Le document, censé être discuté en interne, avait fuité dans La Libre, et le débat avait finalement débordé sur l'espace public.

Ce mercredi, après une discussion de plus d'une heure, les membres du bureau du Parlement bruxellois ne sont pas parvenus à se mettre d'accord pour valider la note. Plusieurs partis, dont Écolo, le PTB, et le PS, ont estimé que la note comportait "trop d'erreurs, d'imprécisions et d'incertitudes juridiques" que pour faire déjà l'objet d'un vote. À droite, certains estiment au contraire que les partis de gauche jouent la montre en demandant des informations complémentaires non nécessaires.

Bref, la note sera à nouveau débattue lors du prochain bureau, le 28 mai, et son adoption est très incertaine…

L'ensemble des partis, malgré les réticences initiales du MR et du PS, était pourtant parvenu ces derniers jours à un consensus en faveur d'une réduction du train de vie des députés bruxellois (5 % d'indemnité parlementaire en moins), mieux payés qu'au fédéral, et de la suppression d'autres avantages (voiture avec chauffeur du président, etc.).

Blocage sur la rémunération des fonctionnaires

Mais c'est une autre partie de la note – celle qui concerne les rémunérations des fonctionnaires du greffe du Parlement bruxellois – qui a divisé les partis ce mercredi.

Écolo, le PS, le PTB mais aussi la Team Ahidar, se sont opposés à l'adoption de la note, en l'état. Écolo a par exemple proposé un vote article par article, acceptant par exemple d'annuler la statue du Chat (NdlR : qui coûtera 500 000 euros) et de diminuer les rémunérations des députés. "Nous sommes d'accord de valider les mesures qui touchent les politiques (5 %, indemnités forfaitaires, etc.). Mais pour la partie qui concerne le personnel, la concertation sociale est indispensable", pointe Kalvin Soiresse (Écolo), député bruxellois et membre du bureau. Plusieurs députés estiment notamment que prendre une décision sans avoir entendu les greffiers des autres parlements, ni comparé les rémunérations, n'aurait pas de sens.

Pour le MR, la note est à prendre ou à laisser

Mais, pour le MR et les Engagés, la note est à prendre ou à laisser. "Il est important de parvenir à un équilibre entre les efforts que feront les parlementaires et ceux de l'administration du Parlement bruxellois. Cette note, c'est un tout", avait résumé Clémentine Barzin, cheffe de groupe MR, dans La Libre ce lundi.

Plusieurs élus s'irritent en effet de voir leurs rémunérations régulièrement pointées du doigt et remises en cause, alors que de nombreux fonctionnaires du greffe perçoivent davantage que l'indemnité parlementaire (9 463 euros bruts par mois) d'un député bruxellois (NdlR : à laquelle s'ajoute toutefois 2 649 euros nets des frais forfaitaires mensuels).

Les rémunérations des 165 fonctionnaires du greffe du Parlement bruxellois sont en effet 25 à 30 % plus élevées que celles des autres fonctionnaires bruxellois. La rémunération d'un greffier en fin de carrière dépasse celle d'un Premier ministre… La note propose notamment de baisser fortement les barèmes des futurs engagements, qui seraient alignés sur celui des fonctionnaires du Service public régional de Bruxelles (SPRB). Les personnes en place ne seraient pas concernées.

"La méthode a toujours été claire : concerter sans imposer. Le Front de gauche n'a pas permis un accord ce jour et refuse pour l'instant ces économies. Les discussions continueront sereinement, mais il est difficile d'expliquer aux citoyens que les temps sont durs et de ne pas donner l'exemple depuis le Parlement", regrette Aurélie Czekalski (MR), députée bruxelloise et membre du bureau.

Le MR ne parle pas par hasard de "front de gauche" : Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, travaille en effet sur la piste d'un gouvernement de gauche "anti-Arizona", avec Écolo et le PTB.

Ce dossier, à l'instar du blocage de la formation du gouvernement bruxellois, illustre le gouffre grandissant entre le MR et le PS, l'incapacité des libéraux à réunir une majorité autour d'eux, ainsi que les convergences de plus en plus évidentes, au Parlement bruxellois, entre les partis de gauche.