La vente de produits alimentaires étrangers n'est plus la chasse gardée des épiceries internationales. Elles font maintenant face à la concurrence des chaînes de supermarchés, comme Walmart ou Loblaw, qui se taillent une place grandissante dans ce marché.

À Moncton, l’augmentation de la population immigrante a favorisé la multiplication d'épiceries internationales. Ouverte il y a 11 ans, Baobab fait figure de pionnière en la matière. Elle attire une clientèle fidèle.

C’est ici ou à Afrikana que je viens m'approvisionner. Par exemple, la farine de maïs qu’on appelle la pâte Akoumin, c’est à Baobab ici que je viens chercher ça, dit Kokou Gadedjisso, une cliente originaire du Togo.

Une rude concurrence

Mais aujourd'hui, ces petites épiceries ne sont plus seules sur le marché des produits étrangers. Les grandes chaînes de supermarché vendent elles aussi ces produits.

Et la concurrence est rude.

Nous vendons la banane plantain à 1,99 dollar la livre, mais dans un supermarché [local], elle est à 1,49 dollar. Ce n’est pas évident pour la compétition de prix, mais le goût est différent, croit Adèle Lubaki, la propriétaire de l’épicerie Baobab.

Adèle Lubaki dit offrir bien plus que des produits à Baobab dans son épicerie située dans la ville de Moncton.

Photo : Radio-Canada / Babatundé Lawani

Nos ignames viennent du Ghana tandis que dans les grandes surfaces, ils vendent l’igname qui vient du Costa Rica. Donc ce n'est pas du tout quelque chose qui a le même goût, affirme Adèle Lubaki, propriétaire de l’épicerie Baobab.

Costco, Loblaw, Sobeys et Walmart n'ont pas répondu à notre demande d'informations. Toutefois, il suffit d'arpenter les allées des magasins de ces entreprises pour observer une offre de produits de plus en plus diversifiée pour répondre aux demandes, notamment, de la clientèle immigrante.

En 2024, Statistique Canada révélait que Moncton avait enregistré l'une des plus fortes croissances démographiques au pays l'année précédente.

Acheter bien plus qu’un produit

Pour tirer son épingle du jeu, Baobab revendique d'être plus qu'une simple épicerie, mais un véritable marché africain qui offre souvent d’autres services qu’un consommateur ne peut obtenir dans les grandes chaînes alimentaires, assure Adèle Lubaki.

D’autres clients restent fidèles à leur épicerie internationale pour y trouver un sentiment de communauté.

Nous venons ici pour rencontrer nos frères, nos amis. Ça crée un peu l’ambiance de chez nous, souligne Lulisa Lyirubushi, originaire du Rwanda.

L'épicerie internationale Baobab à Moncton, un lieu de rencontre communautaire et d'intégration

Photo : Radio-Canada / Babatundé Lawani

La soixantenaire Adèle Lubaki joue aussi le rôle de mère de substitution pour de nombreux étudiants qui vivent loin de leurs familles.

Du jour au lendemain, ils doivent faire des mets pour manger et pis ils ne se rappellent pas ce que la maman faisait là-bas dans la cuisine. Il peut venir, "maman Adèle, comment on fait ça?" Et voilà l’échange est fait, se réjouit-elle.

Elle pense que tant et aussi longtemps que cette relation perdurera avec ses clients, elle pourra faire concurrence aux grandes chaînes.