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« Les Jeux de l'Acadie représentent le modèle pour les autres jeux de la francophonie canadienne en milieu minoritaire », selon une sociologue qui s’intéresse particulièrement à l’impact du sport sur les identités francophones au Canada.

Créée en 1979, la Finale des Jeux de l’Acadie est rapidement devenue un modèle, a expliqué Christine Dallaire, vice-doyenne de la faculté des sciences de la santé à l'Université d'Ottawa, lors d’une entrevue vendredi à l’émission L’heure de pointe.

Le grand rendez-vous sportif et culturel acadien, dont la 44e édition se déroule ces jours-ci à Dieppe, au Nouveau-Brunswick, a été l’initiation, dit-elle, aux Jeux franco-ontariens, aux Jeux francophones de l’Alberta, aux Jeux de la francophonie canadienne et aux Jeux franco-canadiens du Nord et de l'Ouest

L’adhésion des communautés acadiennes à leurs Jeux est la clé, selon la sociologue. C'est particulier par rapport aux autres Jeux, étant donné la grande contribution communautaire, souligne-t-elle.

Aux Jeux de l'Acadie, il y a non seulement les athlètes, les entraîneurs, les chefs de mission, tous les bénévoles et organisateurs nécessaires pour le [comité d’organisation] et pour les délégations, mais il y a aussi — et on le sent — toute la communauté qui est derrière les jeunes, qui vient comme spectateurs, dit Christine Dallaire.

Pas juste les parents qui viennent au terrain de camping, mais les gens de la région, aussi, viennent voir les cérémonies, les spectacles, et voir les jeunes nous démontrer leurs talents, explique-t-elle.

Les podiums en athlétisme aux Jeux de l'Acadie, le 3 juillet 2022 à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Juliana Lemaire, de la délégation Sud-Est, a gagné le 1200 mètres et le 2000 mètres.

Photo : Radio-Canada / Félix Arseneault

Une des clés, poursuit Christine Dallaire, a été la tenue des Jeux de l’Acadie dans des collectivités parfois rurales, souvent moins peuplées, par exemple à Abram-Village à l’Île-du-Prince-Édouard en 2001.

Dans les grandes villes, note-t-elle, le public a le choix des activités. Dans les petites communautés, quand les Jeux débarquent, c'est l'activité principale, donc tout le monde y contribue et y participe. Ça fait une grande différence.

Ce qui est particulier en Acadie, contrairement à ce que j'ai vu ailleurs, [c’est] la façon dont on décore les maisons, dit Christine Dallaire. Le bleu-blanc-rouge partout, le drapeau acadien, l'étoile.

Miramichi se préparant à accueillir les Jeux de l'Acadie à l'été 2018.

Photo : Radio-Canada

On décore, résume-t-elle, parce qu'on accueille les gens chez nous. Ça, on ne voit pas ça ailleurs. Ça nous donne le message que c'est la communauté qui nous accueille.

Aussi stéréotypé que ça peut être, quand on va dans les jeux de l'Acadie, c'est les gens de toutes générations qui participent, dit-elle encore. Avec les grands-mères qui sont dans les cuisines et les cafétérias pour préparer la bouffe, que ce soient les grands-pères qui sont dans la cour pour aider à diriger les autobus et la circulation, que ce soient des parents, des adultes plus jeunes, qui sont entraîneurs.

Les Jeux de l’Acadie sont particulièrement habiles à renforcer ces liens entre les personnes de tous les coins de l’Acadie, ce qui prend une importance prépondérante chez les jeunes.

Un moment de réconfort pour ces cyclistes de Madawaska-Victoria aux 44e Jeux de l'Acadie.

Photo : Radio-Canada / Scott Beaulieu

Le sport, explique Christine Dallaire, est tout désigné pour cette mission, en raison de sa grande popularité chez les jeunes.

Le sport peut être utile pour développer des relations sociales, dit-elle. Si on veut regrouper le plus grand nombre de jeunes, le sport va être d'un très grand attrait.

À leurs débuts, les Jeux de l'Acadie ne donnaient pas de médailles individuelles, mais des prix collectifs.

L'ubuesque Acajoux (à droite) pose pour une photo avec les athlètes Maé Le Gal, Annabelle Lévesque et Emma Bérubé, jeudi à Dieppe.

Photo : Radio-Canada / Scott Beaulieu

Selon Christine Dallaire, c’est une nouveauté qui a fait des Jeux de l’Acadie un précurseur pour les autres rendez-vous sportifs de la francophonie à travers le Canada.

Le prix de l'Esprit sportif et le prix de l'Amitié sont précurseurs à instaurer un environnement qui valorise les relations sociales saines plutôt que les relations d'adversaires, indique-t-elle.

Ça fait une très grande différence pour mettre en place un environnement qui va permettre le développement de la jeunesse, qui va permettre les amitiés, les rencontres festives entre les jeunes, comparativement à d'autres formes de compétitions sportives, conclut-elle.