Le réalisateur suédois d’origine égyptienne Tarik Saleh a été révélé à Sundance en 2017 avec Le Caire Confidentiel. En 2022, il a remporté le prix du scénario à Cannes pour La Conspiration du Caire. Le revoici en compétition avec Les Aigles de la République, qui vient clore ce que le cinéaste a appelé avec à-propos sa trilogie du Caire. À nouveau, on est dans le drame politique mâtiné de thriller. Saleh étant très critique du pouvoir égyptien, cette coproduction entre la Suède, la France, le Danemark, et la Finlande, a été tournée en Turquie.

Le film a pour protagoniste George Fahmy (Fares Fares, vedette de la trilogie), la plus grande star d’Égypte. On l’a même surnommé le Pharaon du cinéma. Égocentrique mais intègre dès lors qu’il s’agit de choisir ses rôles, George exècre la censure imposée par le gouvernement, gouvernement en place suite à un coup d’État militaire, ne manque-t-il pas de rappeler.

Croyant que sa notoriété le met à l’abri des abus de l’autorité, George déchante lorsqu’on lui demande d’incarner le président du pays dans une superproduction financée par l’État. Face aux menaces formulées à mots à peine couverts, a-t-il vraiment le choix ?

À mesure qu’il compromet sa fameuse intégrité et ses valeurs, d’abord à son corps défendant puis avec un renoncement de plus en plus paniqué, George constate son impuissance devant une machine capable de broyer toute résistance — résistance au propre et au figuré.

Tant dans son scénario que sa mise en scène, Tarik Saleh fait montre d’une implacabilité en phase avec la prise de conscience de George qu’un étau se resserre autour de lui.

On pense à cette scène, au début, montrant George et sa partenaire dans une voiture devant un faux panorama, jouant la finale romantique d’un film en cours de tournage. Plus tard, une variation survient dans la réalité lorsque George et cette même actrice se font la réflexion qu’ils sont « dirigés par d’autres » même hors du plateau. En d’autres mots, l’écriture et la mise en scène ne manquent pas de brio.

François Lévesque est à Cannes à l’invitation du festival et grâce au soutien de Téléfilm Canada