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Les librairies d’occasion, toujours bien vivantes

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Sur le rebord d’une vitrine, rue Milton, à Montréal, sont empilés des livres soldés. Dans l’un d’eux, un passant trouve un signet, dont la provenance laisse supposer que l’ouvrage a parcouru 12 000 kilomètres, depuis l’Inde, pour arriver dans la métropole. Coïncidence, l’homme avait un grand-père qui exerçait le noble métier de bouquiniste à Mumbai… Vous anticipez la suite ? Il entre dans la librairie, baptisée The Word, et fait part de sa découverte au commerçant. Après tout, celui-ci vit pour ces moments où l’on cherche une chose et l’on en trouve une autre. « La sérendipité », lui répond-on peut-être.

Généralement, le reste de ce genre d’histoire se perd dans le mélodrame, et parfois la fumée d’une pipe de libraire qu’on nous dit grand amateur de chats. Au sortir de l’article, on comprend soit que les clients ont déserté les librairies d’occasion au profit d’Amazon ou que les jeunes ne lisent plus. Un récit devenu classique à force d’être répété. Or, le livre d’occasion se porterait bien mieux que certains ne l’entendent. La clientèle des bouquineries se renouvelle dans les grands centres urbains et les gardiens de ces lieux souffrent beaucoup plus du prix des loyers commerciaux que du manque de lecteurs. Puisque The Word, l’une des plus iconiques librairies d’occasion de Montréal, célèbre son 50e anniversaire, nous nous sommes intéressés à un maillon souvent mal compris de la chaîne du livre pour tenter de bousculer les certitudes.

Deux angles erronés

Le 13 avril dernier, si vous passiez par le « ghetto McGill », l’ambiance était à la fête. The Word, cofondé en 1975 par Adrian King-Edwards et Lucille Friesen, célébrait son demi-siècle. Signe du temps, c’est avec Brendan King-Edwards, leur fils, qu’on s’entretient lors de notre visite au 469, rue Milton. « Il y a deux angles que tous les médias utilisent lorsqu’ils nous contactent, affirme d’emblée l’homme qui gère aujourd’hui le commerce où son père s’implique encore activement, appuyé par sa conjointe, Donna Jean-Louis. Soit on nous demande comment on fait pour survivre ; soit on nous interroge sur les effets de la concurrence d’Amazon. »

Photo: Adil Boukind Le Devoir La libraire The Word, située dans le ghetto Mc Gill à Montréal

Ces deux angles ne pourraient être plus éloignés de la réalité d’une librairie d’occasion, soutient le principal intéressé. « Amazon avait dans sa mire les gros joueurs du milieu du livre neuf. » À son avis, l’augmentation radicale du prix des loyers commerciaux en Amérique du Nord, le départ à la retraite de certains libraires qui n’ont pas formé de relève, ou encore le décès d’autres (comme le regretté Richard Gingras, du Chercheur de trésors, sur Ontario), auraient beaucoup plus à voir avec la fermeture des commerces.

Bruno Lalonde, copropriétaire, avec Fabienne Roques, de la librairie Le livre voyageur (2319, rue Bélanger, à Montréal) abonde dans le même sens. « Les cycles économiques nous font plus mal que les innovations technologiques. N’importe quel petit commerçant qui ne devient pas rapidement propriétaire de son outil de travail — son local — va souffrir. »

Tout comme Adrian King-Edwards, Lalonde est aujourd’hui propriétaire de son « outil de travail ». Saluant l’œuvre du cofondateur du Word, également cofondateur de la Confrérie de la librairie ancienne du Québec (CLAQ), qui célèbre cette année son 40e anniversaire, Lalonde ajoute qu’à ses yeux Adrian est une légende dans le milieu. « Et Brendan est aussi très bon, souligne-t-il. Grâce à sa maîtrise des outils technologiques, il apporte du nouveau au sein de la librairie et de la confrérie. »

L’adversaire

Selon Bruno Lalonde, le domaine du livre neuf, au même titre que les médias, n’a jamais considéré que les libraires d’occasion effectuaient un travail sérieux. « [On] sert de digues au flot tumultueux des parutions. Notre lien avec le lecteur n’est pas anonyme : on sait à qui seront destinés les livres. C’est pour ça qu’on a survécu à Amazon. Le monde du livre en occident, c’est cinq siècles. On a une perspective qu’une librairie qui vend du neuf n’a pas forcément. Tu ne trouveras pas un coup de cœur Renaud-Bray sur un livre imprimé en 1750 », précise-t-il.

