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ALe bombardement de Trump sur des installations nucléaires montre que lui et les Israéliens n’ont jamais été sérieux dans leur volonté de conclure un accord. Mais cette décision cache bien d’autres choses qui n’ont pas encore été révélées.

Martin Jay

Les discussions sur l’Iran avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont commencé à Genève, mais peu, voire pas du tout, d’experts du Moyen-Orient auraient pu prévoir les conséquences des bombardements anti-bunker de Trump sur les installations nucléaires iraniennes. Jusqu’à ce qu’il le fasse, on pourrait argumenter qu’il y avait encore une marge de manœuvre pour un accord avec les Iraniens, qui soit arrêterait complètement leur programme d’enrichissement d’uranium, soit le ferait au moins diriger par des inspecteurs en armement de l’ONU et peut-être même par une entreprise occidentale directement subordonnée aux Américains. C’est du moins ce qui a dû être envisagé. Et pourtant, c’est le plus mauvais calcul, car il est désormais impossible pour les Iraniens de penser à un accord. L’accord était-il même réel, se demanderont certains.

Cela peut sembler tiré par les cheveux, mais il est important de garder à l’esprit que la plupart des informations que nous lisons dans les médias occidentaux sont des absurdités absolues produites par la campagne de fausses nouvelles d’Israël, qui fournit quotidiennement à Sky News plus ou moins toutes les données et les soi-disant victoires, et qui, au mieux, informe mal le simple citoyen.

Le délai de deux semaines de Trump était bien sûr stupide et n’aurait jamais été respecté ; il s’agissait juste d’une farce pour piéger les Iraniens. Mais voici les quatre principaux mensonges que les médias occidentaux diffusent quotidiennement pour soutenir Israël et les Américains :

Israël a fait d’énormes progrès dans sa campagne militaire pour contrôler l’Iran.

Ce n’est absolument pas vrai. Si c’était le cas – et si nous devions croire les affirmations de Trump sur la souveraineté aérienne totale – pourquoi s’arrêter maintenant avec les pourparlers de paix ? La plupart des informations que nous voyons sur Sky News et la BBC sont préparées par le département médiatique des forces armées israéliennes, dont la tâche principale est de déformer la réalité sur le terrain. Alors que les avions F35 utilisés par Israël ont fait de grands progrès dans leur campagne, ils en ont perdu au moins trois, dont les pilotes sont détenus par l’Iran. Les médias occidentaux n’en parlent guère. De plus, il n’existe aucune couverture crédible des victoires iraniennes en Israël, car de nombreux médias les omettent tout simplement dans leurs présentations à grande échelle. Il est impensable que l’Iran n’ait pas touché d’installations militaires, ce qui expliquerait pourquoi tous les avions israéliens se trouvent en dehors du pays.

Bien que la première attaque israélienne ait eu un impact énorme, notamment en tuant des commandants de haut rang, l’Iran s’est rapidement remis et s’est attelé à la tâche qui l’attendait. Il faudrait une opération massive, avec peut-être jusqu’à deux millions de soldats au sol, pour envisager la moindre prise de contrôle du pays. L’Iran n’est pas l’Irak. Alors que les jets israéliens continuent de détruire de nombreuses installations, y compris des installations factices des Iraniens, la destruction par l’Iran en Israël ne peut pas se poursuivre au rythme actuel. Cela explique pourquoi Israël a accepté les pourparlers dans l’espoir que cela pourrait conduire à un retrait de l’Iran. L’Iran n’a pas besoin de gagner la guerre. Il doit seulement priver Israël de ses ressources.

L’Iran possède une bombe atomique ou est sur le point d’en construire une.

