Les ventes de véhicules Tesla en Europe ont chuté de près de 50 % en avril, alors même que la demande globale de véhicules électriques s’est accélérée sur tout le continent, selon les données publiées le 27 mai par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).

Tesla n’a vendu que 7261 véhicules en Europe le mois dernier, contre 14.228 il y a un an, soit une baisse de 49 %. Parallèlement, les ventes globales de véhicules électriques sur le continent ont bondi de près de 28 %, témoignant du recul de Tesla sur l’un de ses marchés clés.

Bien que la baisse des ventes de Tesla reflète en partie les fermetures temporaires d’usines pour moderniser son SUV Model Y le plus vendu, des problèmes plus profonds pèsent sur la marque, notamment la réaction des consommateurs contre l’activisme politique du PDG de Tesla, Elon Musk.

Le rôle important d’Elon Musk dans le programme du DOGE (Department of Government Efficiency) de l’administration Trump, une initiative de réduction des coûts ciblant les programmes fédéraux, a alimenté des manifestations, des boycotts et des actes de vandalisme aux États-Unis et en Europe. Les investisseurs ont initialement salué la nomination d’Elon Musk à la tête de la campagne d’efficacité gouvernementale du président Donald Trump, ce qui a fait grimper l’action Tesla de 70 % et ajouté plus de 560 milliards de dollars à sa valeur. Mais à partir de janvier, l’action Tesla a plongé sous le coup des critiques concernant le rôle prépondérant d’Elon Musk dans les efforts de réduction des coûts de l’administration Trump. Le cours de l’action Tesla a commencé à rebondir fin avril, ce rebond coïncidant approximativement avec la promesse d’Elon Musk de réduire son engagement au DOGE à un ou deux jours par semaine à partir de mai.

« À partir du mois prochain, je consacrerai beaucoup plus de temps à Tesla, et maintenant que le travail majeur de création du Département de l’efficacité gouvernementale est terminé », a déclaré Elon Musk aux investisseurs lors d’une conférence téléphonique sur les résultats le 22 avril.

Elon Musk a ajouté qu’il continuerait à soutenir le DOGE « pour s’assurer que le gaspillage et la fraude qu[‘ils arrêtent] ne reviennent pas en force », ses remarques intervenant alors que Tesla a signalé une baisse de ses revenus de 71 % au premier trimestre 2025.

Certains experts ont souligné que l’alignement de M. Musk sur les politiques de l’administration Trump et ses déclarations publiques controversées étaient les principaux facteurs de réaction des consommateurs, en particulier sur les marchés à tendance libérale où Tesla prospérait autrefois.

Scott Galloway, professeur de marketing et co-animateur du podcast Pivot, s’exprimant lors d’un récent épisode de podcast, a déclaré que l’engagement politique de M. Musk avait aliéné la base principale de Tesla, composée de consommateurs progressistes et soucieux de l’environnement, tout en s’alignant sur les électeurs républicains, dont la plupart, selon lui, n’envisageraient jamais d’acheter un véhicule électrique.

« Il s’est aliéné les mauvaises personnes », a fait remarquer M. Galloway, ajoutant que M. Musk s’est plutôt « rapproché des gens qui ne sont pas intéressés par les véhicules électriques ».

Les commentaires d’Elon Musk sur les réseaux sociaux ont également provoqué des frictions en Europe, où ses remarques sur les élections fédérales allemandes et ses publications dénonçant les gangs de pédophiles en Grande-Bretagne ont suscité la controverse.

Lors d’une récente apparition à un forum économique au Qatar, on a demandé à M. Musk si le retour de bâton contre Tesla l’avait amené à regretter son implication en politique.

« J’ai fait ce qu’il fallait faire », a répondu M. Musk, tout en dénonçant ce qu’il a qualifié de « violence massive » commise contre ses entreprises, ainsi que des menaces contre lui et ses employés.

« Ils sont du mauvais côté de l’histoire », a déclaré Elon Musk à propos des auteurs de ces crimes. « Nombre d’entre eux vont en prison, et ils le méritent. »

Elon Musk, qui a dépensé près de 300 millions de dollars pour soutenir la campagne de Donald Trump pour 2024 et celles d’autres candidats républicains, a déclaré lors de l’événement au Qatar qu’il dépenserait « beaucoup moins » en politique à l’avenir. Interrogé sur les raisons de cette décision, il a répondu : « Je pense en avoir fait assez. »

Dans le même temps, Elon Musk a laissé ouverte la possibilité de contributions futures, tout en réaffirmant son engagement à diriger Tesla en tant que directeur général pendant au moins cinq ans supplémentaires, plaisantant en disant que la seule façon pour lui de démissionner serait « s[‘il était] mort ».