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Crise du logement, bouleversements climatiques, vieillissement de la population, innovation, achat local, repreneuriat… le secteur de l’économie sociale est parfaitement positionné pour apporter des solutions à plusieurs grands enjeux actuels, font valoir ses artisans.
Au Québec, on a maintenant l’habitude de le présenter comme le troisième pilier de l’économie, aux côtés des entreprises privées et de l’État. Le secteur reste pourtant mal connu et entouré de préjugés, constatait cette semaine Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale, à la veille de la tenue, mercredi et jeudi à Montréal, d’un grand Sommet de l’économie sociale où les 1200 participants discuteront entre autres d’environnement, de pénurie de main-d’œuvre, de gouvernance locale, de logement, de sécurité alimentaire, de gestion des déchets et de culture.
« Quand on parle d’économie sociale, on pense souvent économie pour les pauvres, petites organisations un peu bancales et macramé dans les sous-sols d’église. En réalité, c’est comme l’économie québécoise, avec quelques grosses entreprises et plein de plus petites dans tous les secteurs et dans toutes les régions. Mais avec l’avantage d’être très ancrées dans la réalité et les besoins des communautés. »
Parce qu’elles émanent d’organisations et de citoyens issus directement du terrain, et parce que leur objectif premier est de répondre à des besoins tout en étant viables économiquement mais sans chercher à maximiser les profits, ces entreprises sont souvent les mieux placées pour apporter des solutions concrètes, adaptées et innovatrices à plusieurs des grands défis auxquels le Québec fait face aujourd’hui, souligne Béatrice Alain.
En attendant la mise à jour prochaine du portrait d’ensemble du secteur par l’Institut de la statistique du Québec, on peut dire qu’il comptait, il y a neuf ans, pour 6 % de la main-d’œuvre québécoise, à raison de 220 000 salariés dans 11 200 entreprises dont les chiffres d’affaires approchaient les 50 milliards. « Mais l’économie sociale est moins un secteur qu’une façon d’entreprendre. »
Du Mouvement Desjardins à la petite entreprise locale
Pour illustrer le phénomène, on cite chaque fois cette vieille coop devenue géante de la finance nommée le Mouvement Desjardins et l’immense secteur des coopératives agricoles. La fin des années 1990 a aussi été marquée par la création des centres de la petite enfance (CPE), l’organisation du réseau d’aide à domicile et la fondation du Chantier de l’économie sociale lui-même. Mais on pourrait donner tellement plus d’exemples, dit Béatrice Alain.
Elle cite le cas des services funéraires qui semblaient autrefois condamnés à faire l’objet d’un mouvement accéléré de consolidation nourri par des capitaux américains. En réaction, les communautés se sont donné des coops funéraires qui représentent aujourd’hui 20 % du marché, ce qui a contribué à faire passer les prix au Québec en dessous de la moyenne canadienne. Un tel succès ne pourrait-il pas être répété pour aider à faire face à la pénurie de logements abordables ?
Comme plus des trois quarts des activités des entreprises d’économie sociale visent le marché local ou régional, elles apparaissent aussi toutes désignées lorsqu’on cherche à prendre ses distances avec le capricieux voisin américain et à se recentrer sur son économie et ses travailleurs.
Ces formes d’organisations offrent aussi des pistes de solution pour ces milliers d’entreprises qui risquent de fermer leurs portes lorsque leurs propriétaires vieillissants partiront à la retraite sans avoir trouvé quelqu’un pour prendre leur relève. On voit déjà des employés se regrouper pour transformer leur entreprise en coopérative. On voit aussi de jeunes ingénieurs choisir cette logique d’entreprise à la fin de leurs études plutôt que de rejoindre de grandes firmes privées.
En attendant le plan de Québec
À l’heure où on appelle sans cesse à plus d’innovation, on oublie trop souvent combien, lorsqu’ils travaillent ensemble, les acteurs locaux réunis au sein de l’économie sociale peuvent se montrer agiles, créatifs et ambitieux. « On parle de coconstruction de solution », dit Béatrice Alain.
Vers qui se tournent d’abord et avant tout les autorités locales lorsque survient une inondation pour organiser les secours et l’appui aux sinistrés, sinon vers les leaders et les organisations qui connaissent intimement les communautés touchées ? Qui mieux que des entreprises d’économie sociale pourraient aider à mettre en place le programme universel de repas à l’école que le Québec est l’un des rares, dans les économies développées, à ne pas avoir ? Elles auraient naturellement tendance à chercher des fournisseurs locaux et pourraient ensuite étendre leurs services aux CPE, aux résidences pour personnes âgées et aux hôpitaux de leur région.
Si les élus locaux comprennent généralement assez vite les immenses possibilités offertes par les acteurs de l’économie sociale, c’est parfois plus difficile pour les gouvernements supérieurs. Québec doit d’ailleurs dévoiler incessamment un nouveau plan d’action gouvernemental en économie sociale pour la période allant de 2025 à 2030.