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Les serres québécoises ont la frousse

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Sylvain Terrault nous guide parmi les milliers d’hectares de serres de Cultures Gen V, à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay. Ici, plus d’une centaine de travailleurs récoltent chaque jour de la laitue dans des bassines de la taille de gymnases, mais aussi des pousses revendues à d’autres agriculteurs du Québec.

« Les tarifs sont un gros danger pour nous autres », affirme le président de l’entreprise au Devoir, en nous accompagnant vers des entrepôts réfrigérés où sont préparées les livraisons.

Chaque semaine, 35 % de sa production prend la route des États-Unis, notamment vers Philadelphie, Washington, New York, Chicago et Boston. Si des tarifs sur les légumes venaient à être imposés, il devrait tôt ou tard se trouver de nouveaux clients. Un défi de taille puisqu’il doit livrer ses aliments à moins de 16 heures de transport pour s’assurer de leur fraîcheur.

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Depuis la pandémie, des milliers d’hectares de serres ont vu le jour afin que le Québec dépende moins des fruits et légumes du Mexique et des États-Unis, été comme hiver. Le volume des serres a pratiquement doublé depuis 2020 à la suite d’investissements du gouvernement totalisant près de 1,1 milliard de dollars.

« La politique du gouvernement a été un succès », dit Sylvain Terrault, qui porte aussi le chapeau de vice-président des Producteurs en serres du Québec.

Mais ce succès est encore fragile, et la menace de droits de douane américains pourrait freiner cette croissance récente. Non pas parce que les épiceries américaines seraient fermées aux produits québécois… mais plutôt à cause de ce qui se retrouverait sur les étals d’ici.

La menace vient de l’Ontario

Au Canada, 72 % de toute la production en serre provient de l’Ontario, loin devant la Colombie-Britannique et le Québec, qui en produisent respectivement 17 % et 12 %, selon Statistique Canada.

Si les États-Unis mettaient en place des tarifs sur les fruits et légumes canadiens, cela forcerait l’Ontario (qui exporte la majorité de sa production au Sud) à se tourner vers le Québec pour écouler ses produits, selon Steve Bertrand, directeur général des Serres Bertrand.

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Il y aurait alors des surplus, ce qui mènerait à une baisse des prix. Le danger serait le même advenant des droits de douane imposés au Mexique, souligne-t-il.

« Si on doit vendre en bas du coût de production pour concurrencer le dumping de l’Ontario, là ce sera extrêmement dangereux pour nos entreprises à moyen et long terme », prévoit l’exploitant d’une dizaine d’hectares de serres à Mirabel et à Lanoraie.

Ce texte fait partie de notre section Perspectives.

« Si je dois vendre à 50 % de mon prix coûtant parce que c’est mieux que de ne pas vendre du tout, je ne serai pas viable, je vais être en faillite », déplore de son côté Sylvain Terrault, de Gen V.

Les producteurs avec qui Le Devoir s’est entretenu sonnent l’alarme sur la menace de gros distributeurs de fruits et légumes du Mexique ou de l’Ontario qui n’hésitent pas à vendre leurs cargaisons à des prix plus bas que la moyenne du marché. Ce phénomène serait accentué advenant l’imposition de droits de douane sur les produits canadiens par les États-Unis, selon eux.

L’exportation, nécessaire à l’autonomie alimentaire

À long terme, si des tarifs douaniers ralentissent la croissance de l’industrie serricole, c’est l’autonomie alimentaire du Québec qui sera en jeu, car cette industrie ne peut survivre uniquement avec le marché local.

La production québécoise doit dépasser les besoins de la population pour que les prix des aliments restent concurrentiels face aux géants mexicains et ontariens.

« Pour offrir aux Québécois une fraise qui n’est pas chère, il faut produire des fraises pour les États-Unis, les Ontariens, l’Europe, etc. », explique Sylvain Charlebois, professeur spécialisé en agroalimentaire à l’Université Dalhousie.

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Selon Steve Bertrand, une solution serait d’établir une liste de prix en dessous desquels il serait impossible de vendre des fruits ou des légumes produits également au Québec.

« La seule chose qui nous protège en ce moment, c’est le mouvement “Mangez local”, affirme le directeur des Serres Bertrand. Mais si on commence à faire face à une vraie compétition déloyale, ce sera insuffisant. »

On a vu les épiceries québécoises faire davantage de place aux produits d’ici, un changement notable, remarque Sylvain Charlebois. « Mais ces produits sont plus chers. On peut faire ce qu’on veut avec le commerce, mais à quel prix ? »

La technologie au secours des serres ?

Selon Sylvain Terrault, des serres Gen V, il faudra innover pour que les serres québécoises deviennent plus compétitives.

« Ça va passer par l’intelligence artificielle, le développement de la robotisation à l’intérieur de nos complexes. On n’est pas là encore, mais il y a des balbutiements », fait-il remarquer.

Plusieurs initiatives pour améliorer la culture en serre ont lieu au Québec. La vague des serres en hydroponie qui ont vu le jour atteste de ces tentatives d’innovation, bien que plusieurs d’entre elles ne soient pas parvenues à durer.

La jeune pousse GiGrow espère reprendre le flambeau avec son concept de jardin rotatif.

Dans cette machine cylindrique d’un diamètre d’environ 1,80 m, des centaines de plants (laitues, fines herbes, piments) tournent autour de barres de lumière au centre, alimentés par un système d’arrosage au goutte-à-goutte. Les jardins rotatifs peuvent être empilés les uns sur les autres et génèrent eux-mêmes la chaleur nécessaire à la subsistance des plants.

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir

C’est un avantage énergétique sur les serres actuelles, selon Guillaume Dumont, ingénieur en chef chez GiGrow, puisque celles-ci dépendent encore en partie des heures d’ensoleillement et de la température extérieure.

« On peut reproduire exactement les paramètres de climat et d’irrigation parfaits douze mois par année », explique-t-il lors d’une visite de ses installations.

Selon lui, il est possible de mettre sur pied des petites installations diversifiées de ces jardins pour subvenir aux besoins de communautés éloignées, tout autant que de grosses installations qui produisent en masse.

Comme le jardin rotatif tourne et s’irrigue automatiquement, GiGrow assure qu’il demande beaucoup moins de main-d’œuvre qu’une serre traditionnelle.

Il reste que l’adoption de leur modèle est encore timide au Québec, déplore Guillaume Dumont. GiGrow a déjà vendu des centaines de ses jardins rotatifs en Europe.

Sylvain Terrault, vice-président des Producteurs en serres du Québec, aimerait que le gouvernement mette au point un « filet en gestion de risque », comme un programme d’indemnisation pour les agriculteurs comme lui, si jamais des tarifs advenaient.

Il évoque aussi un soutien financier pour que les producteurs trouvent des solutions à la crise ou innovent pour rester concurrentiels « sans faire faillite le lendemain ».

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