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Lentement mais sûrement, les infrastructures vertes gagnent en popularité au Québec.
Alléguant qu’il serait trop coûteux et irréaliste d’augmenter la capacité de leurs infrastructures souterraines pour contrer des événements extrêmes comme la tempête Debby, qui les a balayées l’été dernier, plusieurs municipalités mettent leurs espoirs dans des mesures moins onéreuses pour ralentir l’écoulement de l’eau comme les parcs éponges, destinés à soulager temporairement les réseaux pluviaux.
En octobre 2023, la mairesse Valérie Plante avait promis l’aménagement de 30 parcs et de 400 trottoirs éponges d’ici la fin de 2025. Ici, le terme « éponge » réfère à des surfaces absorbantes qui permettent à l’eau de pluie de s’écouler plus lentement, dans le sol, plutôt que d’être déversées directement dans le réseau d’égouts par des surfaces asphaltées.
Où en est-on dans la métropole avec cette promesse ? À l’heure actuelle, Montréal compte 13 parcs éponges, dont le parc Howard, dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, qui a une capacité de rétention de 676 000 litres d’eau. Dans Outremont, le parc Pierre-Dansereau est quant à lui en mesure de retenir temporairement 627 000 litres de pluie. Ailleurs dans la métropole, 14 autres projets sont en cours de réalisation, dont le parc Irma-LeVasseur, le parc Pierre-Bédard et celui de l’usine Atwater, tandis que 18 sont en phase de conception ou de planification, indique la Ville.
Les infrastructures éponges peuvent aussi prendre d’autres formes, comme les saillies de trottoir verdies sur le domaine public ou des tranchées drainantes, comme celles aménagées dans le stationnement du Marché Central.
De son côté, Laval a réalisé une trentaine de parcs éponges. L’un des prochains à voir le jour sera situé dans le quartier Vimont. La Ville profitera des travaux de réfection des infrastructures souterraines de la rue de Tolède pour repenser la gestion des eaux de pluie dans le secteur. L’aménagement est conçu pour qu’une partie d’un terrain aujourd’hui vacant puisse être temporairement inondée.
Nouveau nom, vieux concept
Les parcs éponges, dont on parle beaucoup depuis deux ans, ne sont pas une invention récente. « On parle de parcs éponges, mais c’est une nouvelle appellation pour quelque chose qui se faisait déjà », explique Julie-Maude Normandin, conseillère scientifique en chef à la Ville de Longueuil.
Le plus grand parc éponge à Longueuil, celui du parc de la Cité, a été aménagé il y a plus de 25 ans avec un bassin de rétention de surface. « Ça a l’air d’être un lac, pour monsieur et madame Tout-le-Monde, mais c’est un bassin à retenue permanente. Lorsqu’il y a des fortes pluies, le niveau d’eau augmente et il nous sert de parc éponge », dit-elle.
Ce que l’on sait assez bien scientifiquement sur les infrastructures vertes, c’est qu’elles ont un plus grand impact et une bonne capacité d’absorption dans les premiers millimètres de pluie
— Julie-Maude Normandin
Le terme « parc éponge » a fait son entrée dans le Grand Dictionnaire terminologique en 2023, confirme l’Office québécois de la langue française. Le porte-parole de l’organisme, Gilles Payer, indique que le terme « parc inondable » était auparavant privilégié, mais que « parc éponge » l’a déclassé il y a deux ans. « Nous avons jugé que la dénomination imagée était plus adéquate que “parc inondable”, un terme qui pourrait faire croire que l’accumulation d’eau est accidentelle, comme dans “zone inondable” », explique-t-il.
Un planchodrome « éponge »
La Ville de Longueuil a réalisé quelque 120 infrastructures éponges de divers types et de différentes tailles. Elles ne sont pas toujours là où on les attend. Ainsi, le planchodrome du parc Pierre-et-Bernard-Lucas, dans l’arrondissement de Saint-Hubert, est un site vers où les surplus d’eau du secteur sont dirigés. « Temporairement, le skatepark est un bassin de rétention. Il retrouve sa vocation dans les jours suivants », souligne Julie-Maude Normandin.
Les parcs éponges sont efficaces — des tests l’ont démontré —, mais ils n’ont pas la prétention de régler tous les problèmes d’inondations. « Ce que l’on sait assez bien scientifiquement sur les infrastructures vertes, c’est qu’elles ont un plus grand impact et une bonne capacité d’absorption dans les premiers millimètres de pluie. Donc, c’est une bonne nouvelle, explique Mme Normandin. Mais souvent, ça ne sera pas un seul bassin qui va changer la donne. Ça va être plusieurs bassins qui vont avoir un effet cumulatif. »
La Ville souhaite rendre systématique l’ajout d’infrastructures éponges ou drainantes quand l’occasion se présente, par exemple lorsqu’elle prévoit la rénovation d’un parc. Chaque direction de la Ville doit avoir cette idée en tête lorsque des travaux sont réalisés sur le territoire, soutient Mme Normandin. D’autres avenues sont également mises en avant, comme le verdissement et la perméabilisation des sols.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir
Le planchodrome du parc Pierre-et-Bernard-Lucas, dans l’arrondissement de Saint-Hubert, est un site vers où les surplus d’eau du secteur sont dirigés.
Les villes continuent d’investir dans des bassins de rétention traditionnels, mais il s’agit d’opérations coûteuses. Le bassin souterrain que compte construire la Ville de Laval dans le secteur Cartier, d’une capacité de 15 000 m3 — l’équivalent de six piscines olympiques —, coûtera 39 millions de dollars, dont 23 millions sont versés par Québec.
Rapport coûts-bénéfices
Les infrastructures vertes se heurtent toutefois à certaines contraintes, notamment dans le secteur privé. « Dans les projets de conception, adopter des infrastructures vertes, ça veut dire qu’il faut réfléchir au site tout de suite, en amont », indique David Viens, directeur général adjoint du Conseil régional de l’environnement (CRE) de la Capitale-Nationale. « Ça prend plus de temps pour les services d’architecture. Mais les professionnels ont un contrat qu’il faut réaliser dans un temps limité avec un budget déterminé, alors, ils n’ont pas toujours le temps d’innover. »
Le CRE, qui fait la promotion des infrastructures vertes, a créé en 2020 l’initiative Ville éponge afin de faciliter la mise en œuvre de tels projets au Québec. Dans certains cas, les réalisations présentent un intéressant rapport coûts-bénéfices. David Viens cite le cas de l’école Freinet, dans l’arrondissement québécois de Beauport, où l’achat de climatiseurs était envisagé afin de rafraîchir les locaux. Le CRE a plutôt proposé de verdir la façade sud de l’école et de déminéraliser une partie du stationnement. M. Viens soutient que le projet, qui a coûté 20 000 $, a permis non seulement de réduire la chaleur dans l’école, mais aussi de régler un problème récurrent d’inondation en plus de créer un espace agréable pour les élèves.
D’autres projets ont vu le jour ailleurs au Québec. À Trois-Rivières, des îlots de rétention ont été construits en bordure de trottoirs. À Victoriaville et à Saint-Charles-Borromée, des stationnements ont été couverts en partie de pavés alvéolés. À Cowansville, la MRC Brome-Missisquoi a aménagé des jardins de pluie dans son stationnement.