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Liberté et justice

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Alors, Sartre ou Camus ? La question a à peu près 75 ans. Elle se pose, surtout, à partir de la publication de L’homme révolté, de Camus, en 1951, mais elle avait commencé à travailler les esprits des militants de gauche quelques années auparavant.

Camus, à l’époque, charge le communisme des pays de l’Est, qu’il accuse d’être responsable du goulag. « Oui, écrit-il dans Actuelles II (Folio, 2025), en 1953, le grand événement du XXe siècle a été l’abandon des valeurs de liberté par le mouvement révolutionnaire, le recul progressif du socialisme de liberté devant le socialisme césarien et militaire. Dès cet instant, un certain espoir a disparu du monde, une solitude a commencé pour chacun des hommes libres. »

Camus est un homme de gauche que scandalise l’injustice, mais il refuse de la combattre au prix de la liberté. La fin, pour lui, ne justifie pas les moyens.

Sartre, à l’époque, incarne le camp adverse, celui qui affirme qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et que, par conséquent, dénoncer les crimes du communisme revient à faire le jeu du capitalisme qui réduit les humains à la servitude. Si on considère qu’en finir avec cette dernière est juste, il faut accepter que les moyens utilisés pour parvenir à ce but ne soient pas toujours propres.

La querelle est vieille, les circonstances qui l’ont vue naître appartiennent à l’histoire — la révolution communiste, aujourd’hui, ne fait plus recette —, mais elle demeure fascinante et, oserais-je dire, actuelle. Se demander, en effet, jusqu’où on a le droit d’aller pour défendre des idées qu’on croit justes reste une éternelle question morale.

Libérer la Palestine de l’occupation israélienne est certes une cause juste, mais le Hamas, en se livrant à une attaque terroriste abjecte le 7 octobre 2023, a bafoué toutes les valeurs humaines au nom de la justice.

Défendre l’existence d’un Israël en paix est parfaitement légitime, mais le régime Nétanyahou, en ne respectant aucune limite dans sa riposte, manque à son devoir d’humanité.

Dans nos sociétés occidentales plutôt paisibles, la question se pose, même si c’est en sourdine : jusqu’où a-t-on le droit de perturber l’ordre social pour défendre une cause juste ? Chaque fois qu’il y a une grève ou une manifestation un peu dérangeante, les tenants de la « paix sociale » et de l’ordre économique poussent des cris d’orfraie. Pourtant, l’histoire montre bien que les agitateurs ont joué un rôle dans le progrès social.

Camus a publié sa pièce de théâtre Les justes en 1950, c’est-à-dire il y a 75 ans. Elle pose, dans un contexte tragique, la question des fins et des moyens. S’inspirant d’un fait réel, elle raconte l’histoire de quelques militants du Parti socialiste révolutionnaire de Russie qui ont assassiné le grand-duc Serge lors d’un attentat à la bombe en 1905.

Ancien résistant, Camus ne rejette pas toute forme de violence. Combattre les nazis, en effet, exigeait de se salir les mains. Pour lui, les personnages de sa pièce sont justifiés de passer à l’acte pour renverser le tsarisme qui entretient tout un peuple dans la misère. Leur noblesse est de se fixer des limites.

Lors d’une première tentative, le militant Kaliayev retient sa bombe parce que des enfants accompagnent la cible. Il fait, dit-il, « la révolution pour la vie, pour donner une chance à la vie ». S’il tue des enfants innocents pour y parvenir, « la révolution sera haïe de l’humanité entière », précise son amoureuse et complice, Dora, d’accord avec lui. Lisant cela, on a envie de dire, en reprenant une injonction biblique : « Écoute, Israël ! » sommation qui vaut aussi pour le Hamas et ses partisans.

Le personnage de Stepan, dans Les justes, incarne le refus des limites, qu’il qualifie de « niaiseries ». S’il faut tuer deux privilégiés pour en sauver des milliers d’autres, allons-y ! « Quand nous nous déciderons à oublier les enfants, ce jour-là, nous serons les maîtres du monde et la révolution triomphera », dit-il. Michel Onfray, dans L’ordre libertaire (J’ai lu, 2012), affirme que « le couple Stepan Fedorov/Ivan Kaliayev au théâtre se nomme Jean-Paul Sartre/Albert Camus à la ville ».

Comme d’habitude, Onfray va trop vite. On dit parfois que Les justes est la réponse de Camus aux Mains sales de Sartre, publié en 1948. Or, dans cette pièce, souvent disqualifiée à tort depuis parce qu’elle serait platement à thèse, Sartre est plus subtil que ses détracteurs ne le croient. Plus froid et plus cynique que Camus, il révèle néanmoins avec force l’opportunisme des révolutionnaires d’extrême gauche et le caractère inaliénable et troublant de la liberté individuelle, donc de la responsabilité, même quand on tente de l’enfermer dans une prison idéologique.

75 ans plus tard, Sartre et Camus n’ont pas fini de bouleverser et d’éclairer nos consciences inquiètes.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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