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”Les enfants et les adultes voient les personnes qu’ils aiment mourir sous leurs yeux, de la manière la plus horrible qui soit”

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Les témoignages émanant de la bande de Gaza sont désormais des appels de détresse : la situation est intenable et la communauté internationale est appelée à réagir. "Sur le terrain, cela empire chaque jour", clame Claire Manera. Contactée par La Libre, cette Australienne, qui assure à Gaza la coordination d'urgence de Médecins Sans Frontières, dit "vivre constamment dans la peur". Elle évoque aussi ces mères qui la supplient en "regardant leurs enfants mourir de faim dans les rues". Interview.

Pouvez-vous décrire la situation à Gaza ?

Quand je suis arrivée, il y a un mois, c'était déjà catastrophique et, depuis une semaine, cela empire chaque jour. La fréquence et l'intensité des bombardements augmentent sans cesse. Le nombre de personnes blessées, tuées, souffrant de traumatismes graves ou de brûlures au troisième degré augmente aussi, surtout parmi les enfants. Il y a maintenant des milliers et des milliers de personnes déplacées, qui vivent dans la rue, sans abri, sans nourriture, sans eau potable… Et elles ne sont évidemment pas en sécurité : elles continuent d'être prises pour cibles, elles se font tirer dessus, elles sont bombardées.

Êtes-vous en mesure de les aider ?

Nous essayons encore de fournir des soins médicaux dans les hôpitaux et les cliniques, mais ils sont eux aussi ciblés. Nos établissements de santé ont été frappés plusieurs fois depuis mon arrivée. Heureusement, aucun membre de notre personnel n'a été gravement blessé ou tué. On ne sait jamais ce qui peut arriver, on vit dans l'incertitude. Nous fournissons aussi de l'eau potable aux Gazaouis, mais pas en suffisance. Les gens nous demandent de plus en plus d'eau, ils sont extrêmement stressés. En outre, de nombreuses zones nous sont inaccessibles car elles ne sont pas suffisamment sûres.

Y a-t-il un risque de famine ?

Un blocus total est imposé sur la nourriture, les médicaments et le carburant depuis le 2 mars. Quelques livraisons commencent à arriver maintenant, mais pas suffisamment. Les gens ont l'air de ne pas avoir mangé depuis des semaines. Les mères sont extrêmement angoissées, parce qu'elles regardent leurs enfants mourir de faim. Certaines viennent me voir dans la rue en me suppliant de leur donner à manger, de les aider, parce qu'elles n'ont plus aucun moyen de survivre.

Que pouvez-vous leur répondre ?

Honnêtement, c'est très difficile de leur dire quoi que ce soit. Nous disposons de camions à la frontière avec tout ce dont les habitants ont besoin, mais les autorités israéliennes ne laissent pas entrer ces fournitures de manière sécurisée, ni en quantité suffisante. C'est tragique de savoir qu'on pourrait aider cette population, qu'on en a les moyens… mais qu'on nous en empêche.

Quels sont les besoins médicaux les plus urgents ?

MSF doit traiter un nombre très important de traumatismes graves causés par les bombardements qui ont lieu jour et nuit, ainsi que les brûlures que ces bombardements provoquent. C'est donc une situation horrible. On voit des personnes, des enfants, dont la peau se détache, qui ont des membres amputés. Ils sont en grande souffrance. Nous devons leur fournir des antidouleurs, mais il devient de plus en plus difficile d'avoir assez de fournitures médicales. En plus, de moins en moins d'hôpitaux fonctionnent, car eux aussi ont été bombardés. Les besoins augmentent alors que les ressources diminuent.

Les enfants souffrent-ils de troubles psychologiques ?

Oui, le nombre de traumatismes psychologiques est grand. Les bombardements constants, le fait de voir les personnes que l'on aime mourir sous ses yeux, de la manière la plus horrible qui soit, tout cela a un énorme impact sur les enfants et les adultes. La population vit cela depuis maintenant 20 mois. Ils sont très courageux et très résilients, mais ils ne peuvent pas continuer ainsi, ils ne tiennent plus le coup. Et notre personnel ne parvient plus non plus à supporter cette situation

Concrètement, que faites-vous à Gaza ?

