Les dépouilles de dizaines de défunts dont les corps n’ont jamais été réclamés seront bientôt inhumées à Terre-Neuve-et-Labrador.

En mars 2024, les corps d’une trentaine de personnes étaient entreposés dans des conteneurs réfrigérés, dans une ruelle près de l’hôpital principal de Saint-Jean de Terre-Neuve, car il n’y avait plus de place à la morgue.

L’hôpital a plus tard déplacé les conteneurs dans un stationnement souterrain, en attendant que les travaux d’agrandissement de la morgue soient terminés.

Plus d’un an après, ces individus seront mis en terre, a confirmé lundi Ron Johnson, directeur de la zone urbaine de l'est à la Régie de santé de Terre-Neuve-et-Labrador.

Des crémations et des enterrements vont commencer dans les jours qui viennent, a-t-il affirmé.

Ces conteneurs réfrigérés à l'extérieur de l'hôpital Health Sciences Centre, à Saint-Jean, ont été déplacés le 25 juin 2024. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Il a indiqué que Barrett's Funeral Home, dans la région de Saint-Jean, s’est vu octroyer le contrat pour les services funéraires. Ron Johnson estime qu’il y a 26 corps entreposés cette semaine.

En vertu de changements apportés en décembre à une loi provinciale, la régie de santé a l’autorité d’inhumer les corps non réclamés après deux semaines de recherches infructueuses pour identifier le plus proche parent du défunt, et cinq jours après que la publication d’un avis sur une page web de l’autorité sanitaire.

Malgré l’entrée en vigueur de ces changements à loi, le 1er janvier, les noms de 26 défunts étaient publiés sur cette page le 28 mai. La date limite pour réclamer les dépouilles était le 4 juin.

Des conteneurs réfrigérés dans le stationnement souterrain de l'hôpital de Saint-Jean de Terre-Neuve. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Elizabeth Whitten

Lorsqu’on a demandé à la régie de santé pourquoi, à la mi-mai, rien n’avait encore été fait, la porte-parole Mikaela Etchegary a répondu que Santé T.-N.-L. était toujours en train de finaliser la mise en œuvre de la législation.

Des citoyens se mobilisent pour des défunts

À certains endroits, des citoyens se sont mobilisés et demandent que les personnes décédées puissent être inhumées dans leur lieu d’origine ou dans la communauté où ils habitaient.

À Harbour Grace et dans les alentours, des restaurateurs font une collecte afin de réclamer la dépouille de Rendell Crane, mort en 2023, et l'enterrer aux côtés de celle qui fut son épouse.

À Labrador City, une citoyenne a fait une demande d’aide financière pour rapatrier Mario Boucher, un homme décédé ce printemps qu'elle ne connaissait pas personnellement, mais qu’elle croisait souvent dans la ville et au centre commercial où il travaillait.

Dans une déclaration écrite le 3 juin, la défenseuse des personnes âgées de Terre-Neuve-et-Labrador, Susan Walsh, a affirmé que la régie de santé lui avait promis que les dernières volontés des défunts, si elles sont connues, seront respectées.

Les personnes décédées seront inhumées dans leurs communautés et des marqueurs permanents seront érigés au lieu de sépulture, lui a assuré la régie.

À certains endroits, des communautés font une cérémonie pour honorer, en groupe, les morts qui n’ont pas été réclamés. Un porte-parole de la régie de santé, Jon Oake, indique que la province ne prévoit pas organiser de cérémonies de groupe pour honorer la mémoire des personnes qui sont mortes sans famille ou amis.

Susan Walsh, la défenseure des personnes âgées à Terre-Neuve-et-Labrador, exprime l’espoir que cette situation ne se reproduise plus. (Photo d'archives)

Photo : CBC / Terry Roberts

Le président de Barrett's Funeral Home, Shane Mouland, a dit ne pas être disponible pour une entrevue. Soyez assurés que les crémations et les enterrements seront faits avec le plus grand soin, dignité et professionnalisme, a-t-il déclaré dans un courriel.

La défenseuse des aînés exprime l’espoir que l’accumulation de corps non réclamés pendant de longues périodes soit bientôt chose du passé.

Avec la nouvelle procédure et l’échéancier enchâssé dans la loi, cette situation malheureuse ne devrait plus se produire, a écrit Susan Walsh.

D’après les reportages d’Elizabeth Whitten et de Maddie Ryan, de CBC