Photo: Hubert Hayaud Bruno Lalonde, copropriétaire, avec Fabienne Roques, de la librairie Le livre voyageur

De son côté, Étienne Charbonneau, propriétaire de L’Échange, avenue du Mont-Royal (qui célébrera ses 50 ans l’année prochaine), assure également n’avoir jamais considéré Amazon comme un adversaire, mais plutôt comme un « outil supplémentaire » pour l’évaluation des livres, au même titre que le site AbeBooks. « Ça nous permet de prendre le pouls du marché en ligne et de déterminer nos prix d’achat et de vente avec encore plus de précision. »

Angèle St-Onges, libraire à La Bouquinerie du Plateau (799, avenue du Mont-Royal Est), estime aussi pour sa part que les plateformes en ligne n’ont pas d’incidence directe sur les ventes de son établissement. « [Toutefois], certains clients vont comparer [les prix] sur Internet et nous demander de baisser les prix parfois. Quand on tarifie les livres, on contre-vérifie sur AbeBooks et BookFinder, et on s’assure généralement qu’ils sont moins chers que sur Internet. »

Nouvelle clientèle

Propriétaire de la Librairie Laforce (541, rue Saint-Jean, à Québec), Bernard Laforce est d’avis qu’au cours des cinq ou six dernières années, l’âge moyen de sa clientèle a clairement diminué. L’homme qui se spécialisait autrefois en « vieux livres canadiens », a rapidement ajusté son offre en conséquence et axé son inventaire sur la poésie québécoise, les romans graphiques, les fanzines et les objets « non conventionnels » qui s’ajoutent à son lot de vinyles.

Comme la majorité des intervenants à qui Le Devoir a parlé, Brendan King-Edwards a constaté une explosion de librairies indépendantes au cours de la dernière décennie. Parallèlement à ce boum, une clientèle plus jeune d’acheteurs d’éditions originales et de livres rares, souvent mise au parfum par les médias sociaux, a émergé. « Vous savez, dit-il, pour le prix de deux Harry Potter neufs, vous pouvez parfois repartir avec une première édition de Steinbeck. »

Photo: Adil Boukind Le Devoir Intérieur de la libraire The Word

King-Edwards, dont la librairie fait partie des vétérans anglo-saxons de la ville, avec Argo Books et Cheap Thrills, estime d’ailleurs que l’impressionnant inventaire du Word est le fruit d’un travail collaboratif avec sa communauté de lecteurs. Un lien dont Bernard Laforce réaffirme l’importance : « Je mets beaucoup d’accent sur la provenance des documents. Ça me fait toujours plaisir de parler d’où je les ai achetés, de comment ils se sont rendus à moi. C’est une partie de mon métier. »

Cycle de vie

Guy Marchand, ancien libraire d’occasion, considère de son côté que le livre usagé est essentiel. « Il permet aux personnes qui n’ont pas beaucoup d’argent d’avoir accès à une grande quantité d’auteurs. » « Un investissement de 25 $ dans trois noms inconnus qui semblent intéressants peut aboutir à une passion qui entraînera des achats dans le neuf », ajoute cette institution de la poésie trifluvienne, qui rappelle qu’il faut garder à l’esprit que la vie d’un livre est généralement courte.

Photo: Adil Boukind Le Devoir La libraire The Word

Une réalité que Bruno Lalonde, de la librairie Le livre voyageur, explique en ces termes : « La majorité des livres disparaissent sans laisser de trace. Ce n’est pas le purgatoire, mais les limbes. Si entre sa naissance et sa mort, un livre trouve un lecteur, c’est bien. Certains livres, comme Soigne ta chute, de Flora Balzano, entrent au purgatoire et reviennent. Certains autres, comme ceux de Monique Wittig, longtemps confidentiels, sont réédités aujourd’hui, car leur sensibilité est en phase avec l’époque. L’une des seules exceptions, c’est Dostoïevski, qui n’a jamais cessé d’être un bon vendeur, surtout auprès des jeunes. »

D’autres incontournables à Montréal

Cheap Thrills

2044, rue Metcalfe

Librairie Henri-Julien

4800, av. Henri-Julien

Le Port de tête

269, av. du Mont-Royal Est

Argo Books

1841-A, rue Sainte-Catherine Ouest

Bonheur d’occasion

475, boul. de Maisonneuve Est

Encore books

5670, rue Sherbrooke Ouest

Boutique Volume

255, rue Sainte-Catherine Est

La Boîte à son

355, rue Émery

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