Je suis implantée dans le centre de la bande Gaza, mais je me rends aussi dans le nord, où nous avons une clinique. Ma principale responsabilité est de veiller à la sécurité des membres de MSF, à ce qu'ils puissent faire leur travail sans être blessés. Nous travaillons avec environ 400 employés palestiniens.

Pouvez-vous nous décrire une journée type pour vous ?

Je me lève vers 5 heures et commence par vérifier la situation sécuritaire : où ont eu lieu les bombardements pendant la nuit, quelles sont les zones sécurisées… Ensuite, à 7 heures, nos équipes partent pour la distribution de l'eau aux communautés. Je les aide à organiser les convois. Après cela, les équipes médicales vont dans les hôpitaux pour soigner les traumatismes graves et les patients qui sont arrivés pendant la nuit. En parallèle, nous essayons de comprendre où se dirige la population, car des milliers de personnes se déplacent en permanence, forcées de quitter leur domicile. Nous envisageons la meilleure manière de les aider et de les rejoindre pour leur apporter des soins médicaux. Nous cherchons également à recueillir toutes les informations possibles pour pouvoir parler à la communauté internationale, car la seule chose qui pourra aider la population, c'est un cessez-le-feu immédiat. Rien d'autre !

Des Palestiniens pleurent leurs proches décédés dans un bombardement. Photo prise à Jabalia le 26 mai 2025.

Des Palestiniens pleurent leurs proches décédés dans un bombardement. Photo prise à Jabalia le 26 mai 2025. ©apaimages/Photonews

Quel est votre état d'esprit ?

Tout le monde ici, moi compris, vit dans la peur constante. C'est terrifiant de devoir vivre dans un endroit où l'on ne sait jamais si l'on est en sécurité. Mais ce qui me fait le plus peur, ce ne sont ni les bombardements, ni les tanks, ni les tirs. Une chose est pire, ce sont les ordres d'évacuation. À chaque fois que j'en vois un nouveau, je panique en pensant à tout notre personnel. Sont-ils dans une zone qui va être attaquée ? Comment les aider ? Comment leur faire passer le message ? Faut-il leur conseiller de se mettre à l'abri chez eux ? Ont-ils le temps de partir ? Je les imagine commencer à fuir et être bombardés en rue avec leurs enfants. Pour moi, c'est la pire chose à gérer, à chaque instant de chaque jour ici.

Même en tant que personnel humanitaire, vous vivez constamment dans la peur ?

Oui, nous avons toujours peur parce que c'est imprévisible. Les autorités israéliennes savent où nous sommes, mais elles continuent de violer le droit international humanitaire en ciblant les hôpitaux et les travailleurs humanitaires. On voit tous les jours qu'elles ne respectent pas ces lois et principes.

Quelles sont vos conditions de vie ?

Nous vivons dans des tentes à l'hôpital, au centre de Gaza. Cela signifie que nous ne nous sentons absolument pas en sécurité car, en cas d'explosion d'une bombe à proximité, les éclats peuvent facilement nous blesser ou nous tuer. Le neveu d'un membre du personnel, âgé de 13 ans, a été gravement blessé il y a quelques jours à cause d'une bombe qui a touché la maison du personnel. Il a survécu, mais il a dû être amputé d'une partie d'un membre. C'est dévastateur pour un si jeune garçon.

Pourquoi restez-vous ?

Parce que ces Palestiniens ont besoin de toute l'aide possible. Nous ne pouvons pas leur tourner le dos. Nous avons besoin que le monde se mobilise et mette la pression sur le gouvernement israélien, et sur tous les gouvernements qui laissent cette guerre continuer. C'est comme une condamnation à mort pour le peuple palestinien. Ils font partie des personnes les plus courageuses que j'ai rencontrées et ne méritent pas de mourir. Ils méritent d'être aidés. Cette guerre doit cesser immédiatement.

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