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Le 6 juillet 2024, le château d'Aubenas, en Ardèche, rouvrait ses portes après sept ans de travaux de restauration. Ce chef-d'œuvre d'architecture médiévale devenait ainsi un centre d'art contemporain et du patrimoine. L'espace pouvant accueillir les expositions est d'environ 2000 m² soit un tiers de sa superficie totale. Avec ces quatre accrochages d'été, le centre d'art contemporain permet de découvrir trois talents internationaux et une valeur sûre de la photographie.
Pour Victor Secretan, directeur du Château, la nouvelle exposition, Rêves d'une nuit d'été, présente des artistes désireux de brouiller les frontières entre réel et fiction, entre intime et universel. On soulignera la qualité de l'accrochage, souvent en collaboration avec les artistes ou les commissaires d'exposition, dans ce lieu magnifié par les œuvres.
Dialogue entre passé et futur
L'Allemande Sabine Moritz (ex-RDA, 1969) présente une série de très grandes huiles sur toile regorgeant de couleurs vives, abstraites pour beaucoup, même si dans les œuvres les plus récentes, on y déniche quelque silhouette (Dreamers I et II). Cette énergie contraste avec d'anciennes œuvres de cette artiste qui passa à l'Ouest en 1985. En 1992, elle peignait le souvenir des intérieurs de son enfance est-allemande, comme sa Chambre à coucher, un Lavabo, une Salle de douche. Principal souvenir, les teintes fanées des papiers peints, à l'opposé de ce que Moritz allait proposer dès 2015, au travers de Les Cieux (qui donne aussi le nom à son exposition), à l'origine de son travail sur l'abstraction dont, comme déjà signalé, elle est revenue depuis. Une Vanité rappelle encore l'absurdité du temps qui passe.
La maturité d'Ella Walker
Sabine Moritz est déjà une artiste confirmée, présente en galeries dans de nombreux pays (en Belgique, elle fut exposée par la Fondation 11 Lijnen, à Oudenburg). Pour sa part, la Britannique Ella Walker (Manchester, 1993), malgré sa jeunesse, est déjà demandée, de Londres à New York en passant par Hanovre. Pour cette première française, intitulée Idolâtrie (titre d'une œuvre biface sur tissu présentée dans une petite salle), elle fait montre d'une maturité incroyable. Elle est notamment venue en repérage pour proposer un travail en partie adapté au salon vert du château.
Son sujet ? La figure féminine qu'elle fera évoluer dans des scènes mêlant entre autres l'art roman, la Commedia dell'Arte, ou encore les films de Fellini ou de Pasolini. Walker s'est affranchie de l'ordre et du chaos et ses femmes ne sont plus contraintes à des oppositions binaires : vertu ou vice, plaisir ou douleur. Les personnages oscillent entre sacré et profane. Elle donne à ses peintures des allures de fresque de la Renaissance grâce à sa technique unique mêlant poudre de marbre et dispersion acrylique.
Gilbert Garcin et son Mister G
Dans les combles du château, Gilbert Garcin (1929, La Ciotat-2020, Marseille) est l'artiste le plus connu du quatuor. Longtemps directeur d'une entreprise de luminaires, il s'est mis à la photographie à la veille de sa retraite. Au début des années 1990, lors d'un stage aux Rencontres d'Arles, il découvre le noir et blanc et les principes du montage. Il créera un personnage, bientôt appelé Mister G, plus tard rejoint par sa femme, que l'artiste placera dans des situations saugrenues. Intitulée La vie devant soi, l'exposition renvoie à une des photos où on voit son personnage et Monique tenir une ficelle encadrant un espace vierge. En 20 ans, Garcin réalisera environ 300 photographies poétiques, surréalistes, drôles, mystérieuses ou magiques. Quant au visiteur, il termine dans le cabanon où le photographe créait son petit théâtre.
Grossmann, un Français si belge
Surréaliste, Corentin Grossmann l'est assurément. Est-ce parce que ce dessinateur et céramiste français (né à Metz en 1980) – qui a vécu à Berlin, puis à Bruxelles et installé actuellement à Mons – a été imprégné de notre goût de l'étrange ? Il manie l'humour et la dérision comme pas deux dans des dessins réalisés ces huit dernières années. Ses pastels ne sont pas sans évoquer les lumières d'un Jean-Michel Folon (Le Lèche-montagne, de 2024, ou Méandre, de 2025).
Enfermé dans son atelier du Borinage pendant le Covid, il s'est lancé dans deux gigantesques dessins, Special Kus (2020, 110x210 cm). Ici, c'est une vaste étendue d'eau qui coupe en deux un paysage joyeux et optimiste. Ce dessin ferme l'exposition qui s'était ouverte sur l'autre grand format, Mur de la honte (W.O.S.) qui sépare deux univers absurdes, peuplés de cacatoès, de fromages puants ("comme le FN/RN", dit-il), de grenouilles (?) aux poses étranges, de champignons, un hamburger péteur étant posé sur le mur… "Je commence un dessin sans avoir la volonté de dénoncer quoi que ce soit mais c'est en posant les éléments, en revenant en arrière, que naît, pierre par pierre, le discours. Un objet en appelle un autre, crée un lien. Mais le mur pourrait rompre ce lien. Ce mur, c'était la pandémie… qui m'a aussi permis de réaliser ces dessins complexes, n'étant plus lié à aucune échéance…"
Ces Lignes de désir, du titre de son exposition à Aubenas, sont une invitation à savourer sans modération chacun de ces dessins, où l'ensemble des éléments bizarres forme un tout logique. Il y a du Jérôme Bosch ou du Pieter Brueghel là-dedans ; avec des éléments tout à fait modernes à la narration de la BD.
Grossmann fonctionne à l'intuition, "forcément, puisque je pars du quotidien". Pas besoin de dessin préparatoire : il fonce, ajoute un objet pour équilibrer le dessin. La feuille blanche, il va la recouvrir d'une couleur de base qu'il qualifie de climatique. Loin d'être déconnectés du réel, les êtres et objets en disent long sur l'état de la planète. Il est dessinateur de l'absurde du monde. Grossmann est volubile. "Pourtant, je fais du dessin pour ne pas parler."
- Rêves d'une nuit d'été Expositions Où Le Château – Centre d'art contemporain et du patrimoine d'Aubenas, place de l'Hôtel de Ville, 07200 Aubenas, www.lechateauaubenas.com. TGV direct depuis Bruxelles jusqu'à Valence puis bus X73. Quand Jusqu'au 21.09.2025, juillet-août du mardi au dimanche de 10h à 19h (mercredi jusqu'à 20h), en septembre, du mardi au dimanche de 10h à 18h. À Aubenas, non loin de Valence et de Montélimar, l'expérience de ces expos peut s'accompagner d'un arrêt gastronomique dans la vieille ville (Le carré des maîtres ou le Jaja) voire d'une nuit (ou plus) passée à la Villa Elise, histoire de prolonger les Rêves d'une nuit d'été…
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