NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
En mars 2025, la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), placée alors sous la protection de ses créanciers, a annoncé son intention de vendre aux enchères quelque 4400 œuvres, artéfacts historiques et documents d’archives, ce qui a suscité une vive inquiétude dans les milieux archivistiques du Québec et du Canada.
Si la composition exacte de la collection reste à préciser, cette situation soulève une question plus large et trop souvent négligée : comment protéger le patrimoine archivistique lorsqu’il repose entre les mains d’acteurs privés ? Et surtout, quel rôle les pouvoirs publics doivent-ils jouer pour assurer la préservation et l’accessibilité des archives privées qui ont un intérêt national ?
Un patrimoine qui dépasse l’histoire d’une entreprise
Parmi les documents qui pourraient être mis en vente figure la charte de fondation de la CBH, un document d’une valeur patrimoniale exceptionnelle. D’autres pièces pourraient également s’avérer significatives pour l’histoire du Québec, du Canada et des Premiers Peuples.
Car loin d’être une simple enseigne commerciale, la CBH, fondée en 1670 à la suite d’une alliance entre les explorateurs français Radisson et Des Groseilliers et la Couronne britannique, a exercé un pouvoir immense sur la Terre de Rupert, un territoire couvrant près du tiers du Canada actuel. Elle y a établi un réseau de postes de traite à l’origine de villes comme Winnipeg, Edmonton ou Victoria, structurant les échanges, attirant des colons — dont de nombreux Canadiens français — et contribuant à l’émergence de communautés métisses. Au fil du temps, la CBH adapte son modèle commercial à l’évolution du marché canadien, à tel point qu’au XXe siècle, elle constitue l’un des plus importants détaillants au pays, symbole d’une continuité économique et institutionnelle exceptionnelle.
Ses archives, riches de plus de 350 ans d’histoire, témoignent ainsi d’un patrimoine collectif qui dépasse largement les intérêts privés de l’entreprise.
L’absence de mécanismes de protection
En 1994, la CBH a fait don d’une grande partie de ses archives aux Archives du Manitoba, un geste salué comme l’un des plus grands legs patrimoniaux de l’histoire canadienne. Or, certains documents étaient restés entre les mains de l’entreprise. Leur mise en vente imminente soulève une question importante : pourquoi aucun mécanisme juridique ne protège-t-il ces archives d’une telle valeur historique ?
Il n’existe en effet pas de cadre légal clair, ni au Québec ni au Canada, pour protéger et rendre accessibles les archives privées à haute valeur patrimoniale. Si une entreprise ou un individu décide de vendre ses documents, rien ne garantit que le public y aura accès par la suite. Ils peuvent être perdus à tout jamais.
Pourtant, ces archives racontent souvent bien plus que l’histoire de leurs producteurs : elles éclairent le parcours des sociétés dans lesquelles elles ont pris forme et au développement desquelles elles ont participé.
Pour une stratégie concertée en matière d’archives privées
Au-delà du cas particulier de la CBH, cette situation nous rappelle que nous aurions tout à gagner à protéger les archives privées d’importance patrimoniale, à l’instar de ce qui se fait déjà pour la reconnaissance et la protection du patrimoine bâti.
Pour ce faire, il conviendrait de renforcer les mécanismes disponibles afin qu’ils soient plus structurants, dans le but de mieux préserver et de rendre accessibles ces archives privées essentielles à notre connaissance de l’histoire.
Préserver ces archives, c’est préserver les traces irremplaçables témoignant d’un passé commun — sans lesquelles l’histoire de nos sociétés ne peut pleinement s’écrire.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse [email protected]. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.