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Discrimination sociale, discrimination territoriale, discrimination d’opportunité… Voilà selon le député communiste Sébastien Peu, les trois péchés capitaux des fameux stages obligatoires des lycéens en fin d’année scolaire. Voici pourquoi.
Pour la deuxième année, près de 550 000 lycéens de seconde générale et technologique ont été appelés à réaliser du 16 au 27 juin un stage d’observation en milieu professionnel. Deux semaines qui avaient pour objectif affiché de familiariser les jeunes élèves au monde professionnel. Pourtant, une simple recherche sur le site du gouvernement 1jeune1solution suffit pour remarquer que certaines des offres recensées à destination des élèves de seconde ne respectent même pas les critères propres au stage « d’observation ».
Une pâtisserie de Belfort cherche un stagiaire pour « assister les pâtissiers dans la préparation des ingrédients » et « participer à la cuisson et à la décoration des pâtisseries ». Un bistrot parisien propose d’effectuer des tâches telles que le « ménage du matin pour préparer la salle » ou encore », « emmener et débarrasser les assiettes ». Une scierie dieppoise offre la possibilité de participer aux « activités de première et de seconde transformation bois » tel que le « sciage, délignage, écorçage ou rabotage ». Ces stages ont fait l’objet de nombreuses critiques de la part des syndicats et associations des parents d’élèves malgré la volonté du gouvernement de démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un énième coup de communication mais d’une véritable stratégie en faveur de l’orientation de la jeunesse.
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De nombreux dysfonctionnements avaient déjà été constatés l’année dernière. À 10 jours du début des stages, le site 1jeune1solution manquait d’offres sur de nombreux territoires. Cette année l’offre s’est certainement améliorée mais le respect des critères d’observation reste largement défaillant.
Alors que certaines entreprises essayent de bénéficier d’une main d’œuvre gratuite, les jeunes eux, font pour la première fois l’expérience de l’ampleur du déterminisme social. Ceux qui n’ont pas de réseau familial sont condamnés à multiplier leurs demandes, souvent sans réponse, ou à accepter de passer deux semaines à effectuer des taches difficiles sans aucun lien avec leurs intérêts professionnels. Ceux dont le réseau parental est étoffé se voient, au contraire, offrir de vrais stages « d’observation » dans le confort d’entreprises prestigieuses.
Une autre discrimination, non négligeable, frappe de plein fouet ces élèves : celle de leurs lieux de vie. Pour ne prendre que l’exemple des territoires ruraux, le tissu économique local et les moyens de transport disponibles ont un impact certain sur les possibilités offertes à ces jeunes lycéens. Discrimination sociale, discrimination territoriale, discrimination d’opportunité… Finalement le seul intérêt de ces stages de seconde obligatoire, dont la mise en place a été décidée au débotté par le ministre Attal, risque de se résumer au plus cruel : faire l’apprentissage, dès le plus jeune âge, de la difficulté de s’extirper de son destin social.
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Cette violence est loin d’être symbolique. Pire, elle peut aussi être un avant-goût de la violence physique du marché du travail. Mercredi 18 juin, un lycéen de 16 ans est mort heurté par des palettes tombées d’un chariot élévateur lorsqu’il réalisait son stage d’observation. Une tragédie qui vient s’ajouter au décès d’un apprenti de 15 ans fin avril, puis d’un lycéen de bac professionnel de 17 ans. Des décès qui s’inscrivent dans un contexte d’augmentation du nombre de morts au travail : 759 en 2023, 20 000 ces vingt dernières années selon les chiffres de l’Assurance Maladie.
Cette période de découverte et d’observation n’est pas essentielle dans le cursus des élèves et n’est pas non plus le fruit de préconisations pédagogiques. Elle n’a aucune implication concrète dans la formation scolaire des élèves. Il n’est pas évalué, aucun rapport de stage n’est attendu, ni aucune présentation. Ainsi, dès l’âge de quinze ans, ces jeunes sont confrontés à la violence silencieuse de la reproduction sociale au titre de la « reconquête du mois de juin ». Ceux qui seront laissés sur le bord du chemin, qui n’auront pas trouvé de stage ne seront pas sanctionnés, certes. Mais la pire des sanctions pour eux, n’est-elle pas cet abandon ?
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Aux mots d’ordre du rétablissement de l’autorité à l’école, parfaitement résumés dans la maxime « tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter » prononcée par l’ex-premier ministre Attal lors de son discours de politique générale en 2024, s’ajoute l’impératif de l’insertion professionnelle. Le site du ministère de l’Éducation nationale précise en ce sens que l’objectif du stage est celui « d’améliorer la politique d’orientation des jeunes et de rendre toujours plus dynamique le lien entre l’école et les entreprises ainsi que tous les employeurs, publics comme privés ».
Les logiques de concurrence, de spécialisation et de performance accélèrent le développement d’un système éducatif à deux vitesses. Alors que les classes supérieures reproduisent leur privilèges sociaux grâce à une logique de séparatisme éducatif, les classes populaires voient, quant à elles, s’amoindrir leurs possibilités de s’émanciper par l’éducation.