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Pour voter aux élections provinciales, il faut d'abord s'inscrire. Or, les jeunes de 18 à 24 ans le font de moins en moins, selon le dernier rapport d'Élections NB. Certains intervenants appellent à mettre en œuvre l'inscription automatique sur les listes électorales.
Lors de la dernière élection provinciale, les 18-24 ans étaient un peu plus de 20 500 électeurs inscrits. C'est 14 400 de moins en 2020, environ 16 000 de moins qu'en 2018 et la moitié moins qu'en 2014, selon un récent rapport d'Élections NB.
Dans la province, les jeunes doivent généralement contacter eux-mêmes Élections NB pour être inscrits sur les listes.
Les informations d'électeurs peuvent parfois se rendre jusqu'à l'organisme via l'Agence du revenu du Canada, mais ce partage des données n'est pas infaillible, prévient Élections NB, et il peut prendre des mois, ajoute Élections Canada, qui en assure le transit.
L'inscription automatique pour augmenter le vote?
Pour deux associations qui représentent des jeunes, la solution au problème est toute simple : il faut inscrire ces jeunes électeurs automatiquement.
Cela enlèverait toute cette pression de plus sur les étudiants, juge Alexandre Robichaud, le vice-président externe de l’association étudiante du campus de Shippagan de l’Université de Moncton.

Alexandre Robichaud est vice-président externe à l'Association Étudiante de l'Université de Moncton Campus de Shippagan.
Photo : Courtoise
Il propose d’inscrire un jeune à la liste électorale lors de l’obtention du permis de conduire auprès de Service NB.
Selon lui, la sensibilisation a également un rôle important. Pour un étudiant qui n’a pas été sensibilisé sur l’importance du droit de vote [...] c’est sûr et certain que lorsqu’on est en période d’élection, sa priorité ne sera pas d’aller s’inscrire et d’aller voter.
S’inscrire sur la liste n’est pas compliqué, mais encore faut-il savoir comment faire et prendre le temps d’y penser, fait remarquer Antoine Chiasson, le président désigné de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick.

En plus d'être président désigné de la Fédération des jeunes francophones, Antoine Chiasson est également impliqué dans la Légion royale canadienne, d'où cette photo d'archives.
Photo : Facebook - Antoine Chiasson
Probablement que ceux qui ne s’intéressent pas à ça ont eu peut-être un peu plus de difficulté, indique-t-il.
Oui, on peut rappeler à nos amis d’aller voter, mais il demeure tout le temps qu’il y a une étape à faire avant.
Il n’y a pas de registre de nouveaux électeurs au N.-B.
Élections Canada dispose d’un registre des jeunes de 14 à 17 ans. Une fois qu’ils atteignent 18 ans, les jeunes adultes sont automatiquement inscrits sur la liste électorale.
Un tel registre n’existe pas au Nouveau-Brunswick.
Élections NB souhaiterait toutefois se doter d'un outil de ce genre et l'a formellement demandé en 2019, explique une porte-parole d'Élections NB.

Karine Pitre est agente de communication pour Élections NB.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
La recommandation qui avait été faite est non seulement de permettre d’avoir un registre des futurs électeurs, mais aussi d’avoir un partage des données du ministère de l’Éducation, explique Karine Pitre d’Élections NB.
Parce qu’évidemment, où est-ce que les jeunes se trouvent tous? À l’école!
En 2019, Élections NB citait l’exemple de l’Ontario, qui tient un tel registre.
L’inscription, une condition nécessaire, dit un expert
André Blais, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal, explique que l'inscription proactive serait certainement facilitante au vote des jeunes, qui, de façon générale, votent peu.
Mais, selon lui, il n’y aurait pas énormément plus de jeunes à se rendre à l’isoloir.

André Blais est professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal et expert des questions de comportement électoral.
Photo : Courtoise
Le déclin du taux de participation est beaucoup plus marqué chez les jeunes générations un peu partout dans le monde.
Il faut que l’on donne l’impression que c’est ludique, que ce soit intéressant, le fun. Donc, s’il y a des activités ludiques liées autour de ça, ou des pressions sociales du milieu, c’est ça, je pense, qui pourrait avoir un effet.
Un taux de participation trompeur
Sur papier, le taux de participation des jeunes de 18 à 24 ans a atteint un record de 76,6 % lors des élections de 2024. Par comparaison, le taux général s’élève à 65 %.

Le taux de participation chez les jeunes cache une autre réalité.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Si cette statistique est si élevée, c’est parce qu'elle ne prend en compte que les 20 578 jeunes inscrits. Il faut donc se poser des questions, prévient Karine Pitre.
Taux de participation des 18-24 ans aux élections au Nouveau-Brunswick
2010 | 65 % |
2014 | 44 % |
2018 | 50 % |
2020 | 54 % |
2024 | 77 % |
Est-ce que les 20 000 électeurs sont réellement le nombre de personnes de 18 à 24 ans qui sont admissibles à voter au Nouveau-Brunswick? Ou est-ce que les gens qui ne voulaient pas voter ont tout simplement choisi de ne pas s’inscrire à la liste électorale?.
Les jeunes ont été moins nombreux à voter dans l'absolu. Seuls 15 700 ont exercé leur droit en 2024 alors qu’ils étaient plus de 18 000 lors des quatre dernières générales.
Le vote à 16 ans
La Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick demande également le vote à 16 ans avec un enregistrement sur la liste électorale qui serait faite dans les écoles.
Le Parti libéral du Nouveau-Brunswick a adopté une résolution en faveur du vote à 16 ans, mais la mesure n'est jamais apparue sur la plateforme électorale du parti et n’a pas été mentionnée dans le discours du Trône du gouvernement Holt.
Après avoir consulté de jeunes Néo-Brunswickoises et Néo-Brunswickois, il est devenu clair qu’ils souhaitent d’abord des mesures concrètes pour améliorer le système d’éducation et rendre la vie plus abordable, plutôt qu’un changement à l’âge de vote, indique par écrit la directrice générale du Parti libéral, Hannah Fulton Johnston.
La Fédération des jeunes estime qu’il s’agit d’une mesure qui pourrait faciliter la participation électorale, mais cela fait encore débat dans la communauté scientifique, nuance André Blais.
Les gens ne votent pas moins à 16 ans qu’à 18 ans. Ils votent peut-être un petit peu plus, mais ce n’est pas tout à fait clair.
Mais, au moins, ça ne semble pas avoir un effet négatif sur le taux de participation.