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Plus de 150 000 bouteilles en aluminium produites en Alberta et contenant de l’eau de Calgary sont distribuées gratuitement au Festival international de jazz de Montréal (FIJM) par Rio Tinto, un des principaux partenaires de l’événement. Une initiative loin d’être écoresponsable, et même « un incitatif au gaspillage », selon un expert consulté par Le Devoir.
« C’est un incitatif au gaspillage. Personnellement, je refuserais cette bouteille si on me la donnait », clame Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED). « Ces bouteilles nous poussent à surconsommer un produit qu’on ne demande pas nécessairement […], quelque chose dont les gens n’ont pas forcément besoin à la base », explique-t-il en entrevue.
Partenaire du FIJM depuis 2006, Rio Tinto distribue ces bouteilles d’eau dites « réutilisables » depuis cinq ans. Cette année, ce sont plus de 153 000 d’entre elles qui seront distribuées sur toute la durée de l’événement.
Le Devoir a testé la bouteille avec M. Ménard. Premier constat : l’intérieur n’est pas « isolé ». Puisque le festival a lieu en été, l’eau peut rapidement se réchauffer et ne plus être buvable.
Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir
Partenaire du FIJM depuis 2006, Rio Tinto distribue depuis cinq ans des bouteilles d’eau en aluminium dites «réutilisables».
Bien que le porte-parole de l’industrie de l’aluminium Jean Simard affirme que les bouteilles peuvent être « réutilisées sur le site », le bouchon « n’est pas facile à revisser […] et n’a pas été conçu pour durer longtemps », déplore M. Ménard.
Après l’avoir examinée, l’expert en gestion écologique des déchets statue finalement : « Sur une note de 10, je lui donnerais 2, parce que le design est joli. »
Un long chemin
Les bouteilles colorées sont remplies d’eau des Rocheuses canadiennes par North Water, une entreprise établie à Calgary. De plus, les canettes et les bouteilles en aluminium ne sont pas recyclées au Québec. Elles doivent être transportées jusqu’aux États-Unis pour pouvoir être recyclées.
« Ça fait quand même plusieurs milliers de kilomètres pour nous acheminer de l’eau dans une bouteille d’aluminium », fait valoir l’expert.
Par ailleurs, pour que la bouteille soit recyclée, encore faut-il que les festivaliers la mettent dans les bacs à recyclage.
Karel Ménard s’explique mal la stratégie de promotion qui se cache derrière cette bouteille. « Rio Tinto n’est pas nécessairement une industrie qui est à la recherche de clients », affirme-t-il. De plus, l’apparence colorée et attrayante du produit incite les gens à prendre la bouteille simplement parce qu’ils la trouvent belle, même s’ils ont déjà une gourde dans leur sac.
Jean Simard, directeur de l’Association Aluminium du Canada, fait valoir que « Rio Tinto est l’un des plus grands producteurs d’aluminium au monde » et que la distribution de ces bouteilles est « une façon de partager cette vision-là avec le public montréalais ».
« Merci de me recycler »
Le Devoir s’est rendu sur le site du FIJM. En fin de soirée, après les spectacles, malgré la mention « Merci de me recycler » figurant sur la bouteille, beaucoup finissent au sol ou dans des poubelles ordinaires, sans garantie qu’elles seront recyclées. Le directeur général du FCQGED fait valoir que lors de grands événements, « les gens ne font pas nécessairement attention, ils voient une poubelle ou un bac, peu importe, ils mettent ça là-dedans ».
De son côté, le porte-parole de l’industrie de l’aluminium soutient que « le taux de récupération des contenants d’aluminium au Québec est parmi les plus élevés au monde » et que les bouteilles d’eau « vont se retrouver en refonte et [seront] réutilisées pour faire d’autres contenants d’aluminium ». « C’est une boucle fermée », souligne-t-il.
Des fontaines à eau disponibles
Depuis plusieurs années, de nombreux festivals montréalais mettent à disposition du public des fontaines à eau sur leur site et encouragent les visiteurs à apporter leur propre gourde, dans une optique écologique.
Le FIJM devrait suivre cette voie, estime M. Ménard, en faisant « la promotion du réemploi », plutôt que de distribuer un nouveau contenant à usage incertain. D’autant que des fontaines à eau sont déjà disponibles sur le site du festival.
M. Simard explique que « c’est déjà une belle solution qui est mise de l’avant » dans un contexte de festival international où, selon lui, les gens ne débarquent pas de Paris ou de New York avec leur gourde personnelle.