière. Ce serait catastrophique de voir une situation semblable, dit Frédérick Dion, qui est aussi président de l'Association acéricole du N.-B.
La région du Nord-Ouest, c’est 80 % et plus de la production de sirop d’érable du Nouveau-Brunswick. C’est vraiment un secteur clé de notre économie, rappelle-t-il.
Feu vert pour le BTK
Frédérick Dion indique que l’utilisation du BTK était une mesure de dernier recours. On ne pouvait pas rester les bras croisés, il fallait absolument arriver avec des solutions, explique-t-il.
Il ajoute être conscient que l’épandage de pesticides n’est pas très populaire dans la province, mais il assure que ce produit biologique est sécuritaire.
On ne parle pas d’un produit chimique, fait-il valoir. Les producteurs sont en mesure de maintenir leur certification biologique.
D'ailleurs, cet insecticide biologique a déjà été utilisé au Nouveau-Brunswick contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette en 2021 et a permis d'éviter de justesse une très grave infestation cette année-là.
C’est également le même insecticide biologique, vendu en plus petites quantités aux particuliers, qui permet de combattre la livrée des forêts à domicile.

Environ 1,5 litre de BTK est pulvérisé par hectare en formant une petite bruine.
Photo : Radio-Canada / Allyson Dubé
Frédérick Dion souligne que puisque le BTK a été pulvérisé il y a moins d’une semaine dans le secteur, les résultats sont encore très préliminaires.
L’arrosage est une étape, mais il y a tout un système d’évaluation de suivi qui est fait pour voir l’observation des résultats, précise-t-il. Ce qu’on entend, c’est qu’il y a une activité un peu moindre, mais c’est trop tôt pour être capable de constater si c’est vraiment un succès. Je pense que la semaine prochaine, on pourrait être en mesure de le faire.
À ce jour, c’est concluant, estime pour sa part Glenn Somers. On a vu beaucoup de chenilles qui sont en train de mourir ou qui sont quasiment mortes.
Crainte de la portée de l'épidémie
Cependant, malgré l'espoir que peut susciter le projet pilote d'épandage de BTK dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, cette menace et l’incertitude continuent toutefois de planer sur ce secteur d'activité, car les chenilles ont encore gagné du terrain dernièrement dans la province.
Glenn Somers dit par exemple qu'il a parlé à un autre acériculteur qui, pour la première fois cette année, a constaté une infestation de livrées des forêts.
C’est épeurant parce que les statistiques disent, selon les études, qu’après quatre ans de défoliation, l’érablière peut mourir à 100 %, lance-t-il.
Frédérick Dion relate de son côté qu'il a reçu beaucoup d'appels de producteurs très inquiets.

Frédérick Dion, président de l'Association acéricole du Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
La bonne nouvelle, c'est que le BTK a déjà fait ses preuves ailleurs : au Québec, cette procédure est utilisée depuis quelques années contre la livrée des forêts.
Aux États-Unis aussi, certains utilisent ce produit lorsque la livrée des forêts s’attaque aux érablières, ajoute Glenn Somers.
La semaine passée, on a rencontré des Américains à qui c’était déjà arrivé. Après deux années d’arrosage, ils ont pu arrêter le traitement, le gros de l’invasion était exterminé et ils ont pu continuer avec un cours régulier, relate-t-il.
Selon Frédérick Dion, l'épandage à plus grande échelle de BTK l'an prochain pourrait possiblement être envisageable pour répondre aux inquiétudes des acériculteurs et pour contrer les répercussions de la présence de la livrée des forêts.
D’après le reportage d’Allyson Dubé