C’est peut-être le plus grand mensonge qui soit et il a même été réfuté par la directrice du renseignement américain, ce que Trump refuse bien sûr d’admettre. Nous répétons maintenant l’histoire des guerres américaines qui ont commencé avec des bêtises totales – l’Irak, l’Afghanistan, jusqu’à la guerre du Vietnam, où une attaque de missiles contre un navire de guerre américain a été simulée pour justifier leur propre invasion. Les Etats-Unis ont même prétendu que Kadhafi possédait des armes de destruction massive – tout cela s’est avéré faux.

Trump poursuivra les bombardements s’il ne parvient pas à un accord. En fin de compte, c’est exactement ce qui s’est passé, du moins c’est ce qu’il semble, comme le laissent entendre les rapports des médias occidentaux. Nous ne devrions toutefois pas tirer de conclusions hâtives, car il est possible que Trump ait bluffé les Israéliens, les Iraniens et même le peuple américain.

A-t-il vraiment mené les attaques contre les bunkers comme les médias nous les présentent ? A-t-il été informé par ses propres agents de renseignement que les Iraniens voulaient retirer les centrifugeuses de ces installations ? Ou l’avait-il déjà fait ? Dans ce scénario, le bombardement précipité lui donne quelques points en plus, car il sort vainqueur à court terme de tous les côtés, bien qu’il y ait été contraint pour sauver la face.

La pression pèse désormais sur lui et Netanyahu, qui pourraient tous deux être embarrassés dans les jours à venir si l’Iran bloque la navigation dans le Golfe persique et cherche des cibles faciles dans la région. Trump n’aime pas prendre de grandes décisions dont il sait qu’il ne pourra pas les changer en un clin d’œil. C’est pourquoi le bombardement des installations nucléaires ne doit pas être interprété comme une décision facile, mais plutôt comme un dernier recours.

Ses propres sbires du Pentagone ont dû lui dire : « Il est sacrément facile de commencer une guerre avec l’Iran, mais il sera difficile d’en sortir ». De même, la stratégie consistant à bombarder les installations nucléaires souterraines pourrait très bien entraîner un retour de bâton qu’il aurait mal évalué. Que feront Israël et les États-Unis après avoir fait cela ? L’Iran sortira-t-il les missiles plus gros et plus lourds qu’il a gardés en réserve jusqu’à présent pour détruire Israël ? Attaqueront-ils les alliés des États-Unis dans la région, voire les forces armées américaines ? Dans le cas extrême, il est probable qu’ils feront tout cela et bloqueront le détroit d’Ormuz. Trump veut-il une guerre ouverte avec l’Iran ? Netanyahu l’accueillerait certainement avec la participation des Etats-Unis au plus haut niveau, mais pas Trump.

De nouveaux bombardements ou l’assassinat du dirigeant iranien entraîneront un changement de régime.

Les Israéliens s’y accrochent également. Mais aucune indication n’a été donnée sur la possibilité d’un changement de régime, même partiel. Bien au contraire, il s’avère qu’Israël a fait d’énormes calculs, car l’idée réelle de prendre le contrôle total de l’Iran en attisant une révolte politique – voire en éliminant le Guide suprême – est insensée. Le guide suprême a récemment signé un décret qui confère au GIR les pleins pouvoirs militaires en cas d’attaque américaine majeure. Cela montre deux choses : premièrement, les Iraniens ne croient pas qu’Israël puisse à lui seul leur faire autant de mal et ne constitue pas une menace pour le régime. Deuxièmement, ils sont prêts à effacer Israël de la carte en quelques secondes avec une attaque nucléaire qui ne comprendra que quelques missiles plus lourds, probablement dirigés vers Tel Aviv. Même Trump le sait.

Tous ces mensonges et ces distorsions médiatiques rendent évidemment impossible la prédiction du résultat, puisque les principaux acteurs ne sont même pas honnêtes entre eux. Trump et Netanyahu poursuivent des objectifs différents en Iran et l’énorme question de savoir comment Israël peut continuer – ou peut tout simplement continuer – avec ou sans les troupes américaines en Iran reste d’actualité et sera l’indicateur le plus important pour savoir qui est aux commandes